Le lac Karatchaï, en Russie, est l’un des lieux parmi les plus pollués de la planète. Les déchets radioactifs d’une usine proche y sont enfouis depuis le début des années 50. Les effets sur la santé de la population sont très graves.
Dans les montagnes du sud de l’Oural, en Russie, se trouve le lac Karatchaï. Pas bien grand – 45 ha – et peu profond, il n’en est pas moins l’un des lacs les plus dangereux au monde. Il s’agirait, selon un rapport de l’institut américain Worldwatch sur les déchets nucléaires, de l’endroit le plus pollué de la planète.
Dès la mise en service de Maïak, une usine de stockage et de retraitement proche du lac, en 1949, des déchets radioactifs sont enfouis dans ce lac de l’Union soviétique d’alors. Au total, le lac a accumulé 4,44 exabecquerels (EBq, unité de mesure des radionucléides) de radioactivité. Pour comparer, la catastrophe de Tchernobyl, en 1996, avait libéré dans l’atmosphère entre 5 et 12 exabecquerels.
Cancers, leucémies, handicaps…
Selon le Natural Ressources Defense Council, une ONG américaine consacrée à la protection de l’environnement, le niveau de radiation dans la région est amplement supérieur à la dose létale suffisante pour tuer un humain en une heure.
L’usine Maïak, proche du lac, pendant des travaux. (Photo : Wikipédia)
Un accident nucléaire eut lieu en 1957. En 1968, une importante sécheresse avait fait baisser le niveau du lac, puis une tempête avait balayé la région, emportant avec elle des poussières radioactives. Quelque 500 000 personnes furent irradiées. Depuis, 10 000 blocs de béton ont été posés au fond du lac, une technique censée empêcher les sédiments de remonter.
Mais l’impact sur la population reste important. Depuis le début du stockage des déchets radioactifs dans le lac, le nombre de cancers chez les travailleurs et résidents de la région a augmenté de 21 %. Les anomalies congénitales ont augmenté de 25 % et les leucémies de 41 %.