Le temps se couvre à Fukushima

Deux ans après la catastrophe, la situation qui se normalisait tant bien que mal sur le site nucléaire, vient de connaitre un nouvel épisode, qui pourrait fragiliser encore un peu plus une situation déjà compromise, et poser rapidement des problèmes aux habitants de Tokyo.Olivier Cabanel 19 03 2013

En effet, pour une raison encore indéterminée, le 18 mars 2013 vers 19 h, toute la centrale nucléaire de Fukushima est sur le coup d’une panne générale d’électricité, empêchant entre autres le refroidissement des piscines de stockage nucléaire. lien

La situation déjà compliquée pourrait devenir critique assez rapidement, puisque les assemblages contenus dans les piscines doivent être continuellement refroidis, et surtout ils doivent être recouvert d’eau, afin d’empêcher les barres d’assemblages, dont certaines sont déjà endommagées, d’entrer en criticité. lien

6 heures après la panne, la température de l’eau se situait entre 13 et 25°, mais si le refroidissement n’est plus rétabli, la température pourrait grimper rapidement pour atteindre 65° dans quelques jours, provoquant donc l’évaporation de l’eau des piscines, et amenant l’éventualité d’une mise à l’air des assemblages.

Si cela se produisait, la température se mettrait à monter en puissance, et il est difficile d’imaginer sur quoi cela pourrait déboucher ?

Une fusion de tous les assemblages, dégagement d’hydrogène, de nouvelles explosions, et la formation de 3 nouveaux coriums…tout est envisageable.

Pourtant une question reste posée, il existe des groupes électrogènes qui ont été mis en route des le début de la panne, et on pourrait s’interroger sur le fait qu’ils ne soient pas utilisés pour permettre le refroidissement des piscines…

Le mystère Tepco, en quelque sorte…un de plus.

Sans que l’on sache vraiment pourquoi, TEPCO injecte maintenant de l’Hydrazine, un produit chimique très toxique, lequel peut provoquer au-delà des irritations du nez, des yeux et de la gorge, une cécité temporaire, et un contact avec la peau peut provoquer des brulures, une exposition prolongée pouvant atteindre des organes cibles, voire entrainer la mort. lien

Mais revenons à la centrale.

Sur ce lien, un direct avec les caméras de surveillance.

Pour ne rien arranger, une tempête est annoncée, et suivant le sens des vents, la pollution radioactive, en forte augmentation, pourrait s’élargir géographiquement, d’autant que la radioactivité dégagée par le réacteur n°1 a atteint les 24 milliards de Bq/m3 et que les émissions radioactives provenant de la centrale pourraient, suivant les vents dominants, atteindre Tokyo dans l’après midi du 19 mars. lien

On ne peut qu’espérer que le courant ne revienne rapidement, et que la situation se normalise…jusqu’à la prochaine fois, mais on devrait toujours avoir en mémoire la pensée du grand physicien, mathématicien et philosophe Henri Poincarré  : « le hasard n’est que la mesure de notre ignorance  », puisque lorsque un accident peut arriver, il arrive fatalement, ce n’est qu’une « question de temps », et lorsque cette probabilité existe, il vaut mieux qu’elle ne concerne pas le nucléaire. lien

L’annonce de « l’arrêt à froid » fait par le gouvernement japonais pourrait faire sourire si la situation n’était pas si grave ; Comme l’écrit le « courrier international » : «  le site est toujours sous la menace de nouveaux séismes et de tsunamis, l’opération de démantèlement s’annonce particulièrement difficile ; 3500 ouvriers y travaillent, mais doivent se relayer pour répartir les doses de radiation reçues, sans parler des décombres qui doivent être déblayés et des eaux contaminées qui ne cessent de s’accumuler  ». lien

Ceux qu’on appelle les «  liquidateurs » seraient plutôt à ranger sous l’appellation « forçats du nucléaire  » : exposés à de très fortes radiations, et très mal payés, mais Tepco ignore ces problèmes, puisqu’il en a laissé la responsabilité à des sous traitants. lien

Il est certain qu’il y a du travail pour longtemps, mais ce qui l’est moins, c’est que se soient les mêmes ouvriers qui s’y activent…

Fin annoncée du démantèlement : 2050 et des experts affirment qu’un accident identique en France pourrait couter jusqu’à 5 800 milliards d’euros…même si l’IRSN affirme que ce chiffre serait « fort peu réaliste ». lien

Ailleurs, en Italie, dans la région de Turin, des sangliers ont été mesurés avec une radioactivité au césium 137 dépassant de 10 fois la norme autorisée, les scientifiques estimant qu’elle serait due à la catastrophe de Tchernobyl. lien

En attendant, au Japon, les poissons subissent de plein fouet la catastrophe, et ils sont en train de battre des records de radioactivité atteignant 740 000 becquerels de cesium, soit 7400 fois plus que la limite, très optimiste, fixée par le gouvernement japonais. lien

Naoto Matsumura, le probable dernier habitant de la zone interdite, continue de vivre, de manger et de dormir au milieu de la radioactivité, encaissant 30 microsieverts par heure, et il a rencontré Antonio Pagnotta, un journaliste qui connait bien le Japon pour y avoir vécu 26 ans.

Matsumura s’est résigné à la mort, se qualifiant lui-même « d’homme césium », faisant valoir son « droit à l’irradiation », après avoir été rejeté par sa famille et par le centre d’évacuation d’Iwaki. lien

Au moment ou les japonais ont élu un gouvernement favorable au redémarrage de tous les réacteurs nucléaires, avec 70% de soutien, (lien) on pourrait s’interroger sur la contradiction de ces mêmes japonais, qui, à 70% aussi, désirent sortir du nucléaire. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « si tu ne participes pas à la lutte, tu participeras fatalement à la défaite  ».

L’image illustrant l’article provient de « japonation.com.actualité ».

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

http://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/le-temps-se-couvre-a-fukushima-132642

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