2010: Les vignerons du Tricastin ont rebaptisé leur AOC
Suite à la fuite de 75 kg d’uranium de la centrale nucléaire du Tricastin en juillet 2008, les autorités compétentes ont fini, en 2010, par accéder à la demande des viticulteurs de modifier le nom de l’AOC.
Le Monde.fr avec AFP | 09.06.2010
Après l’AOC, l’AOR (Appellation d’Origine Radioactive)
Mercredi 18 janvier, Nicolas Sarkozy a reçu une drôle de carte de vœux de l’association Greenpeace : un coffret cadeau contenant une bouteille de vin rouge « Tricastin 1980 », une terrine de foie gras « Blayais » et un camembert « Flamanville ». Trois produits du terroir, emblématiques de gastronomie française, qui pourraient très directement pâtir d’un accident nucléaire.
Handicapés par la notoriété de la centrale nucléaire voisine mais également par la petite taille du vignoble, les vignerons du Tricastin ont obtenu mercredi 9 juin 2010 l’autorisation de rebaptiser leur appellation « Grignan-Les Adhémar ». La cinquantaine de professionnels du vin composant l’Institut national des appellations d’origine (INAO) a émis un avis favorable sur cette demande déposée il y a presque deux ans, principale étape vers le changement de nom de l’appellation drômoise.
« La confusion avec la centrale, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Mais ce n’était pas le seul problème de l’appellation », estime Brice Eymard, responsable des études chez Inter-Rhône, la structure chargée de promouvoir les vins des côtes du Rhône. Avec 50 000 à 60 000 hectolitres de vin par an, les 6 appellations d’origine contrôlée (AOC) du Tricastin pointent loin derrière les vins de Bordeaux (5 millions d’hectolitres) ou les côtes du Rhône (3 millions), souligne l’économiste. « Dans la grande distribution, elles n’ont pas les volumes suffisants pour rivaliser. Dès que les prix des grosses appellations baissent, les petites, comme le Tricastin, le Ventoux ou le Languedoc, souffrent si elles ne peuvent pas miser sur leur image », explique-t-il.
UNE DÉCISION « EXCEPTIONNELLE »
Les viticulteurs du Tricastin, qui bénéficiaient d’une AOC depuis 1973, cherchaient depuis des années à se démarquer du complexe nucléaire implanté à partir de 1974-1975 dans trois communes voisines. Une série d’incidents sur ce site, à l’été 2008, a précipité leur décision. Malgré un cortège d’analyses démontrant l’absence de radioactivité suspecte dans le vignoble, l’appellation a perdu « 40 % de son volume en deux ans » et les arrachages de vignes ont atteint 600 hectares en 4 ans, laissant 2 100 hectares pour l’AOC, a rappelé Henri Bour.
La nouvelle appellation d’origine contrôlée (AOC) fera pendant deux mois l’objet d’une « procédure nationale d’opposition », destinée à recueillir d’éventuelles contestations, avant d’être homologuée par un décret du ministre de l’agriculture.« Je suis soulagé et très satisfait. Les vignerons avaient besoin de se débarrasser de cette image qui leur collait injustement à la peau. Le boulet est enfin coupé, ça va débloquer la situation », s’est réjoui le président de l’appellation, le viticulteur Henri Bour.
Il espère que le nouveau nom, tiré de la commune drômoise de Grignan (où résidait la marquise de Sévigné) et de la famille noble régnant sur la région au XIIe siècle, entrera en vigueur « dès la récolte 2010 » pour les six vins concernés. Sur fond de réforme générale des appellations en Europe, les vignerons drômois comptent présenter « un nouveau cahier des charges avec un rendement abaissé, un encépagement déterminé, une interdiction de pratiquer le désherbage total et une incitation au développement de la culture bio », précise M. Bour.
L’INAO a souligné qu’il s’agissait d’une décision « exceptionnelle, qui n’a pas vocation à devenir une doctrine ».
Le beurre de la Hague rébaptisé mais seule l’étiquette change
En 1905 est fondée une coopérative autour de la laiterie de Gréville. En 1962, elle s’associe à d’autres coopératives du Cotentin au sein de l’UCALMA qui devient en 1985, les Maîtres laitiers du Cotentin. Jusqu’à sa fermeture, la laiterie de Gréville fabrique un beurre vendu sous le nom de « beurre de la Hague », puis rebaptisé en beurre « Val de Saire » à cause de la mauvaise image donnée par l’usine de la Cogema.
à suivre…