EDF marabouté?

Le nouveau boss d’EDF, Jean-Bernard Lévy, aurait ouvert une enquête discrète sur Gutmann ce coach omniprésent. Information Capital 24 juillet 2015

 

Le Floch-Prigent n’était pas le premier à se faire envoûter. Voilà plusieurs décennies que ce gourou discret, adepte de dynamique de groupe et de psychanalyse, joue le confident et le coach des haut gradés de groupes d’énergie : GDF, mais plus encore EDF et ses filiales ERDF (distribution) et RTE (transport). Une sacrée performance, dans une entreprise publique truffée de polytechniciens a priori peu férus de sciences molles. Pourtant, via sa société Praxis International, où officient aussi ses fils Michaël et Raphaël, David Gutmann, 65 ans, organise des séminaires collectifs d’une semaine à l’intention des ingénieurs. Et régulièrement, en séance privée avec ces dirigeants, il passe des contrats de conseils individuels payés (par l’entreprise) entre 30.000 et 50.000 euros par an et par tête.

Dans son bureau feutré du VIIe arrondissement de Paris, où ne manque qu’un divan, Gutmann écoute leurs confidences, les fait parler de leur vie privée, distille des conseils, donne son avis sur les aptitudes de chaque membre de la hiérarchie. Un sacré pouvoir, qui en fait un homme redoutable et redouté. Même quand ils sont haut gradés, ses ennemis ne dénoncent qu’en chuchotant ce qu’ils considèrent comme une manipulation mentale. Il est vrai que l’homme en sait très long sur le petit monde clos des dirigeants d’EDF (ils sont plusieurs centaines), ses féodalités, ses clans, ses jalousies et ses haines, et cela depuis des lustres.

 

http://www.capital.fr/enquetes/hommes-et-affaires/david-gutmann-le-gourou-qui-a-infiltre-edf-1056562

 

Commentaire de L’Observatoire du nucléaire

Questions cruciales après les révélations stupéfiantes de Capital :

Conflit d’intérêt : le Président de l’Autorité de Sûreté nucléaire est un proche du gourou financé depuis des années par EDF
– L’éventuelle validation par l’ASN de la cuve du réacteur EPR peut-elle être crédible ?
– Le choix des diesels de secours post-Fukushima, validé par l’ASN, est-il entaché de tricherie ?

Les révélations faites par le magazine Capital dans l’enquête publiée ce jour vendredi 24 juillet 2015 (*) sont stupéfiantes à plusieurs niveaux, posent de graves questions sur la prétendue « sûreté » nucléaire, et jettent en particulier le doute sur l’éventuelle prochaine validation de la cuve du réacteur EPR. En effet, il apparaît que le Président de l’Autorité de sûreté nucléaire est un proche du véritable « gourou » grassement financé de longue date par EDF.

Depuis plusieurs décennies, de nombreux dirigeants d’EDF et de l’industrie nucléaire sont sous l’influence d’un étrange personnage, dénommé David Gutmann, qui organise des « formations » bien curieuses puisqu’elles « allient psychanalyse et religion ».

Cet individu donne de nombreuses conférence en coopération avec d’anciens hauts dirigeants d’EDF mais aussi avec l’actuel président de l’Autorité de sûreté nucléaire, Pierre Franck Chevet. Cette dernière information est absolument cruciale car elle jette le doute sur les diverses décisions que doit prendre l’ASN concernant les installations d’EDF.

Le magazine Capital évoque par exemple le choix récent par EDF des diesels de secours imposés par les mesures « post-Fukushima ». Contesté sur le plan technique et attaqué en justice, ce choix a pourtant été validé par l’ASN dont la décision est forcément objet de suspicion du fait des relations entre MM Gutmann et Chevet.

De même, si l’ASN valide prochainement l’utilisation par EDF de la cuve prévue pour le réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), malgré les graves malfaçons qu’elle présente, cette décision ne pourra que faire l’objet des plus fortes suspicions et de différentes procédures en justice de la part de l’Observatoire du nucléaire.

Plus généralement, cette affaire stupéfiante illustre sous un nouveau jour le fait que l’industrie nucléaire est impossible à maîtriser : après avoir accusé le système soviétique (pour la catastrophe de Tchernobyl), le tsunami (pour la catastrophe de Fukushima), quelle pourront bien être les « justifications » de l’industrie nucléaire lorsque surviendra un tel désastre en France ?

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article281

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.