Le divorce entre Europe Ecologie Les Verts (EELV) et socialistes arrivera « vite » si le gouvernement prend le chemin du « conservatisme productiviste », a déclaré vendredi l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot. OUEST FRANCE – Thomas BREGARDIS vendredi 31 août 2012
Quand Laurence Rossignol ( PS) déclare que « Toute cette agitation est sans fondement réel et concret.* » , qu’elle aille dire ça aux victimes de tchernobyl et de Fukushima….( Voir article du Monde ci-dessous)
Ouest France: Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a créé la polémique dimanche chez les écologistes en qualifiant le nucléaire de « filière d’avenir ». Des propos soutenus par la ministre de l’écologie Delphine Batho qui a estimé jeudi que la France avait « durablement besoin du nucléaire ».
Le gaz de schiste
Un débat a également émergé au sein de la majorité au sujet de l’exploitation des gaz de schiste. La France a banni en 2011 l’usage de la technique de fracturation hydraulique, mais le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n’a pas exclu un feu vert à l’exploitation des gaz de schiste avec une technique moins polluante.
« Si ce gouvernement, qui se veut un gouvernement du redressement productif, devient un gouvernement du conservatisme productiviste, (le divorce) va arriver vite », a déclaré Yannick Jadot sur France Info. « Si la politique énergétique décidée par ce gouvernement devait être la réouverture du dossier des gaz de schistes, poursuivre l’investissement sur le nucléaire, il est évident que ça poserait la question de notre participation », a-t-il ajouté, estimant toutefois que les déclarations de certains ministres étaient à ce jour « isolées ».
Après la conférence environnementale des 14 et 15 septembre prochains, un grand débat sera ouvert à l’automne sur l’énergie.
Programme de transition énergétique
Le gouvernement souhaite une loi de programmation sur la transition énergétique pour le premier trimestre 2013. Dans le cadre des élections législatives de juin dernier, le Parti socialiste et EELV ont signé un accord qui prévoit, entre autres, la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité française de 75 % à 50 % d’ici à 2025.
Grâce à cet accord, les écologistes, qui appartiennent à la majorité gouvernementale, ont obtenu un groupe à l’Assemblée nationale. La formation a également gagné deux portefeuilles au sein du gouvernement de Jean-Marc Ayrault avec Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin au Développement.
Les écologistes sous pression au gouvernement LE MONDE | 01.09.2012 à 09h41
Par Raphaëlle Besse Desmoulières et David Revault d’Allonnes
Au point que le député européen écologiste Yannick Jadot, interrogé vendredi 31 août sur France Info, s’est résolu à envisager un « divorce » dans la majorité :« Si ce gouvernement qui se veut un gouvernement du redressement productif devient le gouvernement du conservatisme productiviste, ça va arriver vite. »
L’objet de l’ire de M. Jadot : les propos tenus, après ceux d’Arnaud Montebourg, par la ministre de l’écologie, Delphine Batho, jeudi, à l’université d’été du Medef, à Jouy-en-Josas. Mme Batho y déclarait, devant un parterre de chefs d’entreprise, que « la France a durablement besoin du nucléaire » et devait développer les énergies renouvelables en parallèle. Le tout en restant dans les engagements de François Hollande de diminuer de 75 % à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité d’ici à 2025.
La ministre de l’écologie, pour sa part, assure n’avoir fait que son devoir : « La politique de la France est parfaitement claire : on a besoin durablement du nucléaire mais on doit réduire sa part dans la production d’électricité », répète Mme Batho au Monde.
Et la ministre d’évacuer la polémique : « Les choses ont été parfaitement exposées lors de la campagne, elles ont d’ailleurs donné lieu à un débat. François Hollande a tranché. Il n’y a pas matière à entretenir des doutes sur des engagements qui seront tenus. »
NOËL MAMÈRE ÉVOQUE UNE « ACTION CONCERTÉE »
« En observation » depuis le départ du ministère de Nicole Bricq, désavouée sur la question des forages en haute mer, la nouvelle ministre de l’écologie a rappelé récemment son soutien au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), auquel est farouchement opposé Europe Ecologie-Les Verts (EELV). « C’est un peu décevant », note le président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, François de Rugy, qui juge qu’elle est « dans le conformisme traditionnel le plus absolu ».
Noël Mamère va plus loin, qui pointe une « action concertée ». « Les déclarations de Montebourg ne peuvent plus être considérées comme isolées, juge le député de la Gironde. C’est d’autant plus inquiétant qu’elles viennent d’un tandem formé par le ministre de l’industrie et celle de l’écologie. »
A quelques jours de la conférence environnementale, les 14 et 15 septembre, cela passe mal. « Mme Batho va être la garante de l’impartialité des débats. Faire ces déclarations, c’est au minimum maladroit et au pire provocateur », dit-il, lui qui juge que « les socialistes tiennent un discours qui ressemble assez furieusement à celui du précédent gouvernement ».
Côté PS, on feint de s’étonner de l’attitude des écologistes. « Il y a dans ce débat beaucoup de postures, note la sénatrice Laurence Rossignol, secrétaire nationale du PS à l’environnement. EELV a signé l’accord concernant les 50 % de nucléaire dans le mix de production électrique. Ils savaient donc bien que le nucléaire allait rester majoritaire. »
Mais il s’agit aussi pour les écologistes, au sein de l’équipe Ayrault, de défendre leur existence et leur place dans la majorité. Aux yeux de Philippe Martin, vice-président PS de l’Assemblée et spécialiste de l’environnement, le rapport de forces issu des dernières élections et la pression de la crise rendent l’enjeu écologique moins pressant : « Les Verts auraient dû se douter que les choses allaient se passer comme ça au vu des résultats de la présidentielle. Les Français n’ont pas eu un élan massif envers la candidate Verte. Et les urgences sociales et économiques mettent une telle pression sur les ministres que la recherche d’un autre modèle de consommation devient moins prioritaire. »
« PETITES PHRASES PROVOCATRICES »
Voilà pourquoi les écologistes, qui, outre le nucléaire et le projet de Notre-Dame-des-Landes, se démarquent des socialistes sur les gaz de schiste et sur le traité budgétaire européen, accentuent la pression. « Sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, je dis « quand et comment ? », interroge Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat. Idem sur la feuille de route sur le nucléaire pour aller de 75 % à 50 %… »
Leur participation gouvernementale n’est pour l’heure pas remise en cause. Mais le ton se fait plus menaçant. « On commence tous à être très inquiets des prises de positions de différents membres du gouvernement, confirme Pascal Durand, secrétaire national d’EELV. Ces petites phrases provocatrices ne sont pas dignes d’un débat constructif. » Voilà au moins un point sur lequel socialistes et écologistes sont d’accord.
« Il faut que les ministres qui parlent de nucléaire soient très précautionneux, et en même temps il faut faire attention à ce qu’on ne rediscute pas tout le temps de tout, estime Laurence Rossignol. Toute cette agitation est sans fondement réel et concret.* »
Raphaëlle Besse Desmoulières et David Revault d’Allonnes
* Jeudi: Qu’elle aille dire ça aux victimes de tchernobyl et de Fukushima….
Voir:
EPR, PS-EELV: pas d’accord politique pour un plat de lentilles….
François Hollande s’assoit sur l’accord PS/Verts et rassure les salariés d’AREVA