L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mercredi 13 septembre 2017 avoir placé la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire (Cher) « sous surveillance renforcée« . Par Sciences et Avenir avec AFP le 14.09.2017
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a décidé de placer sous surveillance renforcée la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire dans le Cher (18), en raison de la dégradation du niveau de sûreté qu’elle constate depuis 2016 sur ce site, et de l’absence d’améliorations notables de la part d’EDF à ce jour, affirme l’Autorité de sûreté nucléaire dans un communiqué publié sur son site. Dans ce texte publié le 13 septembre 2017, le « gendarme du nucléaire » avance deux raisons à cette décision. La première est une hausse du nombre d’évènements « significatifs » liés à un « défaut de surveillance dans la conduite des réacteurs« . Sur la page de la centrale, sont en effet déclarés pour l’année 2016, 34 événements de niveau 0 (sur une échelle qui en comporte 7) et 8 événements de niveau 1. « Parmi ces événements, certains (6 en 2016) sont communs à plusieurs réacteurs : ils sont appelés « génériques » » poursuit le communiqué de la centrale, qui affirme par ailleurs que « aucun de ces événements n’a eu d’impact sur la sûreté des installations« .
Une affirmation que conteste l’ANSN qui annonce avoir relevé « plusieurs défaillances de l’exploitant dans l’identification et l’analyse des conséquences des anomalies affectant certains équipements importants pour la sûreté (état apparent dégradé de certains matériels, ne permettant pas de garantir leur bon fonctionnement en l’absence d’analyse supplémentaire)« . Est également pointée du doigt une « dégradation dans la qualité des réponses qui lui sont fournies, ainsi qu’une réactivité insuffisante de l’exploitant« .
Une mise sous surveillance renforcée
Ces observations ont motivé l’ASN à conduire une inspection « renforcée » sur le site pendant deux jours en avril 2017 afin « d’évaluer l’organisation de l’exploitant pour la détection et le traitement des anomalies pouvant affecter les matériels importants pour la sûreté« . Verdict : des « carences dans la mise en œuvre de l’organisation » en ce qui concerne la « surveillance et l’entretien des installations » ont été confirmées. Le directeur a de la centrale a été convoqué le 7 septembre 2017, et sommé de présenter un plan d’action. Sollicité par l’AFP, EDF a dit « prendre acte » de cette décision, ajoutant que « tous les points soulevés par l’ASN ont fait l’objet d’actions correctives« . Le groupe « a proposé un plan d’action à l’ASN au mois d’avril qui a été accepté » et est en train d’être mis en place. Comme beaucoup des remarques de l’ASN concernent « le facteur humain » sur la centrale, détaille une porte-parole, les actions correctives visent un « renforcement de la culture de sûreté » avec des formations sur les bonnes pratiques lors des interventions et d’autres juste avant les interventions programmées. Cette mise sous surveillance renforcée, procédure exceptionnelle, se traduira par des contrôles supplémentaires sur le site et « une attention particulière » aux mesures que prendra EDF. Une inspection de contrôle sera enfin menée en 2018.
Par le passé, la centrale de Chinon (Indre-et-Loire) avait également été placée sous ce régime de surveillance renforcée entre 2013 et 2015, et avant elle en 2000, la centrale de Dampierre (Loiret), a précisé l’ASN à l’AFP. Mise en service entre 1987 et 1988, la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire comprend deux réacteurs de 1.300 mégawatts chacun. En 2016, elle a produit 16,7 milliards de kWh soit l’équivalent de 100 % des besoins de la région Centre, ce qui représente plus de 4 % de la production nucléaire nationale.