Des réacteurs nucléaires de plus en plus difficiles à refroidir

 Il était difficile de prévoir dans les années 1970, lorsqu’est entrée en service la centrale nucléaire de Millstone, à Waterford (Connecticut), sur la côte est des Etats-Unis, que la température du bras de mer de Long Island qui sert à refroidir ses réacteurs augmenterait à tel point que l’exploitant de la centrale devrait solliciter un relèvement de la limite autorisée. LE MONDE 30.07.2013  Par Isabelle Piquer (New York, correspondance.

C’est pourtant ce qui est arrivé en mai : Dominion Nuclear Connecticut, propriétaire de Millstone, a demandé à la Commission de régulation de l’énergie nucléaire (NRC) l’autorisation de faire fonctionner la centrale avec une eau pouvant atteindre 26,6 ºC, ceci en prévision d’une nouvelle hausse des températures. L’organe régulateur américain n’a toujours pas pris sa décision.

Un premier avertissement était survenu le 12 août 2012, quand l’eau qui refroidit les réacteurs de Millstone avait atteint 24,8 ºC, soit un degré de plus que le maximum autorisé. L’un des réacteurs avait dû être stoppé pendant douze jours. Depuis 1975, la température moyenne annuelle du bras de mer de Long Island, l’île qui sépare la centrale de l’Atlantique, a augmenté d’un degré.

Un mois auparavant, la centrale de Braidwood, dans l’Illinois, située sur un lac, n’avait pu continuer à fonctionner que grâce à une dérogation de la NRC, qui l’avait autorisée à pomper une eau dont la température était montée à… 38,8 ºC degrés, presque deux degrés de plus que la limite.

A Millstone, l’utilisation d’une eau plus chaude ne demanderait que quelques ajustements, dont l’installation de nouveaux thermomètres. Une option moins coûteuse et compliquée que de pomper plus en profondeur une eau plus froide, une solution qui ne semble pas avoir été envisagée.

REJETS D’EAU CHAUDE

« Si les études sont bien faites, cela ne devrait pas poser de problème », assure Dave Lochbaum, de l’Union of Concerned Scientists, un groupe indépendant de scientifiques américains. Millstone, seule centrale nucléaire du Connecticut, se trouve en zone sensible, à 180 km de Manhattan.

« La NRC ferait bien de ne plus se baser sur le passé, qui ne peut plus servir de référence » pour la concession de nouveaux permis, souligne M. Lochbaum. A Millstone comme à Braidwood, les réacteurs, à eau pressurisée, sont particulièrement sensibles au changement climatique. L’augmentation de la température de l’eau et la réduction du débit des fleuves rendent ce type d’installations particulièrement vulnérables en été, une période où les besoins en électricité sont très élevés. 

Les rejets d’eau chaude de ces centrales sont réglementés de manière à limiter l’augmentation de la température des eaux environnantes et à respecter l’équilibre écologique de celles-ci, ce qui s’avère de plus en plus difficile. « L’augmentation de la puissance des réacteurs combinée à celle des températures pourrait provoquer dans le futur de nouveaux incidents comme celui de Millstone », avertit Dave Lochbaum.

Isabelle Piquer (New York, correspondance)

http://abonnes.lemonde.fr/ameriques/article/2013/07/30/des-reacteurs-nucleaires-de-plus-en-plus-difficiles-a-refroidir_3455259_3222.html

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