Pour le Japon, l’hydrogène, c’est l’avenir. Promu par le premier ministre, Shinzo Abe, qui veut faire de l’Archipel « une société de l’hydrogène », ce gaz occupe une place croissante, notamment dans l’automobile. Les constructeurs Toyota et Honda ont commercialisé en 2014 et 2016 la Mirai et la Clarity, des véhicules dont la pile à combustible et donc à hydrogène alimente un moteur électrique. LE MONDE ECONOMIE | Par Philippe Mesmer (Tokyo, correspondance)
En mars, le ministère nippon de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) a fixé un objectif de 40 000 de ces véhicules en circulation d’ici à 2020, contre 500 aujourd’hui. Il veut aussi doubler le nombre de stations de rechargement, actuellement de 80. A l’horizon 2030, estiment les autorités, 800 000 véhicules à pile à combustible pourraient circuler au Japon.
Pour y parvenir, il compte beaucoup sur l’effet Jeux olympiques. Installé sur la baie de Tokyo, le village des Jeux de 2020 fonctionnera totalement à l’hydrogène. La capitale a créé un fonds doté de 40 milliards de yens pour financer les infrastructures nécessaires, notamment les stations de rechargement dont le coût unitaire atteint 500 millions de yens (4,4 millions d’euros).
Plusieurs raisons expliquent l’intérêt du Japon pour l’hydrogène, à commencer par la question énergétique dans un pays pauvre en ressources.
Sur le plan industriel, le développement de véhicules à piles à combustible traduit une réserve de constructeurs comme Toyota vis-à-vis des modèles électriques à batterie, en raison des temps de rechargement et du manque d’autonomie. Les véhicules à hydrogène peuvent rouler 650 km et être rechargés en trois minutes.
Coûts
Pour l’environnement, Toyota, déjà pionnier sur les modèles hybrides, a annoncé en octobre 2015 sa volonté de réduire de 90 % d’ici à 2050, par rapport à 2010, les émissions polluantes de ses véhicules. Ceux à pile à combustible n’émettent que de l’eau.
Autre avantage plus spécifique au Japon, l’utilité de ces modèles en cas de catastrophe naturelle. Couplé avec un onduleur, un seul véhicule peut alimenter un foyer moyen pendant sept jours. Un point important depuis le séisme de mars 2011 qui avait provoqué de massives coupures d’électricité.
L’enthousiasme nippon est à nuancer, notamment parce que l’hydrogène est aujourd’hui produit essentiellement à partir d’énergies fossiles. Dans un premier temps, le Japon prévoit d’en importer d’Australie, où il serait produit à partir de charbon. L’électrolyse de l’eau à partir d’énergies renouvelables est une option qui reste onéreuse car elle nécessite l’usage de platine, un métal rare.
Le développement des véhicules à hydrogène se heurte toujours à la question des coûts. Les Mirai et Clarity se vendent à plus de 6 millions de yens (53 000 euros) l’unité, ce qui oblige le gouvernement à subventionner leur acquisition. Tokyo estime cependant que le coût des piles à combustible pourrait être divisé par deux d’ici à 2020.
Les constructeurs comptent également sur les développements à l’international. Certains pays comme le Danemark et l’Allemagne développent leurs réseaux de stations de rechargement.
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