Et si l’apparente bonne santé de l’écosystème devait beaucoup à la disparition de l’homme dans la zone? A voir: Mardi 21 août de 20h50 à 22h25 sur Arte. Télérama.
Ce billet comprend deux articles: un de Télérama sur le film, une controverse du Réseau Sortir du Nucléaire.
Synopsis de l’émission
Vingt-quatre ans après l’explosion du réacteur n°4, le 26 avril 1986, la zone interdite, instaurée dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de la centrale nucléaire, offre la vision idyllique et paradoxale d’une nature préservée des ravages de la civilisation. Ce territoire où les radionucléides se sont dispersés irrégulièrement, avec l’explosion et l’incendie qui a suivi, est aussi devenu un vaste laboratoire à ciel ouvert, où les scientifiques étudient sur le long terme, en situation réelle, les effets de la radioactivité de faible dose sur les organismes vivants. Pourquoi certains organismes meurent-ils prématurément, pourquoi la croissance des pins est-elle perturbée, alors que mulots et peupliers semblent en pleine santé ?
La critique TV de télérama du 11/08/2012
Le 26 avril 1986, l’explosion du réacteur numéro 4 de Tchernobyl propulsait dans l’atmosphère des milliards de particules radioactives. Plus de deux décennies après, à quoi ressemble la « zone interdite », cette enclave de 30 kilomètres carrés autour de la centrale ? Etonnamment, la nature, luxuriante, s’y épanouit librement, et de nombreuses espèces animales — dont certaines extrêmement rares — prolifèrent. Comment expliquer que les mulots ne subissent aucune mutation ? Pourquoi certains arbres survivent-ils ? Véritable laboratoire naturel, le site est devenu le terrain d’observation privilégié de scientifiques du monde entier, venus étudier les effets à long terme de la radioactivité.
Nourri de nombreuses expertises en situation, d’images superbes et de schémas en 3D, le film met en lumière les mécanismes de défense naturels développés par certains organismes, attire notre attention sur les fascinantes capacités d’adaptation de la nature, tente, sans toujours y parvenir, d’en percer les mystères. Parfois un tantinet technique, cette épopée, filmée sur près d’un an, a quelque chose d’envoûtant dans sa manière de mettre en scène l’énigme fondamentale du vivant, la beauté post-apocalyptique d’un monde où la nature, abandonnée à son sort, envahit jusqu’aux HLM de la ville fantôme de Pripiat… Le film s’achève d’ailleurs sur ce constat ironique : la bonne santé de l’écosystème doit beaucoup à la disparition de l’homme dans la zone. —
Hélène Marzolf
Informations détaillées
Genre : Environnement
Durée : 90 mn
Origine : français
Auteur : Antoine Bamas
Réalisateur : Luc Riolon
Pourquoi vouloir cacher les effets biologiques de Tchernobyl?
Par Marc Saint Aroman Membre du réseau Sortir du nucléaire jeudi 03 juin 2010
En se faisant l’écho d’un documentaire sur la radioactivité à Tchernobyl, le Professeur Jacques Foos en a profité pour « tacler » le réseau Sortir du nucléaire. Voici la réponse des antis.
Voir le papier de Jacques Foos « Que se passe-t-il aujourd’hui autour de Tchernobyl«
En réponse à la publication du texte de Jacques Foos suite à la diffusion du documentaire d’Antoine Bamas et Luc Riolon «Tchernobyl, une histoire naturelle ?» sur Arte, voici quelques éléments de réponse du Réseau « Sortir du nucléaire« :
Le documentaire décrit par Jacques Foos montre une équipe de recherche américaine qui, à l’aide d’un appareil sophistiqué, prétend prouver qu’il n’y a pas de mutations chez les souris, mais seulement des croisements d’espèces suite à leur grande mobilité. Il est bien évident, et Sortir du Nucléaire l’affirme également, qu’il n’y a pas de mutations, puisque la mutation est un phénomène qui ne peut se produire qu’à l’échelle de milliers de générations sur les espèces dites « supérieures ». Et pour cause: les phénomènes constatés suite aux expositions aux rayonnements sont exclusivement des malformations. Un phénomène averé, qui n’est pourtant pas mentionné dans le documentaire…
Le professeur Yuri Bandajevsky, ancien recteur de l’Institut de médecine de Gomel (Belarus), a prouvé, pendant des années, que des malformations systématiques sont survenues sur des mulots vivant sur le territoire contaminé de Tchernobyl.
Parmi les nombreux travaux sur ces questions d’expositions et de contaminations aux radiations, le documentaire passe également sous silence les travaux de la généticienne Rosa Gontcharova, membre de l’Institut de génétique de l’Académie des Sciences du Belarus. Une scientifique qui a étudié les anomalies génétiques des poissons et des rongeurs, et prouvé qu’elles s’aggravent de génération en génération sur des territoires pourtant relativement peu contaminés par le Césium137, à 200 kilomètres de Tchernobyl.
A ce titre, il existe aussi une étude qui montre le niveau d’atteinte des oiseaux dans les territoires contaminés : http://www.actualites-news-environnement.com/19947-animaux-Tchernobyl.html
Le documentaire diffusé sur Arte ose également exhumer la théorie fumeuse dite « de l’Hormesis »: cette théorie ancienne qui voudrait que des expositions chroniques à des doses prétendument « faibles » (tout de même 1000 fois le niveau de la radioactivité naturelle, selon le documentaire !) de radiations protègent de l’exposition ultérieure à de fortes doses de radioactivité : ce serait un peu comme un vaccin atomique ! Une théorie qui vise très probablement à démolir les études établissant des constats épidémiologiques sur l’homme, sur la notion d’effets sans seuils. Etonnant lorsque l’on sait qu’il a été démontré internationalement, il y a plus de 20 ans, qu’il n’existait pas de seuil en dessous duquel la radioactivité ne présenterait pas d’effets néfastes sur le vivant. La très officielle Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) reconnaît elle-même depuis des années que « toute dose de rayonnement comporte un risque cancérigène et génétique ».
Enfin, sur l’impact l’impact du rayonnement sur les êtres humains, le professeur Jean-François Viel notait, suite à son étude sur les leucémies et cancers des enfants autour de La Hague, que les médecins eux-mêmes concevaient mal l’éventualité d’un effet néfaste des faibles doses sur l’individu suite à l’utilisation médicale qu’ils font de la radioactivité. Le médecin suisse Henri Paul Deshusses mentionnait pour sa part, dans son livre « La radioactivité dans tous ses états » (3) que la toxicité de la radioactivité naturelle n’était plus contestée et qu’il était important de n’y rajouter aucune radioactivité artificielle.
Il existe actuellement une large propagande visant à étouffer la démonstration des terribles effets biologiques liés à l’accident de Tchernobyl ainsi qu’à la soixantaine d’accidents nucléaires survenus à travers le monde. Ne nous laissons pas leurrer : le nucléaire est dangereux, et nous devons en sortir.
Note : Dans sa conclusion, le professeur Jacques Foos se trompe. En effet il y a eu deux annonces faites sur la liste d’information du Réseau « Sortir du nucléaire » (Rezo-actu), 5 jours avant la diffusion du film sur Arte, puis le jour même. (1) et (2)
La catastrophe de Tchernobyl en chiffres ( source Arte)
