Réacteur au Sodium liquide : la Chine aurait-elle également camouflé un accident en octobre 2011?

Selon certains observateurs, le réacteur à neutrons rapides et caloporteur Sodium Chinois installé au Sud de Pékin aurait pu connaitre un problème sérieux en octobre 2011, un accident que les autorités Chinoises pourraient ne pas avoir reporté et qui pourrait être la cause majeure de l’arrêt prolongé de la seule installation de 4ème génération Chinoise. Gen4 le 25 décembre 2012

Phenix , Super Phénix en France, Bientôt ASTRID à Marcoule, Monju au Japon à l’arrêt complet et maintenant le CEFR chinois. Fonctionnant au plutonium et au sodium liquide ces engins sont très dangereux. Jusqu’où ira la folie de l’homme qui se veut plus puissant que les éléments?

Dans son édition du 25 janvier 2012, le Sankei Shimbun a interprété certaines déclarations de l’Agence Japonaise de l’Énergie Atomique  pour arriver à la conclusion qu’un accident avait affecté le réacteur expérimental Chinois au mois d’octobre 2011.

Cette information fût reprise et enrichie un peu plus tard par l’Epoch Times  qui aurait apporté quelques précisions sur l’accident grâce à des sources anonymes proches du parti communiste Chinois.

La JAEA louvoie aussitôt en évoquant une « fuite d’information confidentielle »

Très rapidement, l’agence Japonaise a réagi en évoquant une fuite d’information à usage interne dans la presse mais sans pour autant démentir l’information elle-même. Les Japonais ont en fait bel et bien évoqué la possibilité d’un accident au niveau du CEFR Chinois 4 mais auraient bien voulu que cette communication reste confidentielle… C’est raté !

La JAEA apparemment plus préoccupée par la forme que par le fond de l’information « fuiteuse »

Le CEFR Chinois, un transfert de technologie à Neutrons Rapides d’origine Russe

Le réacteur Chinois de Fangshan, situé à une trentaine de kilomètres au Sud-Ouest de la ville de Pékin, a été mis en production à la fin de l’été 2011 ; il utilise une technologie dite de « 4ème génération », ne comprend pas d’élément modérateur  et se base sur un circuit caloporteur à Sodium liquide.

D’une puissance thermique évaluée à 65 MW (20 MWe) il serait a priori une copie améliorée du modèle expérimental BOR-60M (M pour MOX), fabriquée par le constructeur Russe OKBM (filiale de Rosatom / Minatom), exploitée à partir de 1969 à l’Institut de Recherche Nucléaire de Dimitrovgrad. OKBM est l’un des pionniers des réacteurs militaires de l’ex-URSS et possède une bonne expertise 6 dans les réacteurs à usage militaire et leurs descendants « civilisés ».

Un carburant « mixte » fortement enrichi

L’une des caractéristiques de ce type de réacteur est d’utiliser un combustible mixte (MOX ou PuO2) très fortement enrichi : de 45 à 90% ! Il faut en effet beaucoup, beaucoup de neutrons rapides pour entretenir une réaction nucléaire là où peu de neutrons thermiques (modérés) suffisent 7. Un des objectifs de ces unités est également de bruler le combustible bien plus longtemps 8 que les technologies à eau légère.

Oups, pas de confinement ?

La technologie RNR « expérimentale » développée par OKBM (et d’autres) ne comporte en général pas de confinement principal et ce, pour deux bonnes raisons et une mauvaise :

– L’aspect expérimental induit de nombreux essais, modifications, réglages qui sont facilités par une configuration dite « en puits » (le réacteur étant en fait semi-enterré et sa partie supérieure affleurant le niveau du sol fini)

– Le gain d’espace, les applications de ces unités étant initialement la propulsion de bâtiments maritimes où la notion d’espace est toujours primordiale

– La mauvaise raison est qu’évidemment, les opérateurs ne disposent d’aucune marge de manœuvre en cas de pressurisation accidentelle du bâtiment (une fusion du cœur par exemple), la seule réponse s’avérant être une purge rapide via les cheminées d’extraction avec tous les dégâts radiologiques généralement assortis à cette manœuvre désespérée

Accident ou pas, le réacteur Chinois serait à l’arrêt depuis plus d’une année !

Bien évidemment, les autorités Chinoises démentent formellement la survenue d’un quelconque accident au sein du CEFR ; sans trop entrer dans une polémique de crédibilité à accorder à la sécurité globale du programme électronucléaire Chinois, il faut quand même noter que le pays est classé au 27ème rang sur les 32 que comporte l’échelle des risques nucléaires liés aux programmes civils, c’est à dire que la Chine n’est guère mieux notée que l’Iran ou la Corée du Nord !

Et même si l’accident n’est qu’une des hypothèses pouvant expliquer un arrêt prolongé, la disponibilité minable de cet équipement pourtant flambant neuf (4 mois de fonctionnement sur 19) ne semble vraiment pas plaider pour la poursuite de ces expériences qui ne débouchent généralement sur rien d’autre que sur beaucoup de déceptions et pas mal de frayeurs à plus ou moins long terme.

Rappelons-nous également que le réacteur de « démonstration » Français Phénix n’a réellement fonctionné qu’environ 12 années et qu’il a surtout connu… 32 fuites de Sodium au cours de ses 35 années d’exploitation.

ASTRID ou les couleuvres à neutrons.

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