VIDEO. Affaire Greenpeace : Alice au pays des centrales

Alice, militante Greenpeace qui faisait partie du comando de Nogent-sur-Seine, raconte l’aventure.De son aveu même, l’attente a été longue. Après cinq heures tapie dans son bosquet entre les deux bâtiments réacteurs, l’humidité commençait à gagner. Alice, 31 ans, infirmière dans le civil, fait partie des neuf militants Greenpeace interpellés après s’être introduits sur le site de la centrale de Nogent-sur-Seine (Aube) le 5 décembre dernier. Elle est aussi de ceux, avec un certain Philippe, qui y ont passé le plus de temps. Depuis ce matin, elle fait la tournée des télés. Créé le 07-12-2011 Morgane Bertrand – Le Nouvel Observateur 

Ce qu’on pense dans ces moments d’attente ? Ce qu’on espère ? Ce qu’on craint ? Elle raconte. Le froid. Le noir. Les bruits. « J’ai entendu des voitures passer à vive allure, et le GIGN qui disait : ‘Il faut les choper, ils sont où’ ? ». Puis peu à peu, schéma classique de l’attente, l’inquiétude pointe. Oh, pas pour elle. Pour la cause : « On se doutait qu’il y avait de grosses failles dans les centrales mais être interpellés si longtemps après, c’est inquiétant. On aurait pu faire n’importe quoi ». Alice a adopté la langue (de bois?) militante. Ne fait qu’une avec son « combat citoyen », qu’elle brandit à chaque fois qu’on voudrait l’entendre dire « je ».Les détails de l’entrée sur le site, la part de préparation et la part d’improvisation, la répartition des rôles… Nous ne le saurons pas non plus. Avant le jugement prévu le 20 janvier 2012, on n’est jamais trop prudent. « Nous avons passé les clôtures », visiblement non électrifiées puisque « nous n’avons pas reçu de décharge. Ca nous a pris moins de 15 minutes avant d’arriver au réacteur ». Et c’était « facile ». Peut-être, comme le laisse entendre EDF, grâce au mot « Greenpeace » inscrit sur sa combinaison rouge ? Avis aux terroristes.

Grande plante aux cheveux courts, la bénévole Greenpeace « depuis trois ou quatre ans » a posé des jours de congé pour faire l’opération. Mais prévenu personne. Ni ses parents, « pas engagés mais sensibles à ces questions ». Ni son employeur, dont elle ignore aujourd’hui comment il réagira à l’apparition de son casier judiciaire. « Le danger nucléaire vaut bien un casier judicaire », estime-t-elle. Et la prison ? « Un peu cher payé pour un audit gratuit de la sécurité des centrales ». On ne change pas une militante.

Morgane Bertrand – Le Nouvel Observateur

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