Fukushima: un désastre sanitaire

EnfantThyroidemardi 15 octobre 2013, Source  Nelson SurjonRoger NYMO. Jusqu’en juillet 2013, 160 000 personnes ont évacué, dont près de 57 000 d’entre elles en dehors de la préfecture. La plupart se sont réfugiées à Tokyo , Niigata et Yamagata.

47 107 vivent encore dans des préfabriqués de fortune et 10 681 sont toujours abritées par leur famille.

La majorité des habitants de la ville de Minami Soma se sont réfugies dans des villes comme Koriyama ou dans la ville de Fukushima, pourtant à 60 kilomètres de la centrale de Fukushima, mais encore plus irradiées que leur commune qu’ils venaient juste de fuir.

Cette évacuation soudaine et bâclée a entraîné une misère sanitaire, psychologique et sociale.

Un stress omniprésent, la peur au ventre et cette sensation diffuse d’avoir été trahis et abandonnés par un gouvernement qu’ils n’auraient auparavant jamais remis en question.

Le nucléaire, ce n’est pas seulement un danger pour la santé physique, mais il attaque aussi violemment l’équilibre psychique de ses victimes.

Les mères de Fukushima veulent protéger leurs enfants, donc elles sont parties loin, peut être trop loin, car elles se sentent délaissées peu à peu, leurs maris ont dû rester derrière pour ne pas perdre leur travail, leur unique source de revenus.

Les maris « chanceux » rejoignent leur famille pendant les weekends.

D’autres maris ne comprennent pas pourquoi leurs femmes sont parties, car ils doivent nier l’évidence d’une contamination dangereuse pour pouvoir garder leur travail.

Alcoolisme et divorces « prospèrent », les familles séparées finissent par se déchirer.

Il y a aussi la discrimination, interne et externe de Fukushima.

Ceux qui ont réellement pris conscience du danger que représente la contamination perpétuelle se retrouvent écartés de la société et doivent affronter la réalité seuls, livrés à eux-mêmes.

Certains se cachent de leurs voisins quand ils mesurent le taux de radiation autour de leur maison, pour ne pas engendrer une « peur collective ».

A Fukushima, il est tabou de parler de radiation à son voisin, à sa propre famille, même à son docteur !

Ne surtout pas parler de radiation aux médecins.

La plupart des médecins de Fukushima, sont souvent les mains liées ou tout simplement de connivence avec les autorités, ils déclarent systématiquement qu’aucun des symptômes détectés n’est liés à la radiation.

Aucun ! C’est dans la tête que ça se passe !!!

Une étude épidémiologique massive a été lancée à Fukushima sous la stricte supervision de l’Université Médicale de Fukushima.

Les 2 millions d’habitants de la préfecture et ses 360 000 enfants sont transformés pour l’occasion en cobayes.

Les tests sont faits à la va vite, ils sont souvent incomplets.

De nombreux parents se plaignent auprès du corps médical de malveillance.

Heureusement, les mères ne sont plus dupes et arrivent à faire suivre leurs enfants dans des cliniques indépendantes qui leur disent la vérité.

Voici quelques témoignages de mères de Fukushima :

J’ai emmené mon deuxième fils qui souffre d’une thyroïde enflée à l’hôpital connu pour les traitements de la thyroïde, Le médecin lui a touché la thyroïde, et a écrit effectivement sur le dossier qu’il a des kystes. Je lui ai dit que nous étions de Fukushima, alors il m’a dit qu’il n’avait pas le droit de donner son avis aux refugiés de Fukushima.

Mon fils a toujours la thyroïde enflée, pas d’appétit. Malgré tout, il faut l’autorisation soit de la préfecture de Fukushima, soit de l’Université Médicale de Fukushima pour le traitement. Je suis prête à payer beaucoup d’argent pour le suivi, mais ce n’est pas une question d’argent car évidemment, mon fils est couvert part la sécurité sociale.

Bonjour. On m’a dit « Demandez d’abord à l’Université Médicale de Fukushima et attendez la réponse ». Autrement dit, aucun médecin ne peut rien faire avec les habitants et les réfugiés de Fukushima sans autorisation. Par conséquent, mon médecin ne m’a donné ni diagnostic, ni l’état actuel de ma thyroïde.

Mon fils s’est fait refuser dans un hôpital qui se trouve à Nagano. J’avais déjà eu la même expérience ailleurs aussi. Le médecin m’a dit qu’il peut soigner un petit rhume ou une blessure, mais pas la thyroïde ni les maladies qui seraient liées à la radioactivité. Il m’a aussi montré une fiche « Avis sur le suivi de la santé des habitants de Fukushima » délivrée par la préfecture de Fukushima.

Pour soigner les réfugiés et les habitants de Fukushima, il faut absolument une autorisation de la préfecture de Fukushima qui dit que c’est eux qui prennent l’entière responsabilité de la santé et de la radioactivité de tous les habitants « à vie ». C’est absurde ce qu’ils disent.

Une catastrophe nucléaire est bien évidemment une catastrophe écologique, mais c’est aussi une catastrophe humanitaire !

Cette catastrophe touche des personnes comme vous et moi, simples citoyens, qui avons cru un jour que nos gouvernements seraient aptes à faire face à de telles situations et qu’ils sauraient nous protéger.

Mais ce n’est malheureusement pas le cas.

Ce que Tchernobyl avait montré, aujourd’hui Fukushima le prouve !

De par mon expérience, je peux témoigner et affirmer que n’importe quel gouvernement est incapable de protéger sa population et celles des autres pays, des multiples et durables conséquences d’une catastrophe nucléaire.

Par contre votre gouvernement fera tout le nécessaire pour vous CALMER, pour vous faire oublier, pour vous faire accepter !

Les victimes les plus cruellement touchées par une catastrophe nucléaire sont les enfants et les jeunes femmes. Celles et ceux de Fukushima ne font malheureusement pas exception à cette funeste règle.

Les enfants de 0 à 18 ans d’âge, au lieu d’être évacués, sont désormais officiellement devenus les cobayes d’une expérimentation nucléaire, comme antérieurement à Tchernobyl, en Polynésie, à Hiroshima, à Nagasaki et en Irak.

Voici les derniers chiffres sur l’état sanitaire des enfants de Fukushima :

360 000 enfants « vivent » dans la préfecture de Fukushima.

170 000 d’entre eux ont fait partie de l’étude épidémiologique qui révéla que quasiment un enfant sur deux était atteint d’anomalies de la thyroïde.

Durant ma dernière intervention ici même l’année dernière, j’annonçais un deuxième enfant atteint du cancer de la thyroïde.

Nous sommes le 12 Octobre 2013 et 44 enfants présentent des tumeurs cancérigènes de la thyroïde, dont 18 sont déjà confirmés comme étant des cancers de la thyroïde.

Ce chiffre devrait malheureusement augmenter rapidement.

Les prochains résultats seront publiés d’ici quelques semaines.



La « norme internationale » de survenue du cancer de la tyroïde est de 1 cas sur 100 000 !

Avec 44 cas sur 170 000, nous sommes aujourd’hui à presque 26 cas pour 100 000 enfants vivants dans la région de Fukushima !

http://sanurezo.org/spip.php?article165