Dix organisations – associations écologistes, fédérations d’agriculture biologique et syndicats d’agriculteurs – s’inquiètent, dans une lettre ouverte, du développement en France de « colzas et tournesols tolérants aux herbicides » qu’ils considèrent comme des « OGM cachés ». Le gouvernement appelle à « dépasser » le débat. « Ce ne sont pas des OGM », mais « de la mutagenèse », selon Stéphane Le Foll. Le 30 juillet par charentelibre.fr (avec AFP)
OGM, mutagénèse: de la belle embrouille…
« A l’instar de la plupart des OGM, ces plantes ont été génétiquement manipulées pour pouvoir survivre, tout en étant traitées avec des herbicides. Mais ce sont des OGM cachés, car elles ont été arbitrairement exclues du champ d’application de la réglementation sur les OGM », dénoncent ces organisations dans une lettre ouverte au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, transmise à l’AFP lundi.
« Nos organisations, déjà préoccupées par la possible levée du moratoire sur le maïs OGM MON810 de Monsanto, s’inquiètent donc du développement de ces plantes et vous demandent de vous opposer à leur développement », poursuivent les signataires : la Confédération paysanne, l’Union des apiculteurs de France (Unaf), les Amis de la Terre, les Faucheurs volontaires d’OGM, Agir pour l’Environnement, le Réseau Semences Paysans, OGM Dangers, Nature et Progrès, Demeter et la Ligue de protection des oiseaux (LPO).
Selon les données disponibles, ces variétés tolérantes aux herbicides (VTH) représentaient en 2011 10% des cultures de tournesol et plusieurs centaines d’hectares de colza fleuri en 2013. « Dans un rapport publié en novembre 2011, une expertise collective INRA/CNRS, commanditée par les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie, appelle à la vigilance sur l’impact de ces plantes sur l’environnement : biodiversité, résistance aux herbicides, contamination génétique, qualité de l’eau », s’inquiètent-elles.
Le Foll appelle à « dépasser » le débat
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, a appelé ce mardi à « dépasser » le débat pro et anti-OGM, tandis que son collègue à l’Ecologie, Philippe Martin, affirmait « l’hostilité absolue (du gouvernement) à l’égard ce qui est génétiquement modifié ». M. Le Foll a jugé « normal » que ces organisations s’expriment sur le sujet et lui, comme son collègue à l’Écologie, ont indiqué qu’ils se pencheraient sur la question, en marge d’une visite à Sarragachies (Gers)
Mais, a dit Stéphane Le Foll, « il faut aussi être précis: ce ne sont pas des OGM », mais « de la mutagenèse ». « La vraie question, c’est pas simplement de se focaliser sur ces sujets-là, c’est d’essayer de concevoir de manière collective des modèles nouveaux ».
« Ceux qui ont fait croire que les OGM, c’était la modernité, c’est pas vrai », a-t-il dit en invoquant « la capacité de l’agriculture à être performante économiquement et écologiquement sans passer par ces techniques ». « Je suis pas là non plus pour dire: ça, jamais ! Au contraire: je reste parfaitement serein par rapport à ces débats ». Mais « on peut pas s’arrêter à ce sujet. Il faut au contraire qu’on soit capable de (le) dépasser », a-t-il dit.
Philippe Martin a indiqué que le gouvernement suivait « avec beaucoup de précaution ce dossier » et a rappelé qu’il serait appelé à prendre des décisions concernant le maïs transgénique MON810 produit par la firme américaine Monsanto. « Mais la position du gouvernement est bien sûr d’une hostilité absolue à l’égard ce qui est génétiquement modifié ».
Monsanto a décidé mi-juillet de retirer toutes ses demandes d’autorisation de culture d’OGM dans l’UE, à l’exception du maïs MON810.