La direction du groupe a-t-elle dissimulé ses difficultés financières à ses propres salariés ? Une enquête préliminaire est ouverte. Par LE POINT.FR
Les nuages continuent de s’amonceler au-dessus d’Areva. La groupe français, spécialisé dans le nucléaire, traverse depuis plusieurs années une mauvaise passe. L’entreprise fait l’objet d’un lourd plan social. Elle doit être démantelée en trois entités distinctes. Une information judiciaire a, par ailleurs, été ouverte l’an dernier pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles Areva a acheté l’entreprise canadienne d’exploration minière Uramin en 2007…
Le Parisien révèle aujourd’hui qu’une nouvelle enquête est en cours pour savoir si la direction du groupe a maquillé des données financières et ainsi dissimulé sa santé chancelante au moment même