Un agriculteur de la Manche a été interpellé par les forces de l’ordre mardi matin alors qu’il tentait, comme la veille, de s’opposer à la construction dans son champ de deux pylônes de la ligne à très haute tension (THT) Cotentin-Maine, a déclaré à l’AFP un membre de sa famille. Liberation 31 070 2012
La politique du coup de force continue dans la Manche
Joints par l’AFP, la préfecture de la Manche, les services du procureur et la gendarmerie n’ont ni confirmé ni infirmé l’information.
La famille d’Yves Larsonneur, éleveur au Chefresne, a immédiatement contacté son avocat.
« L’épouse de mon client m’a appelé pour me dire qu’il avait été interpellé et j’ai immédiatement envoyé un courrier au procureur pour dénoncer l’illégalité de l’interpellation et demander sa libération immédiate », a indiqué Me Gervais Marie-Doutressoulle à l’AFP.
Dans cette lettre, l’avocat demande au procureur de lui « préciser l’endroit où se trouve Monsieur Larsonneur afin que sa femme puisse prendre attache avec lui ».
« Je vous serais également reconnaissant de bien vouloir faire en sorte que Monsieur Larsonneur soit remis immédiatement en liberté compte tenu de l’illégalité manifeste avec laquelle RTE, avec le concours des gendarmes, a pu investir les lieux, interpeller et emmener M. Larsonneur », écrit encore l’avocat.
« Il a été interpellé vers 8 h de façon assez violente. Il a été sorti de son tracteur et plaqué au sol puis emmené par les gendarmes », avait auparavant affirmé Damien Sineux, beau-frère de Yves Larsonneur.
Des taureaux pour bloquer l’accès
Mardi matin, après l’interpellation, une cinquantaine de gardes mobiles faisaient face à une quinzaine de militants, très remontés, a constaté un photographe de l’AFP. Le face à face entre les deux parties s’était déjà prolongé une bonne partie de la journée de lundi.
Yves Larsonneur s’oppose à la construction sur son champ des pylônes 224 et 225 des 163 km de la ligne THT, qui doit acheminer l’électricité du futur réacteur nucléaire EPR en construction à Flamanville.
« Nous lui avons fait des propositions d’indemnisation, s’élevant à plusieurs centaines de milliers d’euros, mais il a refusé de signer l’accord », a déclaré à l’AFP Martine Bernard, directrice régionale de RTE Normandie, la filiale d’EDF chargée des réseaux.
La ligne THT a été déclarée d’utilité publique et une mise en servitude a été prononcée.
Les travaux devaient commencer lundi, mais Yves Larsonneur avait disposé des engins agricoles et des bovins, dont des taureaux particulièrement réactifs selon un des opposants, dans son champ pour en bloquer l’accès.
Une guerre de tranchées oppose forces de l’ordre et militants anti-THT le long du parcours de la future ligne.
Des écologistes et des riverains campent depuis mars dans un bois proche de l’exploitation de M. Larsonneur pour bloquer les travaux, a rapporté Jean-Claude Bossard, maire démissionnaire du Chefresne et opposant à la ligne.
Libération, le 31/07/2012
THT : l’agriculteur du Chefresne arrêté par les gendarmes mobiles Ouest France
C’est vers 8 h 30, que les gendarmes mobiles ont emmené Yves Larsonneur en garde à vue.
Après une journée d’observation hier, les gendarmes sont passés à l’action ce matin au Chefresne. Comme il s’opposait physiquement à l’entrée des moyens de chantier sur la zone de construction d’un pylône de la ligne THT pilotée par RTE, l’agriculteur Yves Larsonneur a été arrêté par les gendarmes mobiles alors qu’il était juché sur un tracteur.
Après avoir été plaqué au sol et menotté, l’exploitant agricole a été emmené en garde à vue sous les cris de Sylvie Hubert (sa compagne perchée dans la fourche d’un tracteur) et de Géraldine Tallec (la présidente de l’association Percy-sous-tension).
L’entrée de la parcelle a immédiatement été obstruée par un engin de chantier. La zone est maintenant interdite au public par ordonnance du Tribunal de Grande Instance de Coutances sous peine de poursuites et de 2 000 € d’amende « par heure commencée ». La mise en forme de la plateforme du pylône 225 a débuté aussitôt.
Ouest-France, le 31/07/2012