Lignes haute tension: une multitude de projets en Europe

Lancé en 2005, le projet de la ligne Cotentin-Maine se situait dans une perspective européenne. Il avait alors pour principal objet d’évacuer le courant du réacteur nucléaire EPR en projet à Flamanville. Or, celui-ci a été conçu selon une logique internationale concrétisée par deux accords signés en 2005 et 2007 entre EDF et Enel (son équivalent italien) : Enel investirait 12,5 % dans l’EPR et bénéficierait  » d’un accès dans la même proportion à l’électricité produite « . Le Monde 21 08 2012

Depuis, le paysage énergétique a évolué, et la ligne normande doit aussi servir, selon RTE, à transporter le courant produit par les éoliennes offshore en construction dans la Manche et les hydroliennes en projet au large du Cotentin. Mais elle s’intègre toujours dans un programme européen de développement des réseaux électriques.

Celui-ci est largement déterminé par l’expansion prévue des énergies renouvelables. Celles-ci s’installent souvent dans des zones différentes des lieux habituels de production électrique : par exemple dans le sud de l’Italie ou la mer du Nord – voire au Sahara avec le projet Désertec. La production éolienne ou solaire, dépendant des conditions météorologiques, est intermittente. Pour en tirer le meilleur parti, il faut donc mettre en relation les différentes régions, puisque l’intermittence ne suit pas partout les mêmes rythmes. Enfin, certains pays ont des caractéristiques particulières : par exemple la France, où le chauffage électrique a été très développé, connaît des pointes de consommation hivernale de plus en plus fortes (101 mégawatts appelés le 8 février 2012), ce qui la rend dépendante des importations.

La Commission européenne et les opérateurs de réseaux électriques estiment ainsi nécessaire de construire ou de moderniser dans les dix prochaines années environ 50 000 km de liaisons très haute tension dans l’Union européenne, ce qui suppose un investissement de près de 100 milliards d’euros.

A cette fin, Bruxelles a présenté en 2001 un  » Mécanisme pour l’interconnexion en Europe « , visant à investir 8 milliards d’euros sur les projets prioritaires. La Commission en a défini quatre : raccordement aux pays riverains des parcs éoliens de la mer du Nord et de la mer baltique ; transport du nord de l’Allemagne vers le sud du pays ; interconnexion entre le sud-ouest de l’Europe et l’Afrique ; intégration des pays baltes au système électrique européen.

Reste que ces projets ne se feront pas aisément. Une première contrainte tient à leur financement. Une seconde concerne la résistance fréquente des citoyens à la construction des lignes. Ainsi, en Allemagne, sur les 1 800 km identifiés comme prioritaires en 2009, seuls 214 ont été réalisés à ce jour. En France, un projet de ligne de 400 kilovolts en Provence a été abandonné en 2008, et s’est transformé en projets de lignes souterraines de 225 kilovolts. De même, la ligne entre la France et l’Espagne, vivement contestée, sera enfouie (les travaux ont commencé en février) sur ses 65 km. Mais à un coût de 700 millions d’euros, bien supérieur à celui d’une ligne aérienne.

H. K

Voir aussi:

FOCUS Energie2012 – Le développement des renouvelables passe par une mutation profonde des réseaux électriques

Des réseaux électriques plus puissants (super-grids) et plus intelligents (smart-grids) seront nécessaires pour intégrer davantage d’énergies renouvelables, notamment éolienne. 

….Le problème se posera dans toute l’Europe, et notamment en France, au fur et à mesure du développement des renouvelables.

…..André Merlin, président du CIGRE (Conseil international des grands réseaux électriques)  a récemment exposé, à l’université d’été de Sauvons le Climat, les raisons de cette nécessaire mutation des réseaux électriques européens, tant dans le transport que dans la distribution (voir sa présentation). Il s’agit de :

  • permettre intégration d’une grande quantité d’énergie intermittente
  • d’assurer le secours mutuel des réseaux électriques européens, faute de quoi l’Europe pourrait connaître la mésaventure de 2006 quand une rupture de ligne en Allemagne, couplée à l’irrégularité de la fourniture éolienne allemande, avait menacé toute l’Europe
  • poursuivre l’intégration du marché électrique de l’UE.

Dans cette optique, l’Europe a identifié quatre projets stratégiques :

  1. dans l’est de l’Europe,  la connexion des pays baltes, anciennement reliés à l’URSS.
  2. la récupération de l’éolien offshore en mer du nord et en Baltique, par un réseau sous marin en liaison continue (le tiers des 250 GW de la capacité éolienne prévue va provenir de cette région).
  3. l’interconnexion de la Turquie avec l’UE.
  4. la coopération de l’Europe avec les pays du sud et de l’est du bassin méditerranéen, pour  bénéficier des capacités des parcs solaires (type Desertec) lors des pointes européennes d’hiver (et permettre  à l’Europe d’aider ces pays en été).

Voir l’article complet sous:

http://www.energie2012.com/?p=732

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