Cette année, notre dernier vêlage devait avoir lieu juste après Noël. Mais il faut croire que le Père Noël avait une hotte bien chargée pour compenser la morosité ambiante. Du coup, au Liminbout, il a vidé sa hotte en avance, 12 jours avant l’heure… Cela nous a permis d’être sereins à Noël et de ne pas avoir à nous relever. 29-12-2012.
« Hotte » et sa mère Eidelweiss
Jours gris qui se succèdent…
Cette période de l’année est toujours difficile pour moi : beaucoup de travail d’astreinte sur la ferme (presque tous les animaux sont rentrés), des journées courtes (quand on part travailler le matin, il, fait nuit et quand on rentre à la maison le soir, il fait nuit), de la fatigue… et un décalage certain sur la frénésie d’achats et de consommation qui entoure cette période.
Où sont passées les valeurs de Noël ?
Heureusement, je les ai retrouvées hier lors du pot-au-feu agricole qui a eu lieu à côté de la Chataigne et qui a regroupé beaucoup, beaucoup de monde pour un moment de partage, de convivialité, de sympathie, de retrouvailles, d’amitié…
Depuis la mise en place des tracteurs autour des cabanes reconstruites (il y a plus d’un mois), des agriculteurs se relaient pour assurer une permanence. Cette présence, cet engagement nous renforcent au quotidien pour tenir malgré tout :
- -malgré l’expropriation qui arrive à son terme et qui va bientôt nous amener l’huissier pour notre rendu de jugement,
- – malgré la tactique affichée des pouvoirs publics qui est de faire pourrir la situation en mettant en place ce qu’il faut pour déclencher un «accident » suffisamment grave pour faire basculer l’opinion publique : mise en place d’une commission de dialogue (dont l’objectif n’est pas clair à mes yeux…) et simultanément maintien d’une présence policière qui pourrit la vie de tous au quotidien et comme le quotidien n’est pas au temps des semailles et travaux des champs, certains jeunes viennent pour chercher des crosses aux bleus…
C’est pourquoi, j’ai le sentiment de vivre sur le fil du rasoir en étant consciente qu’il suffirait de peu de choses pour que cela bascule d’un côté ou de l’autre. Angoisse…
Mais aussi Espoir : le dialogue existe, les comités de soutien sont nombreux, la solidarité s’invente au quotidien, des rencontres riches ; si chacun se sent respecté, des ponts peuvent s’établir entre les différents mondes présents…
J’attends les vœux de notre président en espérant qu’ils ne se contenteront pas d’être des vœux pieux car il y a urgence…
Publié par Sylvie, paysanne à Notre Dame des Landes.