NUCLÉAIRE et LEUCÉMIES: Des agrégats de cas à proximité de centrales

Existe-t-il une relation entre les installations nucléaires de base et le risque de leucémies chez l’enfant ? Malgré 3 agrégats de cas à proximité de centrales nucléaires, on ne peut, à ce jour, conclure à une relation causale. Ce sont les conclusions de ce groupe de travail de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), la Direction Générale de la Santé (DGS) et la Direction Générale de la Prévention des risques qui recommande d’accroître la coopération et la veille scientifique internationale.

Actualité publiée le o8 nov 2011

http://www.santelog.com/modules/connaissances/actualite-sante-nucleacuteaire-et-leuceacutemies-des-agreacutegats-de-cas-agrave-proximiteacute-de-centrales_6729_lirelasuite.htm#lirelasuite

Un petit rappel ……

Suspicion légitime autour de l’usine de la Hague.Le rapport sur les leucémies est «cohérent» selon le comité scientifique.

LIBERATION  LE 18 JUIN 1997 

Par ECOIFFIER MATTHIEU   LAUNET EDOUARD

Non, le professeur Jean-François Viel n’est pas un charlot.

Oui, il va y avoir un sacré travail pour déterminer si l’usine de retraitement nucléaire de La Hague (Cotentin) menace ou non la santé des populations environnantes.

Voilà en substance les deux principales conclusions auxquelles est parvenu ­ après de très vifs débats internes ­ le comité scientifique chargé par Corinne Lepage de faire un début de lumière sur l’affaire des «leucémies de La Hague».

En janvier, le Dr Viel, professeur de biostatistique et d’épidémiologie, publiait dans le British Medical Journal un article très commenté, qui tendait à établir une corrélation entre la fréquentation des plages à proximité de l’usine de La Hague et un risque anormalement élevé de leucémie chez l’enfant (Libération du 10 janvier). Depuis, la presqu’île du Cotentin vit dans une sorte de guérilla permanente, sur fond d’études, de révélations et de démentis portant sur les rejets radioactifs en mer de l’usine Cogema, qui sont les plus élevés d’Europe. Il fut successivement question de canalisation émergée à marée basse, de mesures de radioactivité commanditées par Greenpeace, de chapardage de matériels de prélèvements (lire ci-contre) et plus généralement des effets induits par les effluents radioactifs dans le milieu marin et, partant, chez l’homme.

Débats complexes, auxquels le prérapport du comité scientifique (lire ci-contre), envoyé le 29 mai au précédent ministre de l’Environnement, n’apporte pas de réponses définitives. Il confirme simplement la «cohérence de la démarche scientifique du professeur Viel», tout en soulignant les difficultés d’une étude épidémiologique complète.

Dans une lettre adressée à Corinne Lepage, le professeur Charles Souleau, président du comité, présente ainsi son travail: «Nous avons pu, à la suite de nombreux échanges de vues pas toujours faciles, trouver une solution raisonnable de consensus sur le très délicat problème posé par le léger agrégat de leucémies mis en évidence par le professeur Viel.» Manière élégante de dire que le comité a dû se frayer un chemin au travers d’un champ de mines, en tentant de ménager toutes les susceptibilités. Une réunion publique aura lieu le 26 juin dans la commune de Beaumont-Hague pour présenter aux «locaux» le résultat de ces travaux.

Hier, le secrétaire d’Etat à la Santé, Bernard Kouchner, a demandé à l’Opri (Office de protection contre les rayonnements ionisants) un nouveau bilan du niveau de contamination autour de l’usine de retraitement, afin d’évaluer le risque d’exposition des personnes. «Greenpeace a mis en évidence une contamination significative des sédiments à l’extrémité de la conduite de rejet en mer. Reste à savoir jusqu’où cela diffuse, explique Jean-Luc Pasquier, directeur scientifique de l’Opri. D’où la nécessité d’établir une cartographie de la radioactivité des fonds sous-marins. Sur les sols et sur les plages, nos mesures témoignent d’une contamination négligeable. Greenpeace a mis le doigt là où ça fait mal», conclut-il.

De son côté, Dominique Voynet, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, a demandé que des mesures indépendantes de vérification soient effectuées. Leurs résultats seront rendus publics. Le ministre estime qu’«il n’est pas anormal qu’une organisation indépendante comme Greenpeace exerce son rôle de vigilance en effectuant des mesures de rejets» à la sortie de la conduite de l’usine de retraitement. La révision des autorisations de rejets accordées à l’usine Cogema est en cours. Une enquête publique devrait être lancée à l’automne. Mais, quel que soit le niveau des rejets radioactifs en mer qui sera autorisé à l’avenir, leur principe même devient de plus en plus inacceptable aux yeux de l’opinion publique.

Le mur du silence se fissure. Une nouvelle étude publiée en Allemagne (Dr Alfred Körblein) démontre que le risque pour les jeunes enfants qui vivent à proximité d’une centrale nucléaire de souffrir d’une leucémie est 44 % plus élevé que dans le reste de la population.

