Le démarrage de l'EPR finlandais encore retardé…à 2016

Le chantier de l’EPR est construit par Areva et Siemens à Olkiluoto en Finlande. La mise en service, initialement prévue en 2012, pourrait de nouveau être repoussée de deux ans, en 2016. LE MONDE  12.02.2013

Il y a des publicités dont on se passerait aisément. Celle que vient de faire la société Teollisuuden Voima (TVO) à Areva est à ranger dans cette catégorie. L’électricien finlandais a en effet dit craindre, lundi 11 février, que la mise en service du réacteur nucléaire EPR de troisième génération d’Olkiluoto 3 (Finlande), construit par l’entreprise française et par le groupe allemand Siemens, connaisse un nouveau retard de deux ans. En conséquence, c’est donc en Chine, avec Taishan 1, qu’un EPR produira ses premiers kilowattheures, en 2014.

L’annonce tombe mal pour le géant français du nucléaire. Son président, Luc Oursel, se rend jeudi en Inde avec le président de la République, François Hollande, avec l’objectif de faire avancer les négociations sur la vente, à New Delhi, de deux réacteurs EPR à Jaïtapur (Etat du Maharashtra), petit port situé à 400 kilomètres au sud de Bombay.

Dans un communiqué, TVO a indiqué que « sur la base de rapports récents sur l’avancement des travaux reçus du fournisseur du réacteur, le consortium Areva-Siemens », il se « préparait à l’éventualité que le démarrage de la production normale d’électricité par le réacteur nucléaire Olkiluoto 3 puisse être retardé jusqu’à l’année 2016 ». Ce pronostic se fonde, selon le groupe scandinave, sur des retards dans la planification des systèmes automatiques du site, c’est-à-dire le « contrôle-commande » qui est schématiquement le centre de pilotage du réacteur. La validation de ce contrôle-commande est essentielle en vue du passage à la phase d’essai.

« TVO CONTINUE À NE PAS REMPLIR SES OBLIGATIONS »

A l’été 2012, l’électricien finlandais avait déjà tiré la sonnette d’alarme, en avertissant que la production ne pourrait pas débuter en 2014. Une mise en garde alors balayée par Areva. M. Oursel avait affirmé que l’achèvement de ce réacteur de 1 600 mégawatts (MW) restait bien prévu pour 2014.

Cette fois, la communication du groupe français sur le calendrier est plus floue. S’exprimant également par communiqué, le groupe s’est borné à indiquer qu’il « vise un achèvement d’Olkiluoto 3 dans les meilleurs délais ». Mais Areva n’avance plus aucun calendrier précis.

En revanche, aux griefs formulés par TVO, le groupe français répond par d’autres reproches. Le constructeur de centrales nucléaires a indiqué avoir, « au cours de l’année passée, sollicité une coopération beaucoup plus active de TVO afin d’obtenir une validation finale de l’architecture détaillée du contrôle-commande ». Et d’ajouter que « le consortium Areva-Siemens regrette que TVO continue à ne pas remplir ses obligations pour permettre un bon déroulement du projet ».

Avec cette passe d’armes, TVO et Areva écrivent un nouveau chapitre à leur relation tourmentée. Depuis 2008, ils s’affrontent en effet devant le tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale. TVO réclame 1,8 milliard d’euros de dédommagement, quand le consortium Areva-Siemens exige de son côté 1,9 milliard d’euros. Au coeur de conflit : le partage de la responsabilité dans les retards et surcoûts accumulés par ce chantier pilote.

LA FACTURE FLAMBE

A l’origine, Olkiluoto 3 devait être la vitrine du savoir-faire d’Areva dans la conception et construction des EPR, dont il était la tête de série. Cela n’a pas été le cas.

Le calendrier initial a explosé : le chantier d’Olkiluoto 3, qui a débuté en 2005, devait initialement s’achever en 2009. Et à mesure que s’est éloignée la date de mise en service, la facture de l’EPR a flambé. En décembre 2012, M. Oursel a indiqué ainsi que le coût final d’Olkiluoto 3 devrait être « voisin » de celui construit en France à Flamanville (Manche), soit 8,5 milliards d’euros.

D’ores et déjà, Areva a provisionné dans ses comptes 3,2 milliards d’euros pour faire face aux retards de son chantier finlandais, soit plus que les 3 milliards fixés comme prix de vente du réacteur… On pourrait croire que ces déboires auraient refroidi les ardeurs du groupe français en Finlande. Pas du tout. Le français s’est porté candidat pour un nouveau réacteur EPR. Dans la même centrale où il construit Olkiluoto 3. Et toujours avec le même client, TVO.

Anne Eveno

L’EPR est un réacteur nucléaire dit de troisième génération, à eau pressurisée, spécialité de la filière nucléaire française.

Areva en construit trois autres dans le monde: un en France, à Flamanville (Manche, nord-ouest), dont la mise en service est programmée en 2016, et deux à Taishan (sud-est de la Chine), dont un assez avancé pour que les premiers essais soient prévus fin 2013.

© 2013 AFP[mappress mapid= »12″]

 

1 Commentaire

  1. Le coût prévu pour l’EPR finlandais est donc égal aux 8,5 Md€ de son petit frère de Normandie. Bon à savoir, mais c’était prévisible.

    A propos de coûts, lire cette analyse :

    http://energeia.voila.net/electri/cout_electri.htm

    L’EPR français est à plus de 100 €/MWh, l’éolien terrestre est entre 65 et 85 €/MWh selon le lieu et la durée prise en compte.

    Le tarif d’achat du photovoltaïque est déjà limité à 82 €/MWh pour un système de 100 kW crête, soit 800 m2 de panneaux.

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