La supplication: Le prix Nobel de littérature 2015 à Svetlana Alexievitch

Le 8 octobre 2015  a été décerné le prix Nobel de littérature 2015 à l’écrivaine biélorusse Svetlana Alexievitch, « pour son œuvre polyphonique, un monument à la souffrance et au courage de notre époque. » A cette occasion, rediffusion spéciale de l’émission Hors-Champs du 25 mars 2014 en compagnie de la lauréate*. 13 novembre 2015

Sveltana Alexievitch a recueilli la parole des survivants de cet immense drame et leur a permis de dire ce qu’ils ont vu aussi bien que ce qu’ils ont ressenti.

Chacun à sa façon, femmes, mères, pompiers volontaires, militaires envoyés à la mort, raconte la perte d’un mari, d’un enfant, la peur, le découragement, le sentiment d’abandon mais aussi la vie qui éclate dans chacun de ces témoignages comme une leçon de dignité et de force morale. Les mots justes. De ces mots, l’auteur dit : « Ils ne parlent pas de Tchernobyl mais du monde de Tchernobyl, justement de ce que nous connaissons peu, de ce dont nous ne connaissons presque rien. Une histoire manquée: voilà comment j’aurais pu intituler ce livre (…) Je m’intéressais aux sensations, aux sentiments des individus qui ont touché à l’inconnu. Au mystère. Tchernobyl est un mystère qu’il nous faut encore élucider. C’est peut-être une tâche pour le XXIeme siècle. »

A l’heure où le Japon doit faire face à un accident nucléaire majeur, ces paroles apparaissent comme encore plus nécessaires**.

 

 

* http://www.franceculture.fr/emission-hors-champs-svetlana-alexievitch-prix-nobel-de-litterature-2015-2015-10-08

**  http://www.franceculture.fr/emission-fictions-le-feuilleton-la-supplication-tchernobyl-chroniques-du-monde-apres-l-apocalypse-55

Réécoutez la présentation du roman en 1998 par Michel Polac, très ému :

 

(source : Archives INA)

 

La 4 eme de couverture:

 

 » Sur Tchernobyl, des dizaines d’ouvrages ont été écrits, des milliers de mètres de bandes vidéo tournées… Ce livre, cependant, parle non pas de Tchernobyl mais du monde de Tchernobyl dont nous ne connaissons presque rien, non pas de la catastrophe mais de ce qui a suivi, d’un monde nouveau et différent, pour lequel il n’y a pas de langage.
 » Trois années durant, j’ai voyagé et questionné des hommes et des femmes de générations, de destins, de tempéraments différents. Tchernobyl est leur monde. Il empoisonne tout autour d’eux, la terre, l’air, l’eau mais aussi tout en eux, la conscience, le temps, la vie intérieure.
 » Faire que ce que plusieurs racontent devienne l’Histoire : en voyageant, en cédant la parole à ces gens, j’ai souvent eu l’impression de noter le futur, notre futur. « 
Ainsi parle Svetlana Alexievitch de La Supplication. Tout comme l’oeuvre de Primo Levi sur Auschwitz ou celle d’Alexandre Soljenitsyne sur le Goulag, son livre nomme l’indicible en faisant entendre, pour la première fois, les voix suppliciées de Tchernobyl.

Écrivain et journaliste biélorusse, dissidente soutenue par le Pen-Club et la Fondation Soros, rendue célèbre dans le monde entier par Les Cercueils de zinc, ouvrage mémorial sur la guerre d’Afghanistan, Svetlana Alexievitch a déjà reçu, en Allemagne, Le Prix du livre politique et Le Prix des Libraires pour La Supplication. Elle vient de recevoir le 8 octobre 2015 le Prix Nobel de littérature.

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