Fuite radioactive de Civaux : pourquoi la ville est menacée

La fuite de tritium, survenue au mois de janvier à la centrale de Civaux, pose la question de la sécurisation de l’alimentation en eau potable de la ville.
Rétrospectivement, la fuite radioactive survenue à la centrale de Civaux peut faire froid dans le dos. Dépendante à 100 % de la rivière Vienne pour son eau potable, Châtellerault n’a pas d’autres choix que de faire confiance au gestionnaire (EDF) et sécuriser au maximum ses propres contrôles. 04/02/2012 La Nouvelle République

Mais voilà : quelque chose n’a pas fonctionné début janvier.

Seulement trois analyses par an pour la radioactivité

L’autorité de sûreté nucléaire a pointé, on le sait, des défaillances dans la prise en compte de l’incident, par exemple un manque de réactivité de la part d’EDF (*). Concrètement : l’agence régionale de santé n’est venue faire un prélèvement dans la rivière, à Châtellerault, que le 19 janvier. Les résultats n’en ont été communiqués que le 30. Ils montraient que la concentration de tritium était bien inférieure à la norme : « Moins de 7 becquerels par litre pour une limite supérieure de 100. Aucune conséquence sur l’eau », résume Laurence Soulier, responsable d’agence au Siveer. Ouf ! Le délai de contrôle (et de réponse) pose toutefois question même si on peut raisonnablement croire, sans en être sûr, que l’alerte aurait été lancée beaucoup plus tôt en cas de fuite grave. « Le maire est intervenu en tout cas auprès du préfet pour qu’on fasse partie du réseau d’alerte, souligne Évelyne Azihari, élue en charge de l’environnement. Au moment où ça s’est passé, ce n’était pas le cas ». Aberrant. Deuxième souci et pas des moindres : si pour tous les autres risques de pollution, les mesures sont automatisées et en continu, ça ne l’est actuellement pas pour la radioactivité.

Une station d’alerte va être créée en amont

« Trois analyses sont effectuées par an localement, dans l’eau de la Vienne et en sortie de station », souligne Laurence Soulier. On peut penser que ça fait peu. La municipalité a décidé en tout état de cause de mieux sécuriser. Et ce, bien avant l’incident. « Nous allons installer une station d’alerte très en amont de la prise d’eau, à Vouneuil-sur-Vienne, avec mesure de la radioactivité, notamment du tritium, en continu », annonce Géraldine Dauvergne, chargée de l’eau potable à la ville. De même, la prise d’eau, actuellement sur la Plaine d’Ozon, sera déplacée, plus haut, à Cenon pour anticiper là aussi les risques. Mais le nouveau dispositif ne devrait pas être opérationnel… avant deux ans.

(*) La fuite de tritium à la centrale a été connue le 4 janvier ; les autorités ont été informées le 13 janvier ; l’incident a été rendu public le 18 janvier.

Deux jours de réserve d’eau potable

> L’usine à eau produit quotidiennement 7.000 m3 d’eau potable (capacité de 1.000 m3/h) pour environ 40.000 habitants, de Châtellerault et d’une partie de Naintré. > En cas d’arrêt de la production, les réserves d’eau (dans les châteaux d’eau) sont de 13.000 m3, soit l’équivalent de deux jours de consommation sans restriction. Le projet de sécurisation prévoit la création d’un bassin de stockage sur la zone de Nonnes, qui permettrait de tenir 3 jours de plus. > En cas de pollution détectée (hors éléments radioactifs donc), la coupure est automatique. La production ne peut être redémarrée que par une main humaine.

Franck Bastard

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