Fukushima : révélations sur l’incroyable mensonge de Tepco

Tepco, l’opérateur du site de Fukushima, avait volontairement négligé la gestion des eaux contaminées dès le mois de mai 2011, pour des raisons financières et boursières. Le gouvernement de l’époque aurait avalisé la situation.   Cette nuit en Asie Par Gabriel Gresillon et Yann Rousseau 19/09/2013

Deux députés du centre-gauche, membres de l’administration au pouvoir au Japon en 2011 lors de la destruction de la centrale de Fukushima-Daiichi viennent de révéler que Tepco, l’opérateur du site, avait volontairement négligé la gestion des eaux contaminées dès le mois de mai 2011 car il redoutait alors d’engager des dépenses qui auraient pu ternir son image sur les marchés financiers. Selon les anciens cadres de l’exécutif, l’électricien aurait compris deux mois après la catastrophe que d’énormes quantités d’eau souterraine venaient inonder les sous-sols des réacteurs et se chargeaient en radioactivité. Le groupe aurait alors envisagé la construction d’un gigantesque mur d’acier autour du site pour empêcher ces flux et freiner une accumulation d’eau radioactive. Mais, un mois plus tard, en juin 2011, l’opérateur aurait repoussé ce projet qui lui aurait coûté près d’un milliard de dollars. “Si nous incluons ce coût de construction à nos comptes, le marché considérera que nous sommes une société menacée par la faillite”, aurait alors expliqué un cadre de l’entreprise à Banri Kaieda, le ministre de l’industrie de l’époque et à Sumio Mabuchi, qui servait de conseiller spécial au premier ministre Naoto Kan. Tepco aurait alors promis d’entamer les travaux nécessaires un peu plus tard et aurait demandé, en échange, au gouvernement de rester vague, lors des conférences de presse sur la crise nucléaire, sur cet enjeu de l’eau contaminée et sur le projet de mur de protection. Considérant alors que la catastrophe relevait effectivement de la sphère privée et non de la responsabilité publique, les autorités avaient accepté ce “marché” pour ne pas nuire à la santé financière de l’électricien, qui devait par ailleurs dédommager les victimes ayant du évacuer leurs maisons situées près de la centrale. “Tepco n’a ensuite pas tenu sa promesse”, a regretté Sumio Mabuchi. Deux ans et demi plus tard, Tepco a été nationalisé pour éviter une faillite complète et le gouvernement a admis, du bout des lèvres, qu’il allait devoir s’impliquer dans la gestion du démantèlement, qui est perturbé par la dangereuse accumulation d’eau contaminée. Le Premier ministre Shinzo Abe doit se rendre cet après-midi dans la centrale détruite pour faire le point sur la situation.

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