Le gouvernement, divisé, est pressé par les ONG d’engager la transition écologique Officiellement, il s’agit de fixer la feuille de route du gouvernement pour mener à bien la transition écologique promise par le candidat Hollande. La conférence environnementale qui se déroulera les 14 et 15 septembre à Paris se veut le pendant de la conférence sociale organisée les 9 et 10 juillet. Sophie Landrin Le Monde 13 09 12.
Quatorze ministres, 300 participants sont attendus, syndicats, chefs d’entreprise, organisations non gouvernementales (ONG), élus, autour de cinq tables rondes thématiques sur la transition énergétique, la biodiversité, les risques sanitaires environnementaux, la fiscalité écologique et la gouvernance.
Mais le rendez-vous doit être surtout l’occasion pour l’exécutif de dissiper l’impression de cacophonie qu’ont entretenue les ministres depuis la formation du premier gouvernement. Ecologistes et socialistes n’ont cessé de faire entendre des voix dissonantes sur les dossiers sensibles, comme l’aéroport Notre-Dame-des-Landes à Nantes, le nucléaire, les gaz de schiste.
Ce n’est pas une surprise, entre les alliés les points de divergences étaient connus et listés. Mais au sein de la famille socialiste, les contradictions entre les ministres n’ont pas été moins grandes, particulièrement entre Arnaud Montebourg et Delphine Batho. Le ministre du redressement productif n’entend pas être dessaisi du dossier de l’énergie, officiellement confié à la ministre de l’écologie. Il a obtenu de coprésider la table ronde sur la transition énergétique et que soit abordée la question des gaz de schiste.
Sur ce sujet, même le premier ministre y a été de sa fausse note en laissant entendre le 22 août que » le débat sur l’exploitation n’était pas tranché « , provoquant l’ire des écologistes.
Rattrapé par l’intensité de la crise économique, le gouvernement n’a jusqu’à présent pas donné de signe de sa volonté de changer de modèle de développement. Comme ses prédécesseurs, le gouvernement Ayrault n’est pas sorti de l’opposition entre l’écologie et l’économie. L’opinion l’a perçu : 60 % des Français, selon un sondage publié par l’institut Mediaprism, mercredi 12 septembre, estiment que l’environnement n’est pas une priorité du gouvernement. Qu’attendre de cette conférence ? » Il faut dépasser les antagonismes « , demande Serge Orru, directeur général de WWF France.
Le gouvernement socialiste a choisi la méthode inverse de la précédente majorité. Partir de la conférence pour lancer un grand débat, alors que le Grenelle de l’environnement, lancé en 2007 quelques mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, avait conclu plusieurs mois d’échanges et de confrontations. Certains thèmes ont été oubliés, comme les déchets.
La pêche et l’agriculture s’inviteront à plusieurs tables rondes entre lesquelles le ministre Stéphane Le Foll devrait se partager. Les participants n’auront guère plus de cinq à dix minutes pour s’exprimer. » Vu le format de la conférence et vu les divergences, on ne va pas aller très loin. La force du Grenelle était d’avoir permis la construction d’un rapport de force sur deux mois et demi « , s’inquiète Yannick Jadot, l’eurodéputé EE-LV.
L’attente est pourtant forte. Après les espoirs suscités par le Grenelle de l’environnement, puis les déceptions quant à son application, les ONG ne se contenteront pas de signaux mais souhaitent des décisions et des » moyens » pour assumer les chantiers gigantesques comme la rénovation énergétique des bâtiments. Le logement est responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre.
Il faudra aussi du courage, comme sur le dossier de la pollution de l’air pour cesser de subventionner l’industrie du diesel. Prudente, la ministre de l’écologie se garde de toutes promesses. » Le gouvernement n’entre pas dans la conférence avec des décisions déjà arbitrées. Les discussions sont ouvertes. Nous devons décider d’un agenda de la réforme et d’un processus « , explique-t-elle.
Vendredi, en ouverture, François Hollande devrait fixer un cap et sans doute clarifier la position du gouvernement sur les gaz de schiste. Il appartiendra au premier ministre de conclure et d’annoncer certaines mesures phares, comme la relance des énergies renouvelables, et le soutien à la filière française fragilisée par les revirements de la politique de subventions et les modifications des tarifs de rachat du courant.
Sophie Landrin