l’Ayraultport effacé: victoire du bon sens et de l’écologie !

La journée du 16 janvier 2018 avec Reporterre

EN DIRECT Notre-Dame-des-Landes : le projet d’aéroport est abandonné
Le Premier ministre a annoncé ce mercredi la décision d’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C’est une magnifique victoire pour un mouvement de résistance de plusieurs décennies. À Paris et sur la Zad, l’équipe de Reporterre vous raconte tous les détails. Reporterre 17 janvier 2018 

EN DIRECT DE LA ZAD
  • 16 h – Toutes les composantes de la lutte anti-aéroport ont donné une déclaration commune reprenant leur communiqué et rappelant « l’importance de construire l’avenir de la Zad »« Une déclaration où se mêle la joie et le soulagement », d’après notre journaliste, qui a également constaté, « face à la ruée violente et à la mêlée ouverte des journalistes » au moment de la déclaration, que ses confrères « n’étaient décidément pas prêts pour l’autogestion ».
  • 14 h 30 – L’annonce a été écoutée à la Rolandière par une quarantaine de zadistes, à l’écart des journalistes. Dans le même temps, une banderole a été préparée et installée sur le Phare, affichant : « Et toc ! Rendez-vous le 10 février. » Ce groupe a ensuite quitté la Rolandière pour aller à la Wardinne afin de préparer la conférence de presse. Également, une grande banderole « Merci ! » est en préparation : elle sera ensuite emmenée par les habitants de la Zad de ferme en ferme, pour aller saluer et remercier les agriculteurs « historiques », et célébrer avec eux cette victoire.
  • Le mouvement anti-aéroport s’est donné rendez-vous ce mercredi à 18 h à La Vache rit. D’après notre journaliste présent sur place, « un hélicoptère de la police survole la zone ».
  • Sur le site internet des habitants de la Zad, les opposants « demandent à toutes les personnes qui souhaitent [les] soutenir de rester vigilant.e.s et d’attendre un appel clair de [leur] part avant de venir sur la Zad. »
Dans le village de Notre-Dame-des-Landes, les militants de l’Acipa attendent la décision

