Fin de campagne de Sarkozy : la liberté de la presse en cause

Cette fin de campagne présidentielle est nauséabonde. Pas seulement parce que le candidat de l’UMP n’hésite pas à reprendre ouvertement à son compte des mots, des idées et des propositions du Front National, mais également parce que son attitude et celle de ses amis commence à écorner sérieusement un principe fondamental de notre démocratie, celui de la liberté de la presse. Ze Redac Par Beaumarchais 4 mai 2012 

Des faits graves se sont en effet produits ces derniers jours, qui additionnés les uns les autres, nous inquiètent et nous rendent solidaires de nos confrères mis en cause ou qui ne peuvent pas exercer leur métier dans de bonnes conditions.

Nicolas Sarkozy a interrompu, ce vendredi midi, son dernier discours de campagne aux Sables d’Olonne pour s’en prendre à un journaliste de TF1 qui lui tournait le dos pendant son duplex avec le JT de Jean-Pierre Pernaut. Une dernier discours de campagne marqué par de nombreuses charges contres les « observateurs ». Comprendre les journalistes..

Le journal en ligne Mediapart qui enquête sur plusieurs affaires mettant en cause le financement des campagnes présidentielles de 2007 et de 1995, a été violemment accusé par les actuels président de la République et premier ministre et par pléthore de ministres et de responsable de l’UMP, d’être une « officine financée par le parti socialiste ». Cet organe de presse est constitué de journalistes professionnels qui sont majoritairement détenteurs du capital de leur journal. Edwy Plenel, son directeur, a révélé, lorsqu’il était journaliste au Monde, l’affaire des des écoutes téléphoniques de l’Elysée sous François Mitterrand.

Le journal Le Figaro dont on connaît les liens quasi-fusionnels avec le pouvoir sarkozyste, a, dans son édition de ce matin, totalement caviardé l’information du vote personnel de François Bayrou pour François Hollande alors que toute la presse française en a fait ses titres. Le Figaro s’est contenté d’un article qui aurait pu paraître dans le journal de la veille et dans lequel il s’interrogeait sur le choix qu’allait faire le leader du MODEM. Sans doute Serge Dassault, sénateur UMP et propriétaire du titre, et Etienne Mougeotte, militant sarkozyste et directeur du Figaro, n’ont-ils pas voulu désespérer leur lectorat et l’électorat de Nicolas Sarkozy.

Une du Figaro de ce vendredi

Mais le plus grave, ce sont les charges perpétuelles, depuis deux semaines, lancées par Nicolas Sarkozy contre la presse accusée de faire partie du « système politico-médiatique » mis en place pour obtenir sa chute. Jamais un homme politique de ce niveau ne s’était permis une telle violence verbale à l’égard des médias transformés en bouc-émissaires, au point qu’elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux diatribes de Jean-Marie Le Pen. Aujourd’hui, aux Sables d’Olonne, il est allé plus loin encore en dénonçant de la part de la presse « une forme de racisme et d’intolérance » à son endroit. Il a même pris publiquement à partie un journaliste de TF1.

Le résultat ne s’est pas fait attendre.

Les militants UMP chauffés à blanc se sont mis à huer les journalistes depuis quelques jours à chaque meeting et à l’occasion des déplacements sur le terrain.

Les journalistes de BFM TV, Ruth Elkrief et Thierry Arnaud ont été sifflés hier lors du meeting de Toulo par des sympathisants de Nicolas Sarkozy et ont été victimes d’un jet de bouteilles d’eau pendant un direct, ce qui a obligé la chaîne à interrompre la retransmission et à demander très officiellement au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel d’exiger le respect de la liberté des journalistes à faire leur métier. Et le 1er Mai, et la journaliste Marine Turchi de MediaPart a été agressée lors du meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro et a dû porter plainte contre les militants UMP. Au cours de ce même meeting, une autre journaliste, Geneviève de Cazaux, ex-TF1… et ex candidate UMP aux législatives de 2002 a aussi été malmenée comme le relate Télérama ici.

On savait l’UMP prête à tout pour conserver le pouvoir. On savait que cette campagne serait probablement la plus heurtée de toutes les campagnes présidentielles. Mais on n’imaginait pas que Nicolas Sarkozy et son clan iraient jusqu’à remettre en cause la liberté de la presse.

Il est temps que cela se termine… et que cela change !

http://zeredac.com/2012/05/04/fin-de-campagne-de-sarkozy-la-liberte-de-la-presse-en-cause/

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