ACRO: solidarité antinucléaire de La Hague à Fukushima

L’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest, l’Acro, voit sa crédibilité reconnue au niveau international après la catastrophe de Fukushima. Ouest France jeudi 12 janvier 2012

Plage des Moulinets, Kasumasa Aoki regarde les militants et permanents de l’Acro ramasser des algues, des coquillages, du sable et prélever de l’eau. Pour cet antinucléaire japonais, l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest est une grande soeur et un professeur. Depuis la catastrophe de Fukushima, Kasumasa Aoki envoie des prélèvements faits autour de la centrale en panne au laboratoire normand. Près de 200 de ces prélèvements ont été analysés et leurs résultats mis en ligne en français, anglais, allemand, japonais. « Lorsque nous les avons mis en ligne en japonais, nous avions 15 000 connexions par jour », constate, encore étonnée, Mylène Josset, coordonnatrice à l’Acro.L’association normande a joué à fond la solidarité avec les Japonais, qui, à 80 %, indique-t-elle, ne font plus confiance au nucléaire, ni à leur gouvernement. « Nous avions déjà des contacts, indique Pierre Paris. Notre président David Boilley va au Japon tous les étés. La catastrophe n’a fait que booster les travaux que nous menons avec eux. Nous avons sacrifié nos propres prélèvements d’avril à octobre. Nous avons travaillé sur Fukushima à titre gratuit pour sortir des chiffres, aider nos collègues japonais. Deux techniciens sont allés là-bas cet été. Sur les urines des enfants, on a fait plusieurs évaluations. Ce n’est pas très élevé, mais il y a toujours quelque chose et cela a plutôt tendance à augmenter. On a aussi analysé les contenus de sacs d’aspirateurs, il y a systématiquement de la contamination. »

La venue pendant une semaine de Kasumasa Aoki est le prélude à l’ouverture d’un bureau de l’Acro au Japon, dont il sera le responsable. Une ouverture qui confirme la dimension internationale prise par l’association. « Pour l’Acro, cela a validé le travail que nous menons depuis 25 ans, poursuit Pierre Paris. Nous sommes reconnus au niveau national et international. Nous sommes demandés partout. Nous devons parfois dire non parce que nous avons très peu de moyens. »

Localement, l’Acro perçoit-elle un effet Fukushima ? Pierre Paris constate que la situation est paradoxale. « Cela fait 25 ans qu’on rame. Ici, les gens ne veulent pas savoir et nous sommes tout à fait bien perçus. Mais oui, on rame, on est dans le déni et le refoulé. »

Pourtant, la catastrophe japonaise a été vécue plus intensément qu’ailleurs par les travailleurs du nucléaire. « Les gens qui travaillent à l’intérieur, ils comprenaient ce qui se passait là-bas. »

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