LES RÉACTIONS DES OPPOSANTS À L’AÉROPORT
  • Pour Michel Dubromel, président de France nature environnement« cette décision courageuse montre que, loin de s’entêter dans un projet du passé, le gouvernement change de logiciel, intègre les enjeux d’aujourd’hui et, via une méthode innovante, sort par le haut de ce dossier complètement enlisé », explique-t-il dans un communiqué. Concernant la gestion des terrains prévus pour l’ex-projet d’aéroport, France nature environnement demande au gouvernement « de prendre le temps de coconstruire un projet de territoire, basé sur les atouts de celui-ci. Et ce avec l’ensemble des habitants et des parties prenantes. L’avenir de ce territoire ne doit pas être une urbanisation et une agriculture intensive destructrices, mais passe notamment par l’agroécologie pour aménager ce territoire de manière durable et développer, en circuits courts et de proximité, des activités et des pratiques compatibles avec la préservation de l’environnement.
  • Jointe par Reporterre, Geneviève Coiffard, membre de la coordination du mouvement anti-aéroport se réjouit d’une « formidable victoire collective », « reconnue et ressentie comme telle par tous, habitants de la Zad, agriculteurs historiques, associatifs, naturalistes ». Elle décrit comment jeunes habitants et agriculteurs ont célébré l’annonce de l’abandon du projet, en dansant ensemble. Chacun sait ce qu’il doit aux autres composantes : « Si les historiques n’avaient pas tenus, on n’en serait pas là. Si les nouveaux habitants n’étaient pas venus, on n’en serait pas là non plus. » Cette intelligence collective caractérise d’après elle la lutte de Notre-Dame-des-Landes : « Cette lutte est inouïe et complètement hors norme quant à sa durée, la diversité et le nombre de personnes, et la diversité des tactiques. » Et maintenant « Il est urgent de s’occuper de la route D281, dite “route des chicanes”. Ce problème doit être résolu par le mouvement et au sein du mouvement, sans attendre la Saint-Glinglin, mais sans intervention des forces de l’ordre. Mais, vu qu’il n’y a plus de projet d’aéroport, il n’y a pas de raison pour que cette route reste dans l’état actuel », c’est-à-dire encombrée et donc difficile d’accès. Quant à l’avenir de la Zad et des terres, elle espère qu’une structure légale issue du mouvement pourra gérer les terres revenues sous le giron du conseil général, par exemple sous la forme d’un bail emphytéotique. Cette structure pourrait ensuite redistribuer les terres aux personnes qui souhaitent la cultiver, de manière conventionnelle ou hors cadre (sans cotiser auprès de la Mutualité sociale agricole). « On craint que les terres ne soient vendues pour créer de grandes exploitations », explique-t-elle. En tout état de cause, « tout ceci va prendre du temps, pour penser les structures juridiques et les projets agricoles, il ne faut pas nous précipiter ». Le rassemblement du 10 février devrait permettre d’impulser une nouvelle page de l’avenir de la Zad.
  • Dans un communiqué communl’ensemble des composantes du mouvement anti-aéroport salue « une victoire historique face à un projet d’aménagement destructeur » rendue « possible grâce à un long mouvement aussi déterminé que divers ». Dans le futur, « ce territoire doit pouvoir rester un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole ».
    En ce qui concerne l’avenir de la Zad, l’ensemble du mouvement réaffirme dès aujourd’hui :
  1. La nécessité pour les paysans et habitants expropriés de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite ;
  2. Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venus habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre en soin ;
  3. Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la Zad par le mouvement dans toute sa diversité — paysans, naturalistes, riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.
    Le mouvement s’engage à rouvrir la route D281, fermée à la circulation depuis 2013. « La présence ou l’intervention policières ne feraient donc qu’envenimer la situation », précisent les opposants.
  • Selon Marie Toussaint, présidente de l’ONG Notre affaire à tous :
La résistance à NDDL fut légitime car ce projet n’aurait jamais dû exister. C’est précisément l’inadéquation de notre droit et de notre démocratie qui a mené à son déploiement, et donc à l’occupation des terres. En 2017, 312 défenseurs des droits humains et environnementaux ont été tués dans 27 pays. Après la décision de non-lieu pour Rémi Fraisse, la France ne peut contribuer à l’augmentation de ce chiffre terrifiant. »

LES RÉACTIONS DES FEMMES ET HOMMES POLITIQUES
  • Interrogée par Reporterre à l’Assemblée nationale, la députée LREM Barbara Pompili se félicite de cette annonce : « On se donne deux mois pour travailler sur ce territoire, pour qu’il revienne à l’agriculture et pour trouver des solutions apaisées avec ceux qui y sont. » La députée a salué « une décision courageuse et intelligente » par laquelle « le gouvernement met en adéquation ses paroles et ses actes sur le développement durable ». Quant à l’avenir des habitants de la Zad, elle les invite « à expérimenter et à travailler ensemble avec les autorités plutôt que de se braquer ». Enfin, quant à la question de voir des Zad se multiplier, c’est d’après elle un « fantasme » : « On a avancé sur le fait de pouvoir réfléchir au projet en amont, en discuter avec les populations et avoir une recherche d’alternatives. »
  • Pour Matthieu Orphelin, député LREM opposant à l’aéroport, « ce n’est pas la victoire des uns contre les autres ». Il parle d’une bonne décision, apaisante, qui permet une sortie par le haut. Le choix du gouvernement va plus loin que le rapport des médiateurs, qui proposait une réserve foncière au cas où l’on voudrait faire aéroport plus tard. On va faire de Notre-Dame-des-Landes un grand projet agricole pour le XXIe siècle. Sur la méthode, « le gouvernement a été irréprochable », selon lui. Qu’en est-il de l’avenir de la Zad « Sans délai, les routes doivent être entièrement nettoyées, et c’est aux opposants de prendre cette responsabilité »,insiste-t-il, tout en se disant « soulagé » de savoir que ce soir, « il n’y aura pas des centaines de policiers » dans le bocage nantais. Enfin, il balaie l’hypothèse de « créer un précédent et pousser à la création de Zad » : « Ce qui crée un précédent, c’est que plus jamais en France, un projet d’aménagement ne sera mené sans que les alternatives aient été étudiées. En ce sens, il y aura un avant et un après Notre-Dame-des-Landes. »
  • Dans un communiqué, le groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale se félicite de la décision, qui « confirme et valide la résistance sans faille qui s’est organisée depuis cinquante ans sur place avec des réseaux de sympathie active dans le pays ». Tout en refusant une expulsion de la Zad, les députés insoumis espèrent que Notre-Dame-des-Landes deviendra « une terre d’expérimentation concrète de la transition écologique ».
  • Pour l’écologiste Julien Bayou« cette victoire est à savourer ». Sur Twitter, il espère que cette décision créera « un précédent important pour que développement économique rime avec préservation de l’environnement et du vivant ». Il en appelle à la discussion sur la Zad, car dit-il, « l’évacuation dans la violence serait contreproductive ».

