Energie : Eon affirme digérer l'abandon du nucléaire

Le numéro un allemand de l’énergie, Eon, a publié lundi 13 août des chiffres confirmant qu’il a digéré la décision du gouvernement allemand de renoncer au nucléaire civil, mais s’est gardé de tout triomphalisme.Le Monde.fr avec AFP 13.08.2012

Le patron d'Eon a souligné qu'il fallait compter jusqu'à quatre ans d'attente avant de pouvoir mettre en service un parc éolien en mer, l'une des technologies sur lesquelles Berlin compte particulièrement.

 

Entre avril et juin, le groupe a enregistré un bénéfice net part du groupe de 1,187 milliard d’euros, contre une perte de 1,576 milliard d’euros l’année passée, selon son rapport trimestriel détaillé.

Derrière cette amélioration spectaculaire, deux explications. D’une part le groupe avait dû passer l’an dernier des charges exceptionnelles prenant en compte la décision de Berlin d’accélérer l’abandon de l’énergie nucléaire dans le pays, prise à la suite de la catastrophe de Fukushima. Eon avait alors dû arrêter deux de ses six réacteurs, et passer des dépréciations.

Autre effet exceptionnel derrière les brillants résultats annoncés lundi : Eon a arraché à Gazprom une révision à la baisse de son prix d’achat de gaz, selon un accord conclu au début de juillet avec le géant russe. Les nouveaux tarifs, qui s’appliquent de manière rétroactive à partir de la fin 2010 et jusqu’en 2036, lui ont permis d’améliorer son résultat de 1,2 milliard d’euros par rapport au premier semestre 2011, et le doperont encore à hauteur d’un milliard d’ici à la fin de l’année.

OBJECTIF CONFIRMÉ POUR 2012

Le groupe a confirmé ses objectifs pour 2012, à savoir un excédent brut d’exploitation entre 10,4 et 11 milliards d’euros et un bénéfice net hors exceptionnels compris entre 4,1 et 4,5 milliards d’euros. Eon place ainsi la barre très haut pour son concurrent direct en Allemagne, RWE, beaucoup plus à la peine depuis l’annonce de l’abandon du nucléaire en Allemagne, et qui doit publier ses résultats mardi. La presse attend l’annonce d’un grand plan de suppressions d’emplois.

« Le bon résultat trimestriel montre que nous avons abordé les défis actuels avec détermination. Nous avons négocié avec succès notre approvisionnement en gaz et la réorganisation de l’entreprise est en bonne voie », s’est félicité le patron d’Eon, Johannes Teyssen.

Toutefois, « dans le secteur de la production d’électricité en Europe, la baisse de la demande a continué à affecter l’utilisation de nos capacités, nos prix et nos marges. Nous souhaitons continuer à améliorer notre portefeuille de production conventionnelle, à réduire nos coûts, et même céder certains actifs là où cela sera nécessaire », a-t-il ajouté dans un document publié sur le site du groupe.

Lors d’une conférence de presse, M. Teyssen a par ailleurs appelé à la prudence en ce qui concerne la « révolution énergétique » promise par le gouvernement allemand pour tourner le dos au nucléaire d’ici à 2022.« L’euphorie (ayant suivi cette annonce) est passée, il s’agit d’être plus réaliste sur ce qui est faisable et économiquement possible », a dit le patron d’Eon, alors que les doutes s’accumulent en Allemagne, et en particulier sur le coût pour les consommateurs.

M. Teyssen a en particulier fait valoir qu’il fallait compter jusqu’à quatre ans d’attente avant de pouvoir mettre en service un parc éolien en mer, l’une des technologies sur lesquelles Berlin compte particulièrement.

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