La Hague: fuite de tritium radioactif dans les stockages de l'ANDRA

Des mesures récentes font état d’excédent de tritium. L’exploitant assure que ces prélèvements sont fiables mais le stockage aussi. Greenpeace évoque des problèmes d’isolation. Qui a raison ? L’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui considère qu’il n’y a aucune trace de tritium dans les eaux souterraines, sous le centre de stockage de déchets radioactifs de la Manche (CSM) ? Ou le laboratoire indépendant Acro (Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest) ? La commission locale d’information (Cli) lui a commandé une étude : du tritium a été trouvé en quantités importantes. Ouest France 7 juin 2013  Voir plus bas : Déchets nucléaires, le cauchemar continue
Le centre de stockage de la Manche (CSM), situé à Digulleville dans la Hague. Ouest-France

Le centre de stockage de la Manche (CSM), situé à Digulleville dans la Hague.© Ouest-France

Le centre CSM. Il est situé à Digulleville, commune sur laquelle s’étend une partie de l’usine Areva de la Hague. De 1969 à 1994, il a reçu 500 000 m3 de déchets de faible ou moyenne activité radioactive. Depuis vingt ans, les fûts enfouis, sous une couverture minérale et végétale, sont étroitement surveillés.

Le tritium. Cette forme radioactive de l’hydrogène, difficile à contenir, est produite par toutes les industries nucléaires, qui disposent d’autorisations de rejets dans l’environnement. Ce radio nucléide se trouve sous forme liquide ou gazeuse. Sa toxicité pour l’homme est mal connue. Dans l’environnement, il est considéré comme un polluant. En 1976, le CSM a déversé accidentellement du tritium dans la nappe phréatique. Cette pollution n’aurait pas disparu.

La polémique. L’Andra surveille le CSM. Mais ses critères sont-ils corrects et suffisants ? La Cli s’interroge. Les analyses environnementales sont rassurantes. En 2012, aucun problème n’est signalé. Pour mesurer la qualité de l’eau, on effectue des prélèvements dans des piézomètres (des puits) autour du site. Et à hauteur donnée. L’Acro a choisi de les faire à quatre hauteurs différentes. Elle constate des écarts considérables avec les mesures de l’Andra. Jusqu’à 250 fois plus de tritium au fond des puits. L’association estime donc que la façon dont procède l’exploitant « n’apporte qu’une information partielle de la situation radiologique présente »

Les conséquences. Les questions fusent : la concentration de tritium provient-elle de l’accident de 1976 ? Le CSM continue-t-il à en produire à cause d’une mauvaise isolation des fûts stockés sur le site ? Greenpeace l’affirme : on ne sait pas stocker des déchets de faible et moyenne activité. A fortiori ceux de haute activité qui doivent être entreposés à Bure dans la Marne. L’association réclame la reprise, le tri, et le conditionnement des déchets de la Manche. Le coût de cette opération serait faramineux.

La Cli a décidé, avec l’Andra, de poursuivre l’étude sur trois ans.

Thierry DUBILLOT.  Ouest-France

http://www.clermont.maville.com/actu/actudet_-Fuite-radioactive-dans-les-stockages-de-la-Hague-_fil-2351518_actu.Htm

Déchets nucléaires, le cauchemar continue

…lu sur le site de Greenpeace France…06 juin 2013 Par Corinne N

 »     Ce matin, l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest) laboratoire indépendant, a publié un rapport sur la qualité radiologique des eaux souterraines au droit du Centre de Stockage de la Manche (CSM). Le contrôle des rejets du centre de stockage est en effet un élément essentiel de la surveillance du site …

Les conclusions de ce rapport sont accablantes : le centre de stockage de déchets nucléaires de la Manche présente des fuites qui polluent la nappe phréatique dans des proportions largement supérieures aux chiffres publiés par l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs).

Les déchets stockés dans ce centre laissent du tritium (élément radioactif) se déverser dans le sol.
La pollution en tritium des nappes phréatiques a pour point de départ une contamination massive des eaux souterraines et superficielles survenue en 1976. Mais l’ACRO note dans son rapport que la pollution n’a pas encore disparu. Si elle a globalement diminué, la contamination des eaux souterraines peut encore atteindre 150 000 Becquerels/Litre dans certaines zones.

Or, cette contamination aurait du baisser si l’on considère la décroissance logique de la radioactivité et le renouvellement des eaux. On ne peut donc pas exclure que le CSM continue à alimenter les nappes phréatiques en tritium.