LES RÉACTIONS DES PARTISANS DE L’AÉROPORT
  • « Une très mauvaise décision pour les habitants de Loire-Atlantique », a dit Philippe Grosvalet, président du syndicat mixte aéroportuaire« Par cette décision, Emmanuel Macron piétine les procédures publiques et les 179 décisions de justice, et la voix des électeurs. Il n’y aura que des perdants. »

LES DÉCLARATIONS D’ÉDOUARD PHILIPPE

À 13 h 30, le Premier ministre a mis fin à une bataille pour l’écologie engagée depuis cinquante ans : « Le projet de Notre-Dame-des-Landes sera abandonné. »

Édouard Philippe a expliqué que « les conditions se sont pas réunies pour mener à bien le projet d’aménagement d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Un tel projet ne peut se faire dans un tel contexte d’opposition exacerbée de la population. Notre-Dame-des-Landes, c’est l’aéroport de la division. Cette décision est logique au regard de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. »

  • Écouter le discours :
    Le discours d’Edouard Philippe sur Notre-Dame-des-Landes le 17 janvier 2018
  • Télécharger le discours :
    Le discours d’Edouard Philippe sur Notre-Dame-des-Landes le 17 janvier 2018
  • Les principaux points du discours :
    • Un abandon du projet justifié par l’opposition d’une partie de la population. « Un tel projet ne peut se faire dans un tel contexte d’opposition exacerbée de la population. Les autres projets récents (viaduc de Millau et autres) se sont tous réalisés parce qu’ils étaient largement portés et acceptés par la population. Notre-Dame-des-Landes, c’est l’aéroport de la division. Le projet de Notre-Dame-des-Landes sera donc abandonné », a déclaré M. Philippe. « Dès aujourd’hui, la demande de prorogation d’utilité publique sera retirée. La déclaration d’utilité publique (DUP) deviendra caduque le 8 février prochain », a-t-il ajouté.
    • L’aéroport actuel de Nantes Atlantique sera agrandi. « Brest, Nantes et Rennes devront disposer de connections faciles avec les autres métropoles européennes. Il n’y a pas de solutions idéales mais une option alternative crédible : l’extension de l’aéroport actuel. Nous ferons tout pour réduire les nuisances pour les habitants de Saint-Aignan », a précisé M. Philippe.
    • Les habitants « illégaux » de la Zad de Notre-Dame-des-Landes devront quitter les lieux d’ici le printemps. « Les trois routes doivent être rendues à la libre circulation. Les squats qui débordent sur la route devront être évacués. A défaut, les forces de l’ordre interviendront, a prévenu M. Philippe. Les habitants illégaux devront partir d’eux mêmes d’ici le printemps prochain. »
    • Le site de Notre-Dame-des-Landes conservera une vocation agricole. « Les terres retrouveront leur vocation agricole. (…) La vocation agricole des terres sera préservée. Les agriculteurs expropriés pourront récupérer leurs terres. (…) Des installations agricoles pourront avoir lieu à partir d’avril dans un cadre légal. L’État engagera une cession progressive des terres », a indiqué M. Philippe.

