En 2010, 54% de la production d’énergie éolienne et 51% de la production d’énergie solaire en Allemagne étaient le fruit des communautés
On le sait, l’Allemagne est une référence en matière d’énergies renouvelables. Prévue pour 2022, sa sortie définitive du nucléaire s’accompagnera certes de la construction de nouvelles centrales au charbon et au gaz mais aussi – surtout – d’une nouvelle impulsion en faveur des technologies vertes, sachant que le cap de 20% de production énergétique à partir de ces sources a déjà été franchi en septembre dernier. Une prouesse qui, si l’on en croit Paul Gipe, analyste américain spécialisé dans l’industrie de l’énergie éolienne, s’explique en grande partie par le fait que les énergies propres sont largement démocratisées de l’autre côté du Rhin.
Plus de la moitié de la production serait même détenue par les citoyens allemands d’après l’Agence des énergies renouvelables du pays. 40% des 53 000 mégawatts (MW) d’énergies renouvelables produits « appartenaient » ainsi aux particuliers et 11% aux agriculteurs en 2010, soit grosso modo 100 milliards de dollars (environ 78 milliards d’euros) d’investissements privés selon M. Gipe. 54% de l’énergie éolienne et 51% de l’énergie solaire étaient par ailleurs d’appartenance dite « communautaire » chez nos voisins.
Dans un article publié sur son site Wind-Works.org, M. Gipe souligne également qu’à eux seuls les agriculteurs allemands détenaient pour pas moins de 1 600 MW d’installations de biogaz et 3 600 MW d’énergie solaire en 2010. A titre de comparaison, il précise que la même année aux Etats-Unis, les installations de biogaz ne s’élevaient qu’à 60 MW et celles du secteur photovoltaïque à 2 200 MW.
Et de considérer qu’un tel principe d’appartenance communautaire est indispensable pour changer les mentalités quant à la poursuite de programmes d’énergies renouvelables. Il cite notamment Stefan Gsänger, directeur de la World Wind Energy Association, selon lequel, « si l’on veut atteindre les 100 % d’énergies renouvelables, on doit s’assurer que les communautés locales bénéficient de leur développement et soutiennent les projets établis près de chez elles ». « Les modèles d’appartenance communautaire ou citoyenne ont fait preuve de performances records dans l’atteinte de cet objectif », ajoute M. Gsänger, dont les assertions ont été corroborées par un sondage effectué pour le journal scientifiqueEnergy Policy fin 2010 dans deux villes allemandes abritant un parc éolien, privé pour l’une et appartenant à la communauté pour l’autre. 60% des personnes interrogées dans la première étaient en effet contre tout autre projet d’énergie éolienne, 21% se disaient « neutres » et seulement 16% y étaient favorables. Dans la seconde, 45% des sondés souhaitaient la poursuite du développement de ce secteur, 41% des sondés étaient « neutres » sur la question et seulement 12% y étaient opposés. Tout est dit…