Dans la Manche, des déchets classés faiblement radioactifs

Les déchets stockés dans la Manche font partie de la catégorie des faiblement radioactifs et ayant une durée de vie courte.

Dans la classification de l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), les déchets de faible et moyenne activité à vie courte sont essentiellement des déchets liés à la maintenance (vêtements, outils, gants, filtres…) et au fonctionnement des installations nucléaires (traitements d’effluents liquides ou gazeux). Ces déchets sont également issus de laboratoires de recherche, d’hôpitaux, d’universités… ou d’opérations d’assainissement et de démantèlement.
Après avoir été stockés au Centre de stockage de la Manche, aujourd’hui fermé et surveillé par l’Andra, les déchets FMA-VC sont accueillis dans un centre exploité par l’Andra dans le département de l’Aube depuis 1992. Plus de 10 000 m3 y sont stockés chaque année.

Malgré cette classification, le rapport dévoilé par l’ACRO aujourd’hui pointe une terrible évidence : l’Andra n’arrive pas à gérer ces déchets sur quelques dizaines d’années !

Déchets nucléaires : un problème insoluble

L’industrie nucléaire est aujourd’hui dans l’incapacité à résoudre le problème des déchets. Les solutions proposées, à commencer par les centres de stockage ont prouvé leur inefficacité, voire pire, leur dangerosité.
Dès lors, nous ne pouvons que dénoncer le débat organisé sur le centre de stockage de Bure : comment discuter sereinement d’un projet de stockage des déchets les plus fortement radioactifs qui nous engagerait sur des milliers d’années ? Avant même de parler de Bure, essayons de régler les problèmes que nous avons déjà !

Greenpeace suspend sa participation au débat public sur le projet CIGEO – Bure tant que les autorités n’auront pas présenté un plan d’action satisfaisant pour résoudre les problèmes dénoncés par l’Acro au centre de stockage de la Manche : reprise, tri et reconditionnement des déchets ainsi que décontamination de la nappe phréatique et du site.

Les déchets, tabou du nucléaire

Les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille : l’industrie nucléaire jouit d’une image “fascinante” pour le public. Pour beaucoup, l’énergie atomique est une prouesse scientifique nationale incroyable, le fleuron du “made in France”. C’est ainsi que la présente les responsables politiques et industriels … Mais la question des déchets fait tâche dans la toute puissance de l’atome. Car aucune solution acceptable n’existe.

Nous savons que la seule solution possible pour les déchets nucléaires est d’arrêter d’en produire.     »

Article avec les illustrations et les liens en cliquant ici !

 

1 Commentaire

    • Sylvain sur 12 juin 2013 à 10 h 08 min
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    Si vous lisez le rapport Acro (déjà disponible sur leur site) vous pourrez alors constater que le rapport entre les mesures effectuées par l’Andra et les plus fortes mesurées par l’Acro ne sont pas de 250, mais de 54 au maximum. Certes une différence existe mais elle n’est pas à la hauteur de celle annoncée. merci de rester objectifs.
    la présence de tritium en quantités plus importantes en profondeur est probablement la conséquence d’un incident survenu en 1976. Si comme le propose l’Acro les prélèvements étaient réalisés par pompage, outre la dispersion complète de cette contamination profonde, les mesures seraient plus représentative des niveaux les plus productifs, c’est à dire les plus superficiels là où l’Andra fait ses prélèvements.
    la surveillance de l’environnement du CSM est mise en place en premier lieu pour évaluer l’impact ACTUEL de ce dernier sur l’environnement. celui -ci est faible, comme indiqué dans les bilans annuels. l’andra indique que les prélèvements sont effectués dans les forages en partie surpeficielle, au plus près du centre ; pour autant l’Andra poursuit les prélèvements en profondeur pour suivre spécifiquement cette évolution.
    Avant le CSM les déchets étaient jetés en mer, de grands progrès ont été effectués depuis, en particulier avec le Centre de Stockage de l’Aube, son successeur. il y a donc matière pour rester confiants envers l’Andra vis à vis de la mission confiée par l’état, en particulier pour les projets futurs (Bure n’est pas dans la Marne, mais dans la Meuse, limitrophe avec la Haute-Marne)
    Quand à la reprise, le tri, et le reconditionnement des déchets, outre le coût, c’est tout simplement une hérésie compte tenu des risques liés, à l’exposition potentielle, et à la fabrication de nouveaux déchets en plus de ceux existants (moyens de manutention, gants, blouses, etc …)
    si vous le souhaitez http://www.andra.fr

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