LE FIL DE LA JOURNÉE AVANT LES DÉCLARATIONS D’ÉDOUARD PHILIPPE
13h10 : le Premier ministre va arriver dans quelques minutes. A côté du lutrin, les marques des places où doivent se disposer les ministres
  • 13 h 5 – Alors que les journalistes attendent à l’Élysée l’annonce gouvernementale, Ouest-France affirme que le projet serait abandonné, d’après une source ministérielle. L’extension de l’aéroport de Nantes-Atlantique serait donc l’option retenue.
  • 12 h 52 – Source officielle : le projet #NDDL est abandonné ! L’annonce va être officialisée dans un instant.
12 h 34 : les journalistes attendent la décision
  • 12 h 20 – Le Premier ministre, Édouard Philippe, doit annoncer la décision du gouvernement sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ce mercredi 17 janvier à l’issue du Conseil des ministres, entre 12h30 et 13h30. D’après notre journaliste présente sur place à l’Élysée, il s’exprimera en présence des ministres de l’Intérieur, Gérard Collomb, de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, des Transports, Élisabeth Borne, de la Justice, Nicole Belloubet, et du porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Un point d’« échanges sur Notre-Dame-des-Landes » était inscrit à l’ordre du jour du Conseil des ministres de ce mercredi 17 janvier. Le gouvernement se retrouve mercredi matin à l’Élysée autour du président Emmanuel Macron à l’occasion du Conseil des ministres. Forces de l’ordre, services de l’État et élus se tiennent prêts pour ce mercredi, à la mi-journée.

Des camions des forces de l’ordre ont été aperçus mardi 16 janvier sur les routes en direction de Notre-Dame-des-Landes, Nantes et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). De nombreuses chambres d’hôtels destinées à les héberger auraient également été réservées dans les environs.

Sept escadrons de gendarmerie mobile sont attendus mercredi sur place, selon une source proche du dossier citée par l’AFP, avec pour objectif de quadriller la zone et de procéder à des contrôles afin d’éviter l’arrivée de renforts dans la Zad. Plusieurs compagnies de CRS seront elles à Nantes et à Rennes afin d’assurer le maintien de l’ordre en cas de manifestations, selon la même source.

Édouard Philippe, qui a rencontré plus de 100 élus de l’ouest depuis dix jours et s’est rendu discrètement samedi à Notre-Dame-des-Landes, se chargera d’annoncer lui-même la décision. À huis clos devant les députés LREM, Édouard Philippe a reconnu qu’après ces consultations, il n’était « pas forcément plus facile de se prononcer ». « Quelle que soit la réponse, elle sera mauvaise », car elle fera des mécontents, a-t-il admis.

Edouard Philippe a rencontré des élus locaux jusqu’au 12 janvier

Une option possible est celle d’une forme d’ultimatum pour permettre aux volontaires de quitter les lieux, avant une intervention dans quelques jours, selon un proche du dossier cité par l’AFP.

L’annonce sera donc faite à la mi-journée, dans un salon privé de l’Élysée, sans questions à l’issue.


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Lire aussi : Édouard Philippe : « Le choix se formalise désormais ainsi : “Notre-Dame-des-Landes ou le réaménagement de Nantes Atlantique” »


Source : La rédaction de Reporterre

Photos : 
. La Vache rit : © Emmanuel Brossier/Reporterre
. Élysée : © Marie Astier/Reporterre
. Édouard Philippe et élus : compte twitter d’Édouard Philippe
. Acipa : @AnnePatinec (Twitter).

Documents disponibles

  Le discours d’Edouard Philippe sur Notre-Dame-des-Landes le 17 janvier 2018  Le discours d’Edouard Philippe sur Notre-Dame-des-Landes le 17 janvier 2018

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