CSM Andra de la Hague : les rejets de tritium font débat

Le labo de l’Acro demande à l’Autorité de sûreté nucléaire d’agir concernant les rejets dans les nappes phréatiques de La Hague. Ouest France 15 avril 2016
La polémique

Le taux de tritium (isotope de l’hydrogène) rejeté dans la nature par l’industrie nucléaire est depuis longtemps un point de tension entre les industriels et les antinucléaires. L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (Acro), qui tire régulièrement la sonnette d’alarme sur « les fortes contaminations dans les nappes phréatiques sous le centre de stockage Manche », revient à la charge. « Le tritium « c’est naturel », mais dans La Hague, il est « surnaturel » », estime l’association, qui vient de publier une étude. Depuis 2003, les arrêtés d’autorisation de rejet des exploitants, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) et Areva dans La Hague, prescrivent de ne pas dépasser les 100 becquerels/L en concentration hebdomadaire de tritium dans la rivière Sainte-Hélène.

Or, l’Acro indique l’avoir observé à plus de 100 Bq/L dans l’eau du ruisseau, plusieurs semaines consécutives en 2006 et 2014. Le laboratoire indépendant a donc écrit à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lui demander d’agir : « La réglementation doit être strictement respectée en matière de limites de rejets tritiés dans les ruisseaux de La Hague, et on doit avoir la même considération pour le domaine public que pour le domaine de l’exploitant Areva où une pratique d’assainissement est mise en place. » L’association préconise d’épurer aussi les nappes phréatiques contaminées depuis quarante-cinq ans, en pratiquant un pompage dans la zone nord du centre de stockage de la Manche. Cette mise en cause a suscité une réaction, dans la foulée, de l’Andra. « Le centre de stockage de la Manche ne présente aucun danger pour la population ni pour l’environnement : l’impact reste très faible, plus de 1 000 fois inférieur à l’impact de la radioactivité naturelle », tranche l’établissement public, avant de rappeler que l’eau de la Sainte Hélène n’est pas utilisée pour la consommation. L’Andra assure par ailleurs que ses contrôles effectués tous les ans confirment une baisse constante des valeurs de tritium dans les ruisseaux. « En 2015, elles étaient en moyenne de 20 Bq/L contre 49,4 Bq/L en 2014 et 54 Bq/L en 2013 » et « la valeur d’activité maximum (réglementée par arrêté ministériel) mesurée en 2015 est de 12,5 Bq/L. L’Andra respecte donc l’arrêté rejets. » Preuve de l’honnêteté de sa démarche : l’Andra rappelle enfin que les résultats de cette surveillance sont présentés lors des commissions locales d’information, publiés en ligne et validés par l’Autorité de sûreté nucléaire. Le débat n’est donc pas près de s’éteindre.

 

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