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L’Usine nouvelle 19/03/2019
L’ancrage des groupes électrogène de secours post-Fukushima construits par EDF sur les réacteurs 1300 M, n’est pas assez résistant aux séismes, observe l’ASN, qui pointe un problème industriel de génie civil. L’autorité a été contrainte de donner un délai supplémentaire à EDF pour réaliser les travaux.

Les travaux d’EDF pour mettre aux normes post-Fukushima les groupes électrogènes de secours de ses réacteurs 1300 MW ne sont pas au bon niveau de sûreté, pointe l’ASN. L’Autorité de sûreté du nucléaire fait en effet état dans un communiqué d’un « défaut de résistance au séisme d’ancrages des systèmes auxiliaires des groupes électrogènes de secours à moteur diesel des réacteurs d’EDF ».
Défaut sur les paliers 1300 MW
Le problème aurait été identifié par EDF en 2017. Il avait alors signalé à l’ASN « un événement significatif », qui l’avait classé de niveau 2. Le problème portait sur « l’absence de démonstration de résistance au séisme des ancrages dans le génie civil de systèmes auxiliaires des groupes électrogènes de secours à moteur de ses réacteurs électronucléaires de 1300 MWe [mégawatts électriques] ». En avril et novembre 2018, EDF a déclaré à l’ASN, que les défauts de résistance au séisme s’étendaient à plusieurs autres réacteurs de 900 MWe, soit 11 réacteurs supplémentaires.
11 centrales 900 MW concernées
L’événement est classé de niveau 2 par l’ASN pour les réacteurs Blayais 1 et 2, Gravelines 1 à 6, Saint-Laurent-des Eaux 1 et 2 et Chinon 2. Il est classé 1 pour les réacteurs Blayais 3 et 4, Dampierre-en-Burly 2, Cruas-Meysse 1, Chinon 1, 3 et 4 et Tricastin 1, 2 ,3 et 4. Des contrôles complémentaires ont également révélé de nouveaux défauts de résistance au séisme pour les réacteurs de la centrale nucléaire de Paluel, de Saint-Alban, de Belleville-sur-Loire et pour le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine.
Problème de conception et de génie civil
Selon l’ASN, l’événement recouvre à la fois des problèmes de conception génériques à l’ensemble des réacteurs concernés et des problèmes locaux liés à un mauvais état ou à un mauvais montage des ancrages. « EDF avait pris un engagement de mettre en place des diesels d’ultime secours pour fin 2018. Cet engagement ne pourra pas être respecté compte tenu des difficultés industrielles à les réaliser, a expliqué Bernard Doroszczuk, président de l’ASN, lors d’un entretien accordé à L’Usine Nouvelle. Ce sont des problèmes de génie civil avec une gestion de chantier qui n’est pas au niveau. L’intégration des différents corps de métier ne s’est pas faite de manière correcte. Les industriels sélectionnés par EDF ont rencontré des difficultés opérationnelles. Une seule centrale, Saint-Laurent-des-Eaux, est aujourd’hui équipée. Nous avons pris la décision de repousser cette échéance à fin 2020. »
Chacun des réacteurs des centrales nucléaires françaises dispose de deux diesels de secours, rappelle l’ASN. Ces équipements assurent de façon redondante l’alimentation électrique de certains systèmes de sûreté en cas de défaillance des alimentations électriques externes, notamment à la suite d’un séisme.