France Nature Environnement a insufflé un peu d’environnement dans la présidentielle à l’occasion de son 36e Congrès samedi 28 janvier où sept candidats, dont François Hollande, apôtre du « dialogue environnemental », sont venus chercher un brevet d’écologie. Sept candidats à la présidentielle se sont exprimé à l’occasion du 36e Congrès de France Nature Environnement.
Le Nouvel Observateur avec AFP le 28-01-2012. Voir en seconde partie du billet, le même sujet vu par le JDD. Quinze minutes pour chacun, chrono affiché sur écran géant derrière la scène: les candidats ont défilé devant les 2.000 militants de la plus importante fédération écologiste de France (3.000 associations) pour parler nucléaire, agriculture, biodiversité et économies d’énergie dans un exercice s’inspirant du « Pacte écologique » de Nicolas Hulot en 2007.
La quasi-profession de foi « verte » d’Hollande
L’occasion notamment pour François Hollande de décliner une quasi-profession de foi « verte » deux jours après avoir présenté ses « 60 engagements pour la France ».
Le candidat PS s’est engagé à « ouvrir une conférence environnementale » s’il était élu pour permettre « un dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social ».
Il a annoncé une « loi de programmation de transition énergétique » et rappelé son engagement à réduire de 75% à 50% la part du nucléaire dans la production électrique et la fermeture de la centrale de Fessenheim « dans le quinquennat ».
Avant lui étaient intervenus François Bayrou (MoDem), Eva Joly (EELV), Corinne Lepage (Cap21), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Hervé Morin (NC) et Dominique de Villepin (République solidaire).
Le nucléaire, thème récurrent des interventions
La question du nucléaire, en débat depuis l’accident de Fukushima, a été le thème récurrent des interventions, Eva Joly et Corinne Lepage évoquant la sortie de l’atome. Jean-Luc Mélenchon, Hervé Morin et Dominique de Villepin ont défendu l’idée d’un référendum sur l’énergie alors que François Bayrou a qualifié le nucléaire d' »énergie de transition ».
Absence de l’UMP, sans candidat déclaré
Avec des applaudissements nourris, notamment pour la candidate écologiste, les militants ont respecté les consignes du président de FNE qui les avait appelés à ne pas se montrer « irrespectueux vis-à-vis des différents intervenants ».
« France Nature Environnement compte dans ses rangs des militants qui votent de manière diverse et nous tenons fermement à notre indépendance vis-à-vis des partis politiques », avait souligné le président Bruno Genty.
Pas question de « noter » les candidats pour FNE, mais les réponses seront « relayées » auprès des membres des associations affiliées à la fédération, soit quelque 850.000 électeurs, en vue de la présidentielle et des législatives.
FNE avait soumis aux candidats une série de propositions (l' »Appel des 3.000″) sur lesquelles les candidats étaient appelés à se positionner.
L’UMP, faute de candidat déclaré, n’a pas participé à ce « grand oral ».
NKM revient sur le Grenelle de l’environnement
Mais la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, de passage à la mi-journée pour inaugurer le « village » des associations, en a profité pour vanter le bilan « solide » de Nicolas Sarkozy, probable candidat de l’UMP.
« Avec le Grenelle de l’environnement, il est probablement le président de la Ve République qui a le bilan le plus solide en matière d’environnement », a-t-elle dit devant la presse.
« On trouvera l’occasion pour que le président de FNE puisse échanger avec notre candidat », a-t-elle ajouté au cours d’une visite où elle s’est vu offrir une pomme bio, mais aussi un paquet d’algues vertes de Bretagne, un sac sur lequel était brodé « Non au gaz de schiste » et des tracts contre l’aéroport de Notre-Dame des landes, près de Nantes.
« L’enjeu (de cette journée) est de faire en sorte que l’environnement soit abordé dans la campagne », a rappelé l’ex-ministre de l’Environnement et maire (EELV) de Montreuil Dominique Voynet.
Le JDD: Les candidats passent leur grand oral d’écologie
Samedi, sept candidats à la présidentielle ont parlé écologie à l’occasion du congrès de France Nature Environnement à Montreuil. L’occasion pour les prétendants à l’Elysée de dévoiler leur programme environnemental.
