Le ciel se dégage pour l'aéroport de Notre-Dame- des-Landes

La commission d’enquête publique a donné un avis favorable, malgré quelques réserves.
Tout sauf une surprise  » pour les opposants au nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), près de Nantes ;  » une vraie satisfaction  » pour les promoteurs du projet.
Le Monde.fr, 28 oct 2012.
Vendredi 26 octobre, le préfet de la région Pays de la Loire, Christian de Lavernée, a annoncé qu’il signerait avant la fin 2012 deux arrêtés autorisant le début des travaux préparatoires à la construction de la plate-forme aéroportuaire et à la desserte routière de l’équipement.
La commission d’enquête, chargée d’examiner la bonne application de la loi sur l’eau et les mesures environnementales prévues par le concessionnaire – la société AGO (Aéroports du Grand Ouest), filiale de Vinci -, a émis un avis favorable sur le dossier. Pour autant, elle n’a pas délivré de blanc-seing. Cet avis est assorti de deux réserves – ayant pour ainsi dire force de loi, selon le préfet – et de multiples recommandations.
La commission exige notamment la mise en place d’un collège d’experts indépendants, qui aura pour mission d’apporter  » une indispensable caution scientifique  » et de valider  » la méthode de compensation  » écologique retenue par le maître d’ouvrage, qualifiée  » de nouvelle et largement expérimentale « .
Sur ce sujet, AGO a annoncé de longue date son intention de privilégier  » une approche qualitative plutôt que quantitative « , suscitant une levée de boucliers de la part de ses contempteurs, qui réclament que soient préservées ou restaurées le double des zones humides détruites. M. de Lavernée approuve sans ambages le raisonnement d’AGO :  » L’enjeu écologique du dossier, énonce-t-il, ne se pose pas en termes de surface mais en termes d’équivalence de fonctionnalité des zones humides. C’est une question de services rendus par l’écosystème.  »
Les travaux de terrassement généraux, qui créeront  » un dommage irréversible à l’ensemble du site « , ne pourront pas démarrer avant que le comité scientifique n’ait rendu son arbitrage, sans doute à l’automne 2013. Mais la construction d’un échangeur routier, situé hors du périmètre de ces dernières enquêtes publiques, va être lancée.
Dans ses conclusions, la commission d’enquête impose également la signature d’un protocole avec la profession agricole. Des mesures agro-environnementales (MAE), visant à protéger la faune et la flore, devraient être adoptées en vue de favoriser  » le règlement de la dette écologique « . Des parcelles cultivées pourraient ainsi changer d’affectation, moyennant le versement d’indemnités par AGO.
La commission d’enquête recommande d’être  » attentif aux dommages hydrauliques susceptibles de se produire en aval des bassins de rétention « . Est aussi préconisé le lancement d’une étude visant à  » une meilleure insertion paysagère du stationnement des véhicules, avec l’option d’aires couvertes type silos, moins consommatrices d’espace « .
Nonobstant ces critiques, le ciel se dégage largement pour Vinci. Le feu vert du préfet intervient alors que se poursuit une vaste opération d’expulsion de militants anti-aéroport occupant des maisons vides ou des campements installés sur le site. Le dossier, qui a résisté au Grenelle de l’environnement sous la droite puis à la Conférence environnementale sous la nouvelle ère socialiste, a l’heur de plaire aux locataires de Matignon : c’est sous le gouvernement UMP de François Fillon que le décret d’utilité publique du projet a été publié, en février 2008. Et il bénéficie, depuis toujours, du soutien indéfectible de Jean-Marc Ayrault, ancien député et maire de Nantes. Jeudi, dans une lettre ouverte, onze organisations nationales, dont Greenpeace, ont à nouveau demandé au premier ministre de renoncer à ce projet.
 » Une nouvelle étape est franchie « , se félicite Jacques Auxiette, président socialiste de la région Pays de la Loire. Par mesure de prudence, l’élu ajoute que les injonctions de la commission d’enquête devront faire l’objet  » d’une très grande attention « .
Les antiaéroport – qu’ils soient habitants, élus ou responsables d’association – encaissent le coup sans faillir. Ils estiment que la Loi sur l’eau est contournée depuis le début de la procédure.  » Les arrêtés du préfet seront attaqués, il n’y a pas de doute là-dessus « , prévient Michel Tarin, agriculteur retraité, l’une des figures du mouvement d’opposition.
Des recours devant le Conseil d’État et les instances européennes sont à l’étude. AGO chiffre à 9 millions d’euros l’enveloppe consacrée à la mise en oeuvre et au suivi des mesures de compensation environnementale durant ses cinquante cinq années de concession. L’aéroport doit ouvrir en 2017.
Yan Gauchard

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