Rapport du GIEC sur le climat : stupeur face à l’ampleur des impacts du réchauffement

Le deuxième volet du nouveau rapport du Giec,
consacré aux effets du dérèglement climatique sur la
nature et les sociétés humaines, suscite des réactions
d’une rare intensité. Sauf en France. Médiapart Jane Lindgaard 4 avril 2014.

La publication du deuxième volet du nouveau rapport du Giec (à lire en cliquant ici), consacré « aux impacts, à l’adaptation et à la vulnérabilité », c’est-à-dire aux effets du dérèglement climatique sur la nature et sur les sociétés humaines, suscite des réactions d’une rare intensité. « À moins d’agir drastiquement et rapidement, la science nous dit que notre climat et notre mode de vie sont littéralement en danger », a déclaréle secrétaire d’État américain John Kerry dans une réaction officielle, ajoutant que« les coûts de l’inaction sont catastrophiques ».

Pour l’économiste Nicholas Stern, auteur d’un célèbre rapport en 2006 sur les coûts faramineux du changement climatique, « ce rapport apporte la puissante démonstration de la nécessité de fortement réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter des effets potentiellement catastrophiques, comme la fonte irréversible de la croûte glaciaire de l’Arctique et la hausse du niveau de la mer. Nous ne réussirons pas à complètement nous en préserver, elles sortent de l’expérience de l’évolution de l’Homo sapiens moderne ».

L’ancien vice-président américain Al Gore, auteur d’Une vérité qui dérange, l’un des films qui ont alerté ses concitoyens sur la réalité de la crise climatique, a lui aussi réagi officiellement : « Nous devons immédiatement et sans hésitation passer à une économie propre et renouvelable. Continuer à brûler aussi massivement des carburants fossiles est incompatible avec l’idée d’un avenir sain et prospère pour notre civilisation. »

Les problèmes envisagés par les chercheurs du Giec en conséquence de la probable forte hausse des températures sont tellement graves, qu’ils ont dû introduire un nouveau niveau de risque dans leur échelle d’évaluation, remarque le quotidien britanniqueThe Guardian : en 2007, il était « haut » et apparaissait en rouge vif sur le graphique de synthèse du résumé des décideurs. Désormais, il monte à un degré supérieur : « très haut » et figure en violet foncé. C’est « un niveau horrible de risque », a commenté Maarten Van Aalst, un dirigeant de la fédération internationale de la Croix-Rouge. Son organisation a comptabilisé les occurrences du mot « risque » dans ce deuxième volet du 5e rapport du Giec : plus de 230 fois, contre 40 fois seulement il y a sept ans.

« Nous entrons dans une ère où le changement climatique n’appartient plus à un futur hypothétique », a déclaré Chris Field, chercheur à Stanford University, et l’un des principaux auteurs du rapport, ajoutant : « Nous vivons dans une époque où les impacts du changement climatique sont d’ores déjà répandus et substantiels. » Maggie Opondo, auteure de premier rang du chapitre sur la pauvreté et les moyens de subsistance, est sortie de l’habituelle réserve scientifique pour déclarer que le document donnait aux savants l’occasion de « sortir de leur tour d’ivoire ».

http://www.mediapart.fr/journal/international/040414/climat-stupeur-face-l-ampleur-des-impacts-du-rechauffement