“A quoi reconnaît-on la fin d’une époque ? A ce qu’un présent soudain insupportable condense en peu de temps ce qui fut si malaisément supporté par le passé.” R. Vaneigem “Adresse aux vivants”
L’humanité est à la croisée des chemins. Outre les effets climatiques et les dégâts irréversibles sur l’environnement, l’homme aura alors encore la possibilité de choisir le modèle énergétique le plus approprié à la conservation de l’espèce humaine.
C’est parce qu’ils veulent faire le bien que les hommes produisent le mal.
Ivan Illich appelait contre-productivité ce retournement tragique. Il affirmait que les plus grandes menaces viennent aujourd’hui moins des méchants que des industriels du bien.
Jean Pierre Dupuy[1] montre qu’ « alors le mal s’autonomise par rapport aux intentions de ceux qui le commettent. Anders et Arendt pointaient ce scandale qu’un mal immense peut être causé par une absence complète de malignité ; qu’une responsabilité monstrueuse puisse aller de pair avec une absence totale de méchanceté. Nos catégories morales sont impuissantes à décrire et juger le mal lorsqu’il dépasse l’inconcevable. Il faut se résoudre à dire alors qu’« un grand crime est une offense contre la nature, de sorte que la terre elle-même crie vengeance ; que le mal viole l’harmonie naturelle que seul le châtiment peut rétablir ».
Jean Pierre Dupuy indique que « la tragédie japonaise a ceci de fascinant qu’elle mêle inextricablement trois types de catastrophes que l’analyse traditionnelle distingue soigneusement : la catastrophe naturelle, la catastrophe industrielle et technologique, la catastrophe morale ».
Leur refus du débat est dans la logique de leur mutisme et de leur « aveuglement ». Le nucléaire fait partie des tabous et des idées reçues que l’oligarchie capitaliste ne veut pas remettre en cause. Dans sa logique de pensée figée, la croissance économique, c’est bien, l’augmentation de la consommation d’électricité, c’est inévitable, le nucléaire, c’est bien. Donc, on n’en discute pas, puisque c’est bien ! Leur première réaction a été de dire, sans même avoir réfléchi ni étudié la question, que cet accident ne nous concernait pas, puisque c’était au Japon et à cause d’un tsunami. »
[1] A propos de la catastrophe nucléaire au Japon : Jean-Pierre Dupuy Philosophe, Professeur à l’université Stanford, président du Comité d’éthique et de déontologie de la Haute Autorité de sûreté nucléaire.