Japon: Enquête citoyenne sur la génération qui vient

La semaine dernière, une amie sage-femme, travaillant au centre pour jeunes enfants où je vais souvent avec notre fille, m’a confirmé dans mes inquiétudes. Ses collègues sages-femmes de Fukushima lui ont affirmé qu’un nombre anormalement important d’IVG thérapeutiques ont été pratiquées depuis cet été. Par Laurent Mabesoone le mercredi 4 janvier 2012, Japon

Il s’agit d’interruptions médicales de grossesses, à la suite d’un test amniotique ayant révélé des anomalies génétiques, souvent une trisomie. Elle m’a parlé aussi de graves maladies cardiaques détectées à l’échographie.

Or, nous arrivons en ce moment à la période critique pour les naissances. Demain, cela fera déjà 300 jours, tout juste, que la catastrophe a été initiée, le vendredi 11 mars dernier. C’est donc en ce moment précis, de la mi-décembre à la mi-janvier, que vont naître les bébés conçus entre la mi-mars à la mi-avril, période durant laquelle les pires rejets radioactifs dans l’air ont eu lieu depuis la centrale de Fukushima Daiichi.

Pour les femmes, le problème est qu’elles disposent de leur « stock » d’ovules depuis qu’elles ont atteint l’âge fécond et, par conséquent, qu’une irradiation peut atteindre tout ce « stock » dans le même temps avec les risques de mutations génétiques que l’on connait. Pour les hommes, en revanche, la fabrication permanente de spermatozoïdes fait que la période la plus « risquée » est celle qui suit immédiatement une forte irradiation. Et la conjugaison des deux risques aboutit maintenant, après des conceptions début avril, à des naissances en ce début d’année 2012.

Mais nous allons devoir faire face à un autre type de problème. Le gouvernement, en effet, a placé le Pr Shun ichi YAMASHITA – célèbre « négationniste des effets des irradiations » – à la tête du CHU de Fukushima et nous pouvons être sûrs que, sous son contrôle, aucune statistique obstétrique négative ne sortira de ce Centre Hospitalier. Pour l’instant, la seule étude épidémiologique dont nous disposons sur la catastrophe de Fukushima, c’est l’article de deux chercheurs américains, Mangano et Sherman [1] .

Malheureusement, cet article traite uniquement des effets sur la santé publique aux États-Unis et se limite aux 14 premières semaines, avec tout de même, une conclusion alarmante : une augmentation de la mortalité – notamment des nouveaux nés – de 14 000 décès ! Que trouverions-nous alors si nous enquêtions dans les services d’obstétrique de ce Pr Shun ichi YAMASHITA !?

En Biélorussie, exactement 9 mois après la catastrophe de Tchernobyl, le taux de trisomie 21 chez les nouveaux nés est passé de 9,84 à 26. Et encore, il est attesté (malheureusement sans chiffres précis) qu’un nombre très important d’IVG thérapeutiques avaient été pratiquées en prévention [2]  ! Après ce quasi triplement du taux, il semble que l’augmentation des trisomies à la naissance fut un peu moins importante sans doute lié au renouvellement des spermatozoïdes chez le hommes. Désormais, nous sommes exposés à d’autres risques, à plus long terme cette fois, par une alimentation faiblement contaminée mais récurrente, insidieuse… piégeuse.

Le célèbre journaliste indépendant Kouta KINOSHITA suit depuis le début de cet hiver l’arrivée de cette « phase critique pour les nouveaux-nés ». Il souhaite vivement bénéficier d’informations et de libres témoignages. Son adresse électronique est la suivante :nagaikenji20070927@yahoo.co.jp

Ses blogs :

Le problème des nouveaux-nés de l’après 9-10 mois peut constituer la première preuve médicale (épidémiologique) fiable, afin de montrer l’ampleur des dégâts causés par la catastrophe. Il nous faut un maximum d’informations, dès maintenant, afin de mettre les responsables en face du problème de santé publique qui s’annonce. Enfin, si nous découvrons un état de santé anormal pour les nouveaux-nés de cet hiver 2011-2012, une vraie mobilisation populaire suivra inévitablement, pour l’arrêt définitif du nucléaire au Japon.

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