Déchets nucléaires à la Hague: Areva veut pouvoir en entreposer beaucoup plus
Areva veut augmenter de plus de 70% ses capacités d’entreposage des déchets nucléaires ultimes, a-t-on appris vendredi dans un rapport officiel concernant l’usine de Beaumont-Hague (Manche) où les déchets issus de la production électrique française attendent que leur sort définitif soit tranché. AFP 19 sept. 2014
« Le projet présenté par Areva (…) consiste, au sein de l’installation nucléaire de base (INB) 116 (la plus importante INB d’entreposage en taille ndlr), à doubler les capacités d’entreposage de conteneurs de déchets, dont la plupart sont des déchets vitrifiés de haute activité à vie longue, présentant un rayonnement important », écrit l’autorité environnementale, rattachée au ministère du développement durable, dans un rapport issu de l’examen de ce projet le 10 septembre.
L’usine de retraitement des déchets nucléaires, située à Beaumont-Hague (Manche), compte deux INB d’entreposage de ces déchets ultimes, l’INB 116, d’une capacité actuelle de 12.348 conteneurs, et l’INB 117 d’une capacité de 4.500 conteneurs, selon le rapport.
L’augmentation de la capacité globale de stockage, si on inclut les deux INB, serait donc de 73%.
L’usine de la Hague, dont les entrepôts autorisés actuels seront pleins fin 2017, réceptionne tous les combustibles irradiés dans les centrales nucléaires françaises pour produire de l’électricité, afin de les « retraiter ». Selon Areva, elle en extrait 96% de matière réutilisable et 4% de déchets ultimes qu’elle vitrifie et entrepose dans les deux INB en attendant de connaître leur destination finale en cours de réflexion.
En octobre 2013, Areva avait annoncé avoir augmenté de 30 à 35% déjà sa capacité d’entreposage, en passant de 12.000 à 16.000 conteneurs possibles environ. Elle inaugurait alors un nouveau hall de stockage qui est pour moitié en cours d’exploitation.
La nouvelle augmentation de capacité demandée vise à lui permettre d’être autorisée à exploiter la seconde moitié de ce nouveau hall, dont Areva a besoin pour 2018, et à pouvoir remplir éventuellement un autre hall de taille comparable à celui inauguré en 2013 mais qui n’est pas encore construit.
Cette augmentation passe par un décret actuellement en préparation. Mais avant sa parution, l’autorité environnementale (Ae) donne son avis. L’Ae a jugé « de bonne qualité » le dossier d’Areva mais l’entreprise doit encore « compléter l’étude d’impact par une analyse des impacts indirects principalement du fait qu’une période d’exploitation qui devrait dépasser un siècle ».
Un projet de centre de stockage à 500 m de profondeur, pour ces déchets non transférables avant 2075, en raison de leur chaleur, est en cours d’étude à Bure (Meuse). Il est baptisé Cigeo.
Mais la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a indiqué en juin souhaiter que soient examinées des alternatives à Cigeo avant de l’autoriser définitivement.
En attendant que la question soit tranchée, l’usine de la Hague stocke les déchets ultimes issus de 40 ans de production d’électricité nucléaire française. Selon Areva, cela tient sur une surface équivalent à un terrain de football.
Les déchets vitrifiés y sont stockés à 20 m de profondeur.
L’usine, qui est le site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe, est presque unique au monde. Il existe une autre usine de ce type en Angleterre mais son activité est beaucoup moins importante en volume.