Le Parti communiste français (PCF) a ouvert le premier le feu. Pierre Laurent, secrétaire national du parti, a expliqué, dimanche 18 mars sur Radio France politique, que le succès du rassemblement du Front de gauche à la Bastille comme la montée du candidat Jean-Luc Mélenchon dans les sondages a « changé le paysage politique à gauche » et qu’il « ne sera pas celui prévu par certains au moment de l’accord Verts-PS ». « C’est une journée qui va modifier le centre de gravité de la campagne », a fait valoir le numéro un communiste. « Donc, évidemment, si quelqu’un veut gouverner à gauche, quel qu’il soit, il devra compter avec le Front de gauche », a-t-il insisté. Par Sylvia Zappi Le Monde.fr 19.03.2012
Aux yeux des responsables du Front de gauche qui veulent « obliger François Hollande à bouger », le succès de la campagne de Jean-Luc Mélenchon change la donne. Avec un candidat crédité de 11 % des intentions de vote, le candidat socialiste ne peut plus ignorer son aile gauche. « Les lignes ont bougé. Nous allons entrer dans une nouvelle période pour tout le monde », a ainsi jugé M. Laurent.
« POSER LA QUESTION DE LA MAJORITÉ POLITIQUE »
Interrogé sur ce que ferait le Front de gauche si M. Mélenchon dépasse les 10 % des voix, l’alter ego du candidat a précisé : « Si nous sommes en situation de faire peser nos choix dans une majorité demain, nous n’allons pas nous en plaindre ». La stratégie des semaines à venir est toute tracée : continuer à peser à gauche.« Nous couplons la campagne législative avec la présidentielle car nous voulonsposer la question de la majorité politique », a expliqué M. Laurent. Il y a bien des contacts avec les socialistes, a-t-il reconnu mais les deux candidats sont « en compétition électorale ».
Alors parler d’un éventuel accord avec le PS est prématuré. Mais pas tabou. Pierre Laurent a soutenu que le Front de gauche « appréciera la situation » après le premier tour : « Il y aura un nouveau paysage politique après les législatives. Nous apprécierons ce qui a bougé dans l’engagement des socialistes (…) Est-ce que le PS va enfin tenir compte de ce qui se passe avec le Front de gauche ? ». Le numéro un du PCF a renouvelé cet appel lundi sur I-Télé lundi matin. « Il faut que François Hollande prenne des engagements clairs sur les questions de l’emploi, de la finance, des services publics », a-t-il insisté.
INQUIÉTUDE DES ÉCOLOGISTES
Si la balle est désormais renvoyée au camp socialiste, elle n’a pas manqué defaire réagir les écologistes. La remise en cause de la légitimité de l’accord de mandature passé en novembre entre Cécile Duflot et Martine Aubry n’a pas échappé aux dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts qui sont montés au créneau. Cécile Duflot avait commencé dès dimanche soir à railler Jean-Luc Mélenchon, qui « fait de la politique avec un rétroviseur ».
A ses yeux, la question écologique est « un peu plaquée » dans le discours du candidat du Front de gauche. Jean-Vincent Placé a pris le relais sur RCJ :« Très sincèrement, je n’ai pas l’impression que ce soit un vote très utile pour ces cinq prochaines années, pour les politiques publiques que la gauche doit mener », a taclé le sénateur.
Au-delà du score de M. Mélenchon, en contraste avec le faible écho d’Eva Joly, c’est l’appétit qu’il peut ouvrir chez les amis de l’eurodéputé qui inquiète les écologistes. Noël Mamère a ainsi reconnu lundi sur France Info avoir « des motifs d’inquiétude car cet accord risque d’être fragilisé par le score qu’on nous annonce à la présidentielle et les amis de Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent risquent de faire monter les enchères ». »Je comprends que Pierre Laurent et ses amis du Front de gauche soient saisis par le vertige des cimes et veuillent remettre en cause l’accord que nous avons passé mais je pense qu’il y a de la place pour tout le monde dans la future majorité », a affirmé le député de Gironde.
Pour le moment, M. Mélenchon continue marteler qu’il n’irait dans aucun autre gouvernement que « celui qu’il gouvernerait lui même ». Et le PCF s’en tient àinterpeller le candidat PS sur sa gauche. Mais son numéro un s’est plu à imaginerles résultat d’une influence gandissante du candidat du Front de gauche: « si grâce à ce que nous faisons, les autres candidats de gauche entendent que les gens demandent des engagements clairs, si tous les candidats s’y mettent, les Verts, le PS à côté de nous, ce sera une très grande victoire de la gauche ».
Sylvia Zappi