Comme par hasard l’EPR en construction se situe dans une zone potentiellement sensible aux séismes et aux tsunamis. 25 09 2011
Le Figaro du 6 avril 2011 indique que « les premières recherches n’ont commencé sur le territoire français qu’après le tsunami de Sumatra en décembre 2004. La grosse vague meurtrière du Japon, le 11 mars dernier, va les relancer encore. Un projet de recherche baptisé Maremoti est en cours concernant cette problématique. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a, en effet, décidé de réévaluer les risques d’inondations auxquelles pourraient être soumises les cinq centrales EDF situées sur les côtes: Blayais (Gironde), Flamanville (Manche), Paluel et Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord). » Ainsi, plusieurs (petites) vagues ont été enregistrées entre 1725 et 1850 dans le port de Cherbourg, dont l’origine reste encore inexpliquée.
Le Figaro cite Jean Roger, de l’École normale supérieure, qui explore l’origine d’un mystérieux tsunami qui, le 6 avril 1580, a submergé une partie des côtes de la Manche. «Il ne figure pas dans notre catalogue», relève Jérôme Lambert (BRGM).
Une carte récente du BRGM donne une représentation concrète. Même s’il n’y a pas eu de vagues meurtrières, la présence des centrales nucléaires sur le littoral pose question.
Sismologie du Cotentin : l’EPR disqualifié
Le 14 juillet 2011, 8 h 59 en mer, un séisme de magnitude 3,9 sur l’échelle ouverte de Richter est survenu au milieu de la Manche, à une profondeur de 10 km ; il a été localisé au sud de Portsmouth (Sud de l’Angleterre), selon le Bristish Geological Survey (BGS).
Il s’agit de la secousse la plus importante dans la région depuis le séisme de 1734 d’une magnitude de 4,5 degrés. Trois départements normands ont été affectés : Calvados, Manche et Seine-Maritime. Les témoins évoquent principalement « un grondement souterrain faible et lointain accompagné d’une faible vibration ou oscillation d’objets ». Chargé d’étudier les phénomènes sismologiques enregistrés en France, le BCSF confirme que la Manche et la Normandie ne sont pas considérés comme des zones de « forte sismicité ». » Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a aucun risque de voir un séisme se produire. Cependant, il ne peut pas se produire dans la Manche ce qui s’est passé cette année au Japon au large de Fukushima ».
Or, là où le séisme a eu lieu le 14 juillet 2011, il y a eu un précédent le 6 avril 1580. Ce séisme de magnitude 8 a provoqué un grand nombre de dégats dans le Nord-Est de la France, détruisant beaucoup de maisons et de nombreuses églises, notamment à Calais, mais aussi dans la vallée de la Seine et le Sud-Est de l’Angleterre.
D’après l’ouvrage de l’Abbé Maurice Jacques GRAINDOR[1], le 17 Décembre 1850 à 12h30, un raz de marée d’origine sismique balaye Cherbourg et fait baisser le niveau de la mer de plus de un mètre, peut-être un 1,30 m, laissant l’avant-port de Cherbourg à sec .
L’abbé Graindor cite également le séisme du 01 Avril 1853 à 22h45 qui ébranle la Normandie , la Bretagne , les Iles Anglo-Normandes et l’Angleterre. Il provoque des dégâts un peu partout , à Coutances , à Granville , à Avranches où une grande frayeur s’est manifestée aussi bien chez les hommes que chez les animaux . Le séisme fut ressenti à Saint-Malo , Rennes , Nantes , à Laval , à Alençon , à Sèvres , à Saint-Brieuc et à Portrieux , à Caen , à Falaise où deux faibles secousses ont réveillé les dormeurs. Vers l’Ouest le séisme s’est manifesté à Jersey et à Guernesey ; il fut ressenti à Plymouth, Southampton, Portsmouth, Brighton et dans les comtés de Dorset et Hampshire et à Weymouth ; selon un journal anglais , l’espace ébranlé était de 20 000 milles carrés .
http://www.cossmannia.fr/cossmann_cotentin1/tertiaire_cotentin/seisme/sismique.htm
Mr Graindor cite enfin un séisme d’intensité 6 à 6,5 sur la côte Ouest du Cotentin et qui est largement ressenti le 17 Février 1927.
