EDF et Areva vont procéder à des tests complémentaires pour vérifier la résistance de la cuve du réacteur EPR de Flamanville. ANNE FEITZ JOURNALISTE
Des tests supplémentaires s’avèrent nécessaires sur le couvercle et la cuve du réacteur.
Areva et EDF n’en ont pas fini avec les déboires sur l’EPR de Flamanville. Les deux groupes ont indiqué mercredi soir que de nouveaux tests étaient nécessaires sur le couvercle et le fond de la cuve du réacteur, entraînant des décalages supplémentaires dans l’homologation de ces éléments par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire).
En avril 2015, l’ASN avait annoncé avoir été informée par Areva d’une anomalie dans la composition de l’acier dans certaines zones du couvercle et de la cuve du réacteur qui contiendra le combustible nucléaire. Plus précisément, la concentration en carbone était plus importante que prévu, entraînant une « résilience mécanique » plus faible qu’attendu. Un programme d’essai a alors été engagé, en concertation avec l’ASN, afin de s’assurer de la conformité de ces éléments avec les normes de sûreté.
Or les premières analyses effectuées ont montré une « extension du phénomène de ségrégation carbone », en d’autres termes une concentration en carbone supérieure à ce qui était envisagé : elle s’étend aux trois quarts de l’épaisseur de la pièce et non à la moitié. De nouveaux tests seront donc programmés, pour étendre en conséquence les mesures de la concentration en carbone et s’assurer des propriétés mécaniques requises, ont annoncé mercredi soir EDF et Areva. Les deux groupes se déclarent néanmoins « confiants en leur capacité à démontrer la qualité et la sûreté de la cuve ».
Le démarrage de l’EPR toujours prévu pour 2018
Compte tenu de l’augmentation du nombre d’analyses à effectuer, Areva ne remettra son rapport à l’ASN que fin 2016, au lieu de juillet comme prévu, décalant donc de six mois la décision de l’ASN sur la conformité des pièces. Ce nouveau délai ne remet toutefois pas en question l’avancement du chantier, qui se poursuit conformément au dernier planning annoncé, ont indiqué les deux groupes : l’EPR doit démarrer au quatrième trimestre 2018. Ce calendrier avait été annoncé en septembre 2015, marquant un nouveau retard pour le réacteur , dont le démarrage était prévu pour 2012 et dont les coûts ont dérapé de 3,3 à 10,5 milliards d’euros.
Il faudra donc attendre quelques mois supplémentaires pour lever l’incertitude liée à ces pièces cruciales du réacteur. Une véritable épée de Damoclès pour EDF et Areva. Si elles s’avéraient non conformes, leur remplacement prendrait plusieurs années. Par ailleurs, deux réacteurs en Chine, à Taishan, ont été construits sur le même modèle, et le ministère chinois de l’Environnement avait déclaré qu’il attendrait que tous les doutes soient levés sur la sûreté avant de les charger en combustible.
Enfin, EDF a conditionné la reprise d’Areva NP, l’activité réacteurs du constructeur, à la conformité de la cuve. Or le sauvetage d’Areva, et par là même de la filière nucléaire française, repose sur cette opération, dont la finalisation est prévue pour 2017.