Vingt-quatre militants de Greenpeace ont manifesté mercredi devant le chantier de l’EPR de Flamanville pour demander à Nicolas Hulot de ne pas autoriser le démarrage du réacteur nucléaire où des anomalies ont été détectées. AFP / 28 juin 2017
« EPR: le grand bluff », « Stop EPR », pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les militants devant le chantier dont EDF est maître d’oeuvre.
« On est là pour interpeler le ministre. Il ne doit pas donner l’autorisation de démarrer l’EPR. L’EPR est dangereux », a déclaré Yannick Rousselet, le chargé des questions nucléaires de Greenpeace France.
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé mercredi une conférence de presse à 16h00 à Paris au sujet de l’EPR dont la cuve, pièce majeur du réacteur, présente des anomalies.
Le gendarme du nucléaire y « présentera sa position et les orientations qu’elle envisage de retenir pour la cuve de l’EPR », selon un communiqué.
Cette conférence fait suite à la réunion d’un groupe d’experts lundi et mardi pour examiner des solutions proposées par EDF et Areva, concepteur de la cuve, aux anomalies annoncées par l’ASN en avril 2015.
« Mon intuition c’est qu’ils vont globalement valider la cuve mais exiger des contrôles en service » qui n’ont pas lieu sur les autres centrales, a estimé Yannick Rousselet, qui a participé comme observateur à la réunion d’experts.
Selon lui, ces contrôles, auraient lieu tous les « deux, trois ans pendant plusieurs semaines », et seraient donc coûteux pour EDF, puisque « un jour d’arrêt d’un réacteur coûte un million d’euros » à l’entreprise.
Pour M. Rousselet, ces contrôles sont techniquement possibles sur le fond de la cuve mais pas sur le couvercle. C’est pourquoi, EDF a commandé un nouveau couvercle au japonais JSW, seule entreprise au monde capable de le réaliser, selon le militant.
Mais « EDF a dit qu’ils ne pourraient changer le couvercle avant 2024 », étant donné le carnet de commande chargé du Japonais, a poursuivi M. Rousselet.
Un couvercle coûte « plusieurs centaines de millions d’euros », précise M. Rousselet. Le coût de ce réacteur nouvelle génération, qui cumule problèmes techniques et retard, a déjà plus que triplé à 10,5 milliards d’euros.
Les conséquences sont « astronomiques » également pour les réacteurs EPR en construction à Taïshan, affirme le chargé des questions nucléaires de Greenpeace France.
Plusieurs représentants de l’autorité nucléaires chinoises et de l’exploitant des réacteurs de Taïshan ont assisté à la réunion de lundi et mardi, de même qu’un représentant de l’autorité de sûreté britannique, a-t-il précisé. Les Britanniques ont acheté deux EPR.