INFO LE FIGARO – Les stress tests européens post-Fukushima révèlent des défaillances de sécurité dans toutes les centrales nucléaires françaises. Mais aucune fermeture n’est préconisée par Bruxelles. Par Jean-Jacques Mevel, Fabrice Nodé-Langlois, Service infographie du Figaro Mis à jour le 02/10/2012.

Le document de travail qui recense les «tests de résistance» menés depuis un an sur les 134 réacteurs du parc européen doit être validé par la Commission ce mercredi. Les recommandations seront ensuite soumises au sommet des chefs d’État et de gouvernement, probablement en octobre. Aucune fermeture n’est préconisée. «En général, la situation est satisfaisante, mais nous ne devons avoir aucune complaisance», a fait savoir lundi le commissaire à l’ÉnergieGünther Oettinger, sans confirmer ni démentir le contenu du rapport.
Première puissance nucléaire civile de l’UE avec 58 réacteurs, la France avait statistiquement plus de chances d’être épinglée que les autres. Le rapport du régulateur européen, l’Ensreg (qui regroupe en fait les autorités de sûreté nationales), relève des centaines de carences à l’échelle du continent. Il paraît néanmoins concentrer le tir sur l’Hexagone. Les 19 installations ont été testées par les autorités françaises, exercice suivi pour quatre d’entre elles par une visite d’experts européens (Cattenom, Chooz, Fessenheim et Tricastin).
Fessenheim mieux noté que Cattenom
Dix-huit mois après le tremblement de terre et le tsunami de Fukushima, le document confidentiel établit que les 19 centrales manquent d’instruments de mesure sismique adaptés aux exigences post-Fukushima. Sans exception non plus, les équipements de secours en cas d’accident ne sont pas adéquatement protégés des éléments; à la différence des réacteurs allemands, britanniques, espagnols ou suédois. Des carences qui avaient été relevées par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) française dans son propre rapport, et auxquelles EDF s’est engagé à remédier.
La centrale de Fessenheim, doyenne du parc d’EDF que François Hollande s’est engagé à fermer en 2016, présente moins de mauvais points dans le tableau récapitulatif du document européen. Un exemple: les procédures prévues en cas d’accident grave sont jugées insuffisantes à Chooz et Cattenom mais adéquates à Fessenheim.
Un bon point pour les centrales hexagonales: toutes sont équipées de recombineurs d’hydrogène, un dispositif qui aurait, selon les experts du Commissariat à l’énergie atomique notamment, évité les explosions d’hydrogène à Fukushima si les réacteurs japonais en avaient été pourvus. Ces équipements manquent aux réacteurs espagnols et britanniques, pointe le rapport européen.
Les tests conduits par l’UE relèvent aussi des facteurs de risque propres à la France, dans les scénarios extrêmes envisagés par Bruxelles: tremblement de terre, inondations, résistance par conception à des secousses ou à des impacts comme la chute d’un avion. «Fukushima a démontré que les réacteurs doivent être protégés, mêmes contre des accidents considérés comme hautement improbables», affirment les auteurs.
Pour finir, le document européen évalue entre 10 et 25 milliards d’euros le coût de la nécessaire mise à niveau des 14 pays européens (de 30 à 200 millions par réacteur). La Cour des comptes, dans son rapport publié en janvier dernier, avait évalué cette dépense, pour les réacteurs d’EDF, à 5,6 milliards d’euros sur quatorze ans.
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