Des zones bien contaminées à 250 km de Fukushima

ÉCRIT PAR YVES HEUILLARD  LE 01 OCTOBRE 2011
Distance de Fukushima à Chiba dans la banlieue de Tokyo

Le quotidien japonais Asahi Shimbun révèle aujourd’hui que des niveaux élevés de dépôts radioactifs de césium ont été mesurés dans les zones des préfectures de Chiba et de Saitama. Les deux préfectures touchent la municipalité de Tokyo et s’étendent entre 200 et 250 kilomètres des ruines de la centrale nucléaire de Fukushima. Les mesures ont été faites entre le 8 et le 12 septembre derniers. [Photo réalisée avec Google Earth]

À Chiba des niveaux de 30 000 à 60 000 becquerels par mètre carré ont été mesurés. Dans les zones montagneuses de la préfecture de Saitama, à 250 km de Fukushima, des mesures ont révélé des niveaux identiques de contamination.

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Le quotidien japonais rappelle qu’après l’accident nucléaire de Tchernobyl, en 1986, les zones présentant un taux de radioactivité de plus de 37 000 becquerels avaient été déclarées zones contaminées, et que les zones supérieures à 550 000 becquerels avaient fait l’objet d’une évacuation forcée.

Dans les zones de Shiba et de Saitama, les niveaux de radiation les plus élevées induisent chez l’homme une exposition à la radioactivité de 0,2 à 0,5 microsievert par heure, soit une exposition maximale de plus de 4 mSv par an. Pour fixer les idées, en France, la dose maximale de rayonnement artificielle pour le grand public est de 1 mSV par an et 20 mSV pour les travailleurs du nucléaire.

Mais la conversion des mesures de la radioactivité du césium faites au niveau du sol (souvent par hélicoptère) en doses reçues par les japonais ne tient pas compte des émissions des autres éléments radioactifs déposés (dont des émetteurs alpha, difficiles à détecter). Mais surtout elle ne tient pas compte du fait que les habitants ne font pas que subir le rayonnement du sol : ils boivent de l’eau, respirent l’air, mangent des légumes, qui sont eux-mêmes contaminés, et dont il résulte forcément une contamination interne du corps, autrement plus dangereuse que la contamination externe.

Manipulation de l’opinion publique

Cette actualité fait suite à deux autres révélations. La première concerne la mise en cause de l’Agence de sûreté nucléaire japonaise (Nuclear and Industrial Safety Agency) accusée d’avoir manipulé l’opinion publique avec la complicité de l’industrie nucléaire. Les employés de l’industrie nucléaire étaient envoyés dans les réunions d’enquêtes publiques pour manifester leur opinion favorable au nucléaire (Source Wall Street Journal)

La deuxième révélation, reprise dans les médias français hier, concerne des traces de plutonium découvertes jusqu’à une distance 45 km. Le plutonium est un élément radioactif éminemment dangereux, dont vous pouvez tenir quelques centaines de grammes dans le creux de la main avec un bonne paires de gants, mais dont une seule petite poussière inhalée peut suffire à provoquer un cancer après plusieurs années ou plusieurs dizaines d’années. Pour en savoir plus notre lecteur peut se reporter à notre article sur la radioactivité expliquée pour tous.  

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