La question paraîtra incongrue à certains. Pourtant, d’autres, à l’instar de Luc Ferry, voient dans l’écologie une idéologie brune, qui porte en elle les germes d’une dérive anti-humaniste. Ces différentes analyses et perceptions de l’écologie s’expliquent par son essence même. L’écologie est en effet une unité plurielle. Timothée Duverger 19 octobre 2013
À l’occasion de la venue de Serge Latouche à Bordeaux le 4 octobre 2013, court texte d’introduction à son dossier écologie:
http://www.mollat.com/dossier/l_ecologie_est_elle_un_humanisme-65165244.html
« S’y ajoute le podcast de la conférence de Serge Latouche dont j’ai assuré la modération:
http://www.mollat.com/rendez-vous/serge_latouche-65165605.html
« Je reproduis ici mon article.
L’écologie est ainsi d’abord à vivre. La simplicité volontaire vise à mettre en conformité sa vie avec ses valeurs, en l’occurrence en « simplifiant », c’est-à-dire éliminant une à une toutes les aspérités, les servitudes, les médiations techniques qui empêchent l’être de s’accomplir pleinement, en recherchant une vie saine (la « slow attitude ») à défaut d’être sainte. C’est une sagesse, portée en France par Pierre Rabhi, qui trouve sa source dans la spiritualité gandhienne et recherche sa vérité à travers la sobriété, véritable expression de soi, puisque l’autonomie, étymologiquement, consiste à s’assigner ses propres limites. Mais c’est à un ascétisme joyeux qu’invite la simplicité volontaire. Le sinistre est une perversion, sa forme pathologique. La simplicité doit bien plutôt multiplier les occasions de jubilation, de rencontres. C’est une expérimentation de la bonne vie. Sa devise : « moins de biens, plus de liens ». L’écologie est donc une force subversive. Car, sous couvert de protection de la nature, elle trace la voie d’une vie plus harmonieuse. Cette vie « exemplaire » peut ne pas s’occuper de la société, se contenter de constituer un îlot préservé. Mais elle peut aussi s’attaquer au chantier de la transformation sociale. Le mouvement de la décroissance qui a surgi au début des années 2000 notamment autour des idées de Serge Latouche, se propose de « décoloniser les imaginaires » imprégnés d’économisme pour générer une société du bien-vivre. Les alternatives fourmillent, des expériences de l’économie solidaire (AMAP, SEL, etc.) à celles des villes en transition, en passant par celles émergentes de l’économie collaborative qui tente de concilier Internet avec des valeurs de sobriété et de partage. Et elles infusent la société, démontrant au quotidien qu’une bifurcation est possible et en cours.L’écologie est donc la quête d’un autre monde autonome et solidaire. Une quête de sens pour « rallumer les étoiles » après leur extinction par la froide rationalité économique. Un nouvel humanisme.