Mr Graindor conclut en estimant qu’il est peu probable que nous soyons prochainement témoins de bouleversements considérables de la face de la Terre, en Normandie, mais qu’il serait fort téméraire d’affirmer que les conditions actuelles ne changeront pas ou ne se modifieront que lentement ».
En comparant ces données à celles du BRGM il apparait que :
- Le séisme du 30 juillet 1926 était de 6.5 même si son indice de fiabilité était reconnu comme « peu sur ».
- Le séisme du 17 février 1927 était de 5, indice de fiabilité « assez sur »
La sismologie du Cotentin et la présence d’une centrale nucléaire (avec 3 réacteurs dont un EPR) dans une zone potentiellement sensible aux tsunamis doivent nous interroger. En effet, l’EPR serait conçu pour un séisme maximal de 5.7.
Il est clair qu’avec une magnitude de 6.5 pour le séisme de 1926 (BRGM), l’EPR ne résisterait pas.
Dans son édition du 26 aout , Le Monde rapporte que La centrale de Flamanville n’est pas complètement protégée en cas de séisme et que l’ASN garde une « impression mitigée » concernant la conformité au risque sismique du site. Tous les endroits qui le nécessitent sont « dimensionnés » pour un séisme de 5,7 sur l’échelle de Richter sauf le « bloc de sécurité » en référence au plus grave séisme survenu dans la région de mémoire d’homme (à Jersey en 1926, avec 5,2).
Séisme de 1926 |
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Obs Mr Graindor | Obs BRGM | Analyse | Conclusion | |
Ce seisme concernait les Iles Anglo-Normandes et plus particulièrement Saint-Hélier et le Cotentin, ce séisme de large extension était d’intensité 7 mais seulement 5 sur la côte Ouest du Cotentin. | Le séisme du 30 juillet 1926 était de 6.5 même si son indice de fiabilité était reconnu comme « peu sur ». | Tous les endroits qui le nécessitent sont « dimensionnés » pour un séisme de 5,7 sur l’échelle de Richter sauf le « bloc de sécurité » en référence au plus grave séisme survenu dans la région de mémoire d’homme (à Jersey en 1926, avec 5,2). | Il est clair qu’avec une magnitude de 6.5 pour le séisme de 1926 (BRGM), l’EPR ne résisterait pas. |
Séisme de 1927 |
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Obs Mr Graindor | Obs BRGM | Analyse | Conclusion | |
un séisme d’intensité 6 à 6,5 sur la côte Ouest du Cotentin et qui est largement ressenti le 17 Février 1927. | Le séisme du 17 février 1927 était de 5, indice de fiabilité « assez sur » | L’écart entre Mr Graindor et le BRGM est de 1,5 | La prudence exige de reconsidérer l’aptitude sismique des réacteurs de Flamanville au regard du séisme du 17 février 1927 (6 à 6.5) qui les disqualifie au regard de leur seuil de 5.7. |
Voir en pièce jointe la reprise de ce sujet par le CRILAN:
La prudence exige de reconsidérer l’aptitude sismique des réacteurs de Flamanville au regard du séisme du 17 février 1927 (6 à 6.5) qui les disqualifie au regard de leur seuil de 5.7.
Une attention particulière devrait animer les responsables politiques au regard de la sismologie des sites industriels et notamment nucléaires. Le nombre de tremblements de terre d’une magnitude de 6 ou plus est en forte croissance depuis 1966 et plus particulièrement depuis le début des années 2000, les récents de 2010-2011 étant à eux seuls des plus significatifs
Voir aussi:
http://www.fruitarisme.lautre.net/eprflamanville.html
1- Chronique de la sismicité de la Normandie, 1973, Etudes des socles Européens, Travaux effectués au Laboratoire de Géologie du Collège de France
2- Deux nouvelles secousses sismiques ont eu lieu le 22 septembre 2011 en manche a quelques km du calvados, la plus forte a été située à 3 sur l’échelle de Richter, profondeur: 15km.
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