La ville de Sendaï a engagé des poursuites contre un important grossiste de riz, KENBEI MIYAGI. Cette entreprise reconnait avoir vendu 85 tonnes de riz produit dans la préfecture de Fukushima en falsifiant la mention d’origine du riz sur les emballages [2]. Une partie de ce riz a déjà été vendue sous l’appellation « riz supérieur HITOMEBORE de Miyagi », lequel riz est utilisé dans les cantines scolaires.
Par Laurent Mabesoone le mardi 17 janvier 2012, 14:00 – Lien permanent Chroniques_anti_nucleaires Japon
Pourquoi l’article suivant (en japonais), datant d’hier soir, n’est paru que sur un site d’information mineur [1], assez spécialisé ? Je ne comprends pas !
L’information me semble de taille, pourtant !
Voilà, on parle quand même de 85 tonnes de riz et j’ose à peine imaginer le poids que cela représente en riz cuit ! Aucun mass-media, ni la télévision, ni même les informations de yahoo.jp n’ont mentionné ce « point de détail » de l’actualité…
Quand je pense que la crêche-école maternelle (hoikuen) où va ma fille utilise du riz « sans origine précise » (Beycook, « fureai ») ! Nous avons bien fait de solliciter un « traitement de faveur » pour lui donner une gamelle de « riz-maison » à chaque fois qu’elle doit y manger.
Fukushima est le quatrième département du Japon en quantité de riz produit. On imagine aussi les centaines de tonnes de riz invendu qui sont « refourguées » ici et là sous forme de produits cuisinés. Or, on le sait, même si la limite officielle est de 500 becquerels de césium au kg pour le riz, 10 bq journaliers ingérés de façon chronique pour un enfant, et c’est la quasi-certitude de le condamner à une maladie cardiaque, viscérale, ou à un cancer [3].
Bref, nous pouvons en conclure que les falsifications de mentions d’origine sur l’alimentation, au Japon, aujourd’hui, ne sont même plus dignes d’être évoquées par les mass-médias. Pourquoi ? Ou bien parce que ce problème est devenu trop banal et que les téléspectateurs en ont assez quelle que soit l’ampleur de la falsification : ici la bagatelle de 85 tonnes de riz, tout de même ! Ou bien parce que ce problème dérange trop de gens. Ou bien encore pour les deux raisons à la fois… Allez savoir.
Dimanche soir dernier, en famille, nous mangions du bœuf étiqueté d’origine américaine que nous faisions griller façon barbecue coréen (yakiniku). Parmi les paquets de lamelles de viande, un seul était extraordinairement bien persillé, avec une finesse de grain exceptionnelle. Au début, nous étions ravis puis, peu à peu, ma femme et moi-même avons changé de visage.
« C’est pas possible ! Jamais de la viande américaine n’a ce goût là. C’est trop bon… Ça, c’est de la très grande viande japonaise ! », nous sommes-nous dit, exactement en même temps.
À Fukushima, on produisait parmi les meilleures viandes de bœuf du Japon dont le célèbre bœuf d’Idate qui se trouve à 50km de la centrale. En enlevant le bœuf de l’assiette de notre fille, il nous est resté une amertume étrange dans la bouche.
[1] http://www.jiji.com/jc/c?g=soc_30&k=2012011600581
[2] riz étiqueté avec une autre provenance que Fukushima
[3] cf. Bandajevski :
https://docs.google.com/viewer?a=v&pid=explorer&chrome=true&srcid=0Bz1fZmrqFppsNzE4Y2JhMjQtYzc4Yy00MmY3LTkxMmItMzRmY2U3MzhjMTE4&hl=en_US