En séparant le logement de l’environnement, Jean-Marc Ayrault et François Hollande ont décidé de faire éclater le grand ministère du développement durable de Nicolas Sarkozy. Une décision que regrette Bertrand Pancher, député UMP et co-rapporteur sur le Grenelle de l’Environnement. Nouvel Obs LE PLUS 19 05 2012 Édité par Louise Pothier
Jean-Marc Ayrault, nouveau Premier ministre, vient de nommer son premier gouvernement sous la présidence du président François Hollande. Avec l’éclatement du grand ministère du développement durable, en séparant l’environnement du logement, le grand absent ne semble pas être Martine Aubry, mais l’écologie.
En 2007, Nicolas Hulot avait réussi à faire signer sa charte sur l’écologie à tous les candidats à la présidentielle et à faire inscrire l’environnement comme une priorité d’action pour les partis politiques. Il proposait un grand ministère qui regroupait les composantes essentielles à la préservation de l’environnement et à la construction d’un nouveau modèle de pensée dans les engagements de l’État.
Pour cela un nouveau type de ministère devait impérativement être créé en regroupant les transports, le logement, l’urbanisme et l’énergie. Il proposait d’ailleurs la création d’un vice-Premier ministre en charge de l’environnement qui aurait la capacité de procéder à des arbitrages ministériels et disposerait de vrais moyens. Les problématiques de réchauffement climatique, de perte de la biodiversité, de la diminution des matières premières des ressources en eau … sont loin d’avoir été solutionnées, bien au contraire, elles sont l’une des nombreuses composantes de la crise que nous traversons aujourd’hui, et l’on attendait du nouveau président de la République un signe très fort dans ce domaine.
Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo a été nommé ministre d’État, numéro 2 du gouvernement, chargé d’un grand ministère du Développement durable. Une première en France.
Nathalie Kosciusko-Morizet a hérité de ce grand ministère, l’énergie en moins, ce que j’ai déploré publiquement à l’époque. L’ancienne majorité a fait les lois Grenelle de l’environnement, dont la première fut votée par les socialistes et les verts. Sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy et de Jean-Louis Borloo, l’environnement a été enfin considéré à sa juste valeur.
Dans ces conditions je m’étonne que la secrétaire générale des Verts ait accepté de rentrer dans un gouvernement, pour, d’une part, ne pas prendre le ministère de l’Écologie et, d’autre part, sans rappeler les propositions de Nicolas Hulot, lesquelles mettaient vraiment l’environnement au cœur des décisions du gouvernement. À se demander si elle n’aurait pas encore une dent contre celui qui fut candidat à la primaire des Verts…
En nommant une sénatrice PS en charge du développement durable seulement au 7e rang des ministres, en séparant les problématiques de logement que l’on confie à une autre ministre, Cécile Duflot, l’on donne le sentiment que la crise écologie n’est qu’une problématique isolée sans comprendre qu’elle est la clef de voute des disfonctionnements de notre modèle de société. Au lieu de confier les arbitrages à un grand ministre d’État ayant en charge l’ensemble des questions liées au développement durable, François Hollande et le Premier ministre ont préféré morceler les sujets et répartir les marocains ministériels sans hiérarchie.
Il est d’autant plus surprenant de voir la secrétaire générale du Parti des Verts nommée n°5 du gouvernement devant sa collègue de l’environnement. Pourquoi le logement, plutôt que l’écologie ? Ne répète-t-elle pas à longueur de meetings et d’interviews que l’écologie est partout et doit être en tête des priorités de l’Etat ? On s’interroge alors sur les raisons de son reniement en entrant au gouvernement socialiste pour ne défendre qu’un seul sujet : le logement.
Avec la présidence Hollande, espérons que l’écologie ne soit pas relayée au second plan. Toute décision majeure sera arbitrée dorénavant en interministériel dans un brouhaha des sensibilités, ou la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie devra rapidement trouver sa place. Espérons que sa collègue Verte la soutienne sans faille.
Une dernière inquiétude et non des moindre existe, celle de l’engagement de la gauche de poursuivre le Grenelle de l’Environnement. Ce qui importe désormais c’est l’application dans les territoires et chez l’ensemble des acteurs des quelques 200 décrets d’application que l’ancienne majorité avait mis un point d’honneur à sortir avant la fin de la mandature.
Souhaitons bonne chance à notre nouvelle ministre de l’écologie Nicole Bricq et à Cécile Duflot dans leurs nouvelles fonctions pour faire que le Développement durable soit considéré comme il se doit.
Rappelons simplement à notre nouveau président que faire de la jeunesse une priorité est une bonne chose, mais lui permettre de vivre sur une planète durable est encore mieux.