C’est un énième coup dur pour le chantier du réacteur nucléaire EPR, en construction à Flamanville, dans la Manche. De nouveaux défauts de soudure ont été détectés sur le circuit primaire, a indiqué vendredi 19 juin le directeur EDF du chantier, Antoine Ménager. « Comme d’habitude, on va faire ce qu’il faut pour réparer complètement le défaut », a-t-il expliqué, précisant qu’il s’agissait de « trois des vingt-quatre soudures de 10 cm d’épaisseur chacune ». Selon le directeur du chantier, ces défauts de soudure « ne bloquent pas le chantier » et devraient être résolus d’ici « quatre mois ». Le Monde.fr avec AFP
Cette réunion a été également l’occasion d’évoquer les anomalies repérées ces derniers mois sur le réacteur. Au début du mois de juin, l’Institut de sûreté nucléaire (IRSN) a pointé des « difficultés » de fonctionnement, notamment sur les soupapes du réacteur. M. Ménager a refusé de s’exprimer à ce propos, rappelant que le dialogue était en cours entre les industriels et les autorités nucléaires.
Mi-avril, l’Autorité de sûreté nucléaire avait, quant à elle, annoncé de « sérieuses » anomalies concernant la cuve, conduisant à « des valeurs de résilience [capacité d’un matériau à résister à la propagation de fissures] plus faibles qu’attendu ». Sans plus de détails, M. Ménager a précisé à ce propos que les gros composants du type générateurs de vapeurs « ont été soudés autour de la cuve » ces derniers mois. En avril, Greenpeace avait estimé « irremplaçable » la cuve de l’EPR. Mais l’IRSN avait estimé le contraire le lendemain, « hormis les questions économiques ».
Onze ans de retard
Ces problèmes récents sont loin d’être les seuls à retarder le chantier, depuis son lancement en 2007. D’ailleurs, pour la première fois lors de ces réunions dédiées à l’avancée des travaux, aucune date de démarrage du réacteur n’a été évoquée. Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, avait indiqué le 19 mai sur Europe 1 qu’il « espérait » un lancement en 2017, date à laquelle EDF a officiellement repoussé le démarrage, en novembre.
Les élus locaux, invités à la réunion, se sont inquiétés des conséquences pour leurs finances d’un éventuel nouveau report du démarrage de l’EPR. Le chargé de mission insertion économique s’est montré rassurant, rappelant qu’« à chaque fois qu’EDF décale d’un an (le démarrage), EDF paye un an de subvention supplémentaire ».
Par ailleurs, EDF a annoncé avoir revu à la hausse ses effectifs à actuellement 3 430 salariés non EDF sur le chantier – en plus des 850 salariés EDF –, alors qu’il était prévu que les effectifs se maintiennent à 3 200 salariés « tout au long de l’année 2015 ».
Conséquence de ces anomalies à répétition, l’EPR ne devrait tourner à plein régime qu’en 2018, soit onze ans après la date initialement prévue. Quant au coût, il pourrait être prochainement réévalué à 9 milliards d’euros. Lors de la dernière estimation, début 2014, les travaux ont été évalués à 8,5 milliards d’euros, un montant presque trois fois supérieur à celui annoncé à son lancement.
Lire aussi : EPR de Flamanville : les quatre malédictions d’un chantier controversé
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1 Commentaire
Un petit historique sur le coût du réacteur EPR et celui de l’électricité qui en sortira un jour, s’il est terminé :
http://energeia.voila.net/nucle/reacteurs_trop_chers.htm
A voir aussi sur le même site (passer par l’accueil) le coût du nucléaire en Grande-Bretagne avec de l’EPR.