L’ usine de la Hague prévoit de construire trois nouveaux bâtiments résistant mieux aux séismes, et va mettre en place des dispositifs de secours pour l’alimentation en eau et en électricité afin de faire face aux aléas extrêmes. La Presse de la Manche 4 12 2014 ; Illustration photothèque auteur
Les combustibles nucléaires doivent toujours rester sous eau. Areva a donc analysé de près les conséquences d‘ une perte de refroidissement pouvant aboutir à une perte d‘eau.
Les piscines de la Hague contiennent le combustible usé d’ environ 108 coeurs de réacteurs nucléaires, sont certains au MOX. Elles représentent un véritable danger en cas d’accident , d’autant que leurs toitures sont particulièrement vulnérables
« Les séismes les plus agressifs, considérés pour le site de La Hague, datent du 30 mai 1889 (séisme d’intensité VI à 17km de La Hague) et du 30 juillet 1926 (intensité VI-VII à 60km de La Hague). Aussi une intensité de VII-VIII a été retenue pour la conception des bâtiments est (SMHV majorée d’une unité) ce qui correspond à une augmentation de la magnitude conventionnellement fixée à 0,5. Mais la localisation en mer du foyer rend difficile l’appréciation des dégâts et donc de la quantification de l’intensité réelle. Ce retour d’expérience d’environ 120 ans sur l’histoire des séismes de la région couvre- t’il le séisme le plus fort connu ? » **
L’accident de Fukushima a démontré que les éléments peuvent parfois se déchaîner bien au-delà de ce qu’on avait pu imaginer. « On sait maintenant que l’impossible peut arriver » résume souvent Michel Laurent, le conseiller général qui préside la Commission locale d’information(Cli) auprès des établissements nucléaires du Cotentin. Les autorités ont donc souhaité que les sites nucléaires français se préparent à des événements naturels bien plus graves que ceux qui, étaient anticipés jusqu’à présent. Alors que l’usine de la Hague devait résister à un tremblement de terre de magnitude 5,8 sur l’échelle de Richter, le nouvel objectif est que les bâtiments les plus sensibles résistent à un séisme de 6,3*. Les tornades n’étaient pas prises en compte jusqu’à présent mais elles ‘le seront à l’avenir ». note aussi: Christophe Loy l’adjoint du directeur qualité-sûreté à l’usine de la Hague, de même , le site doit anticiper des inondations beaucoup plus fortes (par la pluie et pas par un tsunami puisque l’usine se trouve en .haut d’une falaise). Bref, il s’agit de franchir un cap en matière de sûreté nucléaire »; a résumé Christophe Loy hier en faisant le point sur cette question devant la Cli de la Hague.
Plusieurs mois d’autonomie
AREVA a recensé une vingtaine d’ateliers et de piscines plus sensibles à ces évènements climatiques de grande ampleur.
L’un des risques majeurs en cas d’accident serait la perte du système de refroidissement des combustibles entreposés en piscine. Au bout de quelques jours, l’eau de la piscine pourrait s’être totalement évaporée, et la matière radioactive serait à l’air libre.
Pour ces piscines comme pour les cuves de produits de Areva a donc prévu un nouveau dispositif pour acheminer de l’eau en cas de crise. Le principe : aller puiser dans le bassin d’orage ouest, « qui contient contient entre 20 000 m3 et 30 000 m3 d’eau puis dans le barrage des Moulinets. Nous avons ainsi une autonomie de plusieurs mois assure Christophe Loy. Reste à acheminer l’eau jusqu’aux ateliers. Areva a donc prévu une pompe sur flotteur dans le bassin, puis un système de tuyauterie souple qui dirigera l’eau vers un nouveau bâtiment. Ensuite de nouvelles connexions permettront d’alimenter les ateliers.
Pour la remontée à partir du barrage des Moulinets, nous allons même installer une nouvelle ligne rigide enterrée précise Christophe Loy. Dans le même esprit, pour les bâtiments qui ont besoin d’être ventilés en continu, de nouveaux moyens de secours ont été prévus.. « De nouveaux locaux résistants aux aléas les plus sévères vont aussi être constuits » annonce Christophe Loÿ, qui .parle d’un PC de crise, d’un bâtiment d’entreposage des matériels à utiliser en cas de crise (de gros camions, les fameuses tuyauteries mobiles, des pompes) et d’une baie. Vie pour les agents de sécurité du site.
Avez-vous les moyens?
« Pour l’ensemble, l’investissement sera de 90 à 100 millions d’euros », évalue René Charbonnier le directeur adjoint de l’usine de la Hague. En sachant que tout devra être disponible au début de l’année 2017 et que l’essentiel des travaux sera mené en 2015-2016, « Areva a-t-elle encore la capacité financière pour conduire ces travaux » a demandé alors demandé Clara Osadtchy, conseillère régionale écologiste, rebondissant sur la situation économique très délicate du groupe. D’abord, l’autorité de sûreté nous l’impose, ensuite nous avons un contrat de retraitement avec EDF qui nous permet de le faire, et nos investissements annuels sont d’ailleurs toujours de l’ordre de 100 millions d’euros », a répondu René Charbonnier, pour signifier que ces travaux seront bel et bien réalisés. Et pour franchir sans encombres la période 2013-2017, Areva a amélioré la robustesse sismique de son actuel PC de crise, s’est dotée de moyens de communication par satellite et a renforcé son parc logistique… Laurent GOUHIER
* Sismologie et sensibilité du Cotentin aux tsunamis: l’EPR de Flamanville disqualifié
** http://www.global-chance.org/IMG/pdf/JCZ-PiscinesLaHague-081211.pdf
Séisme de 4,9 en Bretagne et Normandie : « Du jamais vu depuis 1930″
EPR, La Hague: la terre a tremblé dans le Nord-Cotentin
http://leblogdejeudi.fr/plongee-au-coeur-du-centre-de-retraitement-des-dechets-de-la-hague/