Un physicien indépendant de Nuremberg, le Dr Alfred Körblein, spécialisé dans l’étude des effets des faibles doses de radioactivité, a comparé les taux de leucémies chez l’enfant vivant dans un rayon de cinq kilomètres autour des centrales allemandes, britanniques et suisses. Sa démarche visait a éclairer une précédente étude Suisse, très limitée, qui indiquait que « tout allait bien dans le meilleur des mondes ».

Or il s’est avéré que les chercheurs suisses de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’universitéde Berne avaient mené cette étude dénommée Canupis (Childhood cancer and nuclear power plants in Switzerland*) sur le risque de cancer chez les enfants nés à proximité de centrales nucléaires en ne prenant en compte que les cas de maladie enregistrés en Suisse, mais pas les cas enregistrés du côté allemand dans le périmètre des centrales nucléaires suisses (3 des cinq réacteurs nucléaires suisses -Beznau I et II et Leibstadt- se trouvent sur le Rhin, à la frontière entre la Suisse et l’Allemagne)!

Pourquoi une augmentation des leucémies en Vaucluse ?

L’étude suisse relève donc de la même attitude qu’en France avec la pseudo-enquête menée l’an dernier autour du Tricastin, dans un périmètre très limité, et qui, elle aussi, concluait à… rien ne se passe de négatif.

Mais alors comment expliquer l’augmentation considérable enregistrée depuis 3 ans à l’hôpital d’Avignon des cas de personnes atteintes de leucémies. Le mutisme des administrations et institutions en dit long sur l’embarras et leur volonté de taire la réalité. Que répond l’Agence Régionale de Santé de Paca et sa délégation vauclusienne? que répond le Ministère de la santé à qui ont du être transmis les « stats » d’Avignon et qui placerait l’établissement en tête de tous les hôpitaux français dans l’augmentation des leucémies enregistrées ( puis dirigées vers d’autres hôpitaux notamment de Marseille)?

Les récentes révélations confirmant l’impact de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en Corse et l’augmentation des cancers de la thyroïde dans les années qui ont suivit (et ce n’est malheureusement pas terminé) le confirment aussi : oui le nucléaire porte atteinte à la santé et à la vie de la population.

Une étude comparée

Pour le Dr Körblein, il faut croiser et comparer les éléments et ne pas s’en tenir à une démarche unique et unicitaire, limitée géographiquement à l’extrême et qui, forcément, ne reflète pas la situation : « si l’on tient compte des cas de leucémie qui ont été enregistrés (en Suisse et en Allemagne), cela donne un risque massivement accru, comme dans les analyses des données allemandes et britanniques ».

Pour le médecin allemand Reinhold Thiel, membre de l’association des médecins allemands contre la guerre nucléaire (IPPNW*) : « Cette analyse comparée menée par le Dr Körblein (1) constitue une preuve de plus que les centrales nucléaires sont déjà dangereuses lorsqu’elles sont exploitées normalement, contrairement à ce qui était reconnu jusqu’ici ».

Le risque accru de leucémie à proximité des centrales nucléaires pourrait s’expliquer par les émissions de particules radioactives et de gaz radioactifs lors du changement d’éléments de combustible nucléaire. Or, jusqu’à présent, seules des valeurs moyennes d’émissions ont été publiées. « Les valeurs maximales sont toujours considérées comme propriété des exploitants des centrales» précise Reinhold Thiel. C’est pourquoi cette association revendique la publication et la mise à disposition de la recherche des valeurs maximales et des valeurs par demi-heure des émissions des centrales nucléaires, afin de prendre en compte les risques pour les enfants à naître. C’est le sens des mesures effectuées et publiées par le CAN84 le lundi 12 septembre, lors de l’explosion dans l’usine de retraitement de déchets nucléaires Centraco : la moyenne des relevés en continu et aussi la pointe de radioactivité bien réelle.

La nocivité des faibles doses de radioactivité au quotidien

Cette étude scientifique met à nouveau sur le devant de la scène la nocivité des contaminations quotidiennes par faibles doses liées à l’activité au jour le jour des installations nucléaires, sans qu’un accident grave ou une catastrophe ne se produisent (ce qui peut aussi arriver du jour au lendemain en France).

La question des doses est si présente que, dans le cadre de l’action nationale des travailleurs du nucléaire lancée par le syndicat CGT, une pétition nationale exige à présent, a côté de revendications professionnelles et de garanties de statut pour les nombreux intérimaires du secteur (35 000 salariés sous-traitants qui subissent 80 % des risques professionnels) : la baisse de la limite annuelle de dose de 20 à 10 mSV d’exposition pour les salariés, un suivi médical unique par la médecine des Sites nucléaires, une dose maximale de carrière à 350 mSV, la reconnaissance des contaminations externes et internes en accident de travail.

Pour les citoyens regroupés dans le collectif antinucléaire de Vaucluse, comme pour ceux des autres départements : il n’y a pas de dose radioactive et de contamination inoffensive. Le meilleur moyen de les supprimer est d’arrêter immédiatement d’en générer.

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http://www.ippnw.de / www.canupis.ch

(1) http://www.alfred-koerblein.de/background/deutsch/index.htm

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