« C’est un équipement qui devra se faire » Lors d’une émission sur RTL, le ministre de l’écologie n’a pas tergiversé sur la construction du futur aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Marine Jobert (Journal de l’environnement) mercredi 25 septembre 2013
On sait sur qui on peut compter…
L’avantage des émissions radios filmées, c’est qu’en plus du son, on bénéficie de l’image. Et celle de Philippe Martin, invité du du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI [le 22 septembre], au moment où les journalistes lui demandent s’il partage les vues de Jean-Marc Ayrault sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes, vaut le détour. « Ma position est la même que celle du Premier ministre, ça ne va pas vous surprendre », ébauche-t-il après avoir ravalé un grand sourire, mettant en avant les « négociations qui ont lieu, sur les transports et sur le plan agricole ».
A l’écouter, l’ambiance aurait presque changé autour du dossier explosif de l’implantation de ce second aéroport en banlieue nantaise. « Ce dossier est moins dans cette phase exubérante que nous avons connue, il est rentré dans une phase de discussions et de négociation. » Vous pensez que ça va se faire ?, lui demande un journaliste. Philippe Martin a une moue, semble hésiter, avant de lâcher : « Je pense qu’à l’issue des consultations qui ont lieu actuellement, c’est un équipement qui devra se faire ». La suite sonne bizarrement, presque inaudible, quand le ministre de l’écologie assure que ses services instruiront de façon indépendante les questions relatives à la biodiversité.
Beaucoup d’obstacles préalables
C’est faire peu de cas de l’issue, qui pourrait être défavorable, des différentes mises en garde lancées par la commission de dialogue, la mission agricole et le comité d’experts scientifiques. Fin juin, le ministre des transports en prenait d’ailleurs acte. A commencer par l’approfondissement des coûts de réaménagement de l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique – si ce site est maintenu- sur la base de 5, 7 et 9 millions de passagers, qui devra être soumis à un débat contradictoire. « Un nouveau groupe de travail doit être constitué, associant étroitement les acteurs locaux à ces études. A chaque étape, le caractère ouvert du débat devra être garanti par l’accès de tous aux données d’études certifiables », écrivait Frédéric Cuvillier. Un groupe qui n’a toujours pas vu le jour.
Le ministre évoquait également les mesures de compensation environnementales, à revoir selon les experts mandatés. « Les travaux ne pourront s’engager tant que la faisabilité de ces mesures n’aura pas été démontrée », a-t-il assuré. Récemment, le gouvernement a réussi à esquiver, grâce aux socialistes européens, l’envoi d’une eurodéputés en octobre sur le terrain, dans le cadre d’une enquête sur de potentielles infractions du projet au droit communautaire. Et la Commission européenne a jugé, la semaine passée, qu’il n’était pas indiqué d’ouvrir une « procédure d’infraction », mais qu’elle allait « continuer à surveiller de très près l’évolution du dossier. C’est au vu de l’ensemble qu’elle prendra sa décision ».
Durand sur le départ ?
Ces récents exemples démontrent à quel point NDDL semble l’otage de rapports de force oscillants et fragiles. Les adhérents d’Europe Ecologie-les Verts comptent leurs plumes après la Bérézina de la Conférence environnementale, où seuls quelques caciques ont exprimé de la satisfaction devant les annonces gouvernementales. Pascal Durand y a perdu son leadership de secrétaire national, après avoir lancé un ultimatum à Jean-Marc Ayrault qui aurait déplu à des élus écologistes. A tel point que le nom de sa successeure, poussée par Cécile Duflot, s’affiche déjà dans tous les journaux. Il s’agirait d’Emmanuelle Cosse, 39 ans, ex-présidente de l’association Act-Up, fraîchement « convertie », puisqu’elle a rejoint EELV en 2009. Elle est actuellement vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France, chargée du logement, et accessoirement compagne de Denis Baupin, vice-président de l’Assemblée nationale.
Ayrault invité d’EELV
Alors qu’ils sont très préoccupés par leur congrès de novembre à Caen et par la motion qui rassemblera le plus de voix, aucun élu écologiste n’a pris la parole aujourd’hui pour répliquer à Philippe Martin. Bien au contraire, il sera accueilli, avec le Premier ministre, aux journées parlementaires d’EELV, les 25 et 26 septembre à Angers. Au menu de la seconde journée : « La façon dont les écologistes doivent aborder ‘l’An 2’ de leur participation gouvernementale, sur fond d’un agenda européen incontournable. Un pot de clôture sera servi en présence du Premier ministre. » Cela ne s’invente pas.
Source : Le Journal de l’environnement
Photo : Ouest France
Consulter par ailleurs : Dossier Notre Dame des Landes