L’objectif? « Obliger les candidats à sortir du bois ». Samedi, sept d’entre eux* – tous ceux qui ont été invités – se sont succédé à la tribune à l’occasion du congrès de France Nature Environnement (FNE) à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Un grand oral d’écologie de quinze minutes – sûrement le seul de la campagne pour plusieurs d’entre eux – au cours duquel chacun a tenté de mettre en avant ses priorités environnementales. « La survie des abeilles » ou encore le « frelon asiatique » pour François Bayrou, qui s’est interrogé sur sa capacité à « répondre exactement au cahier des charges » de la fédération. Cette dernière a lancé un « appel des 3.000 » et demandé aux candidats de se prononcer sur ces propositions. Sans signature, à l’inverse du Pacte écologique de Nicolas Hulot en 2007.
Et tous ont évoqué la question du nucléaire, qui a été il y a quelques semaines – au moment de l’accord entre EELV et le PS – au coeur du débat politique. Le candidat du MoDem y voit une « énergie de transition en attendant que se mettent en place les promesses des énergies éoliennes ou hydrauliques ». Si Eva Joly a expédié ce sujet – car « vous connaissez déjà ma position », a-t-elle lancé à l’assistance – préférant demander aux autres candidats « d’expliquer le choix moral qu’ils font ». « L’écologie n’est pas une affaire d’opportunité politique », a estimé Eva Joly, qui a terminé son intervention, sous les applaudissements, en faisant le V de la victoire.
Mélenchon, Morin et Villepin pour un référendum
Mais Eva Joly, pourtant bien reçue devant un public acquis à la cause écologiste, n’a toutefois pas réellement pris l’avantage à l’applaudimètre. Car d’autres, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, Dominique de Villepin ou encore François Hollande, ont également suscité les applaudissements. Tout comme le chef de file du Front de gauche qui juge sa position « centrale » sur la question, l’ancien Premier ministre rejoint également par Hervé Morin (Nouveau centre) se sont prononcés pour la tenue d’un référendum sur le nucléaire. « Ne faisons pas l’erreur de couper l’environnement des autres enjeux », a déclaré Dominique de Villepin, qui s’est dit favorable à « une fiscalité écologiste au niveau national et européen ».
Dernier intervenant, François Hollande a pris une autre direction. Le socialiste a écarté l’idée d’un référendum – « ma démarche n’est pas celle là » – auquel il dit préférer un « grand débat citoyen qui prendra le temps qu’il faudra ». Avec une issue parlementaire puisque « le Parlement votera la loi de programmation de transition énergétique ». « C’est trop facile. Si ça passe par le Parlement, ça ne passera pas! », dénonce quelques minutes plus tard un membre du collectif Stop EPR, qui a déroulé une banderole au début du discours du socialiste. Le député de Corrèze – pour la fermeture de Fessenheim mais pour la poursuite de l’EPR de Flamanville – mettra également à son agenda une « conférence environnementale » et promis d’ouvrir « un dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social ».
« L’environnement, c’est transversal »
Du « clientélisme », dénonce le porte-parole d’EELV, Pascal Durand, qui rappelle que François Hollande n’a pas parlé d’écologie dans son discours du Bourget. « C’est le pire de la politique », précise-t-il, reconnaissant que, pour l’heure, « l’écologie politique ne rencontre pas l’écho » souhaité. « Il va y avoir une nouvelle séquence début mars » à l’occasion des un an de la catastrophe de Fukushima, ajoute l’élu parisien Denis Baupin, pour qui il est essentiel de « marteler le discours » d’EELV jusqu’au premier tour de la présidentielle. Afin de montrer que les écologistes portent les solutions à la crise.
Car, même au sein d’une assistance qui fait de l’environnement une priorité, Eva Joly ne remporte pas l’ensemble des voix. « Les 850.000 militants de FNE ne votent pas tous comme un seul homme », précisait il y a quelques semaines le président de la fédération, Bruno Genty, au JDD.fr. Un avis partagé par Monique, 68 ans, militante de l’association Graine : « L’environnement, c’est transversal », estime cette retraitée de l’enseignement, qui penche plutôt pour Jean-Luc Mélenchon, un candidat dont elle aime « la rigueur ». « Cela doit être la préoccupation de tous les candidats », renchérit Géraldine, 56 ans. Elle estime toutefois qu’Eva Joly « a le mérite de porter les idées de beaucoup de personnes ». « A nous de leur donner des raisons » de voter pour elle, conclut l’écologiste Pascal Durand.
* Dans l’ordre d’intervention : François Bayrou, Eva Joly, Corinne Lepage, Jean-Luc Mélenchon, Hervé Morin, Dominique de Villepin et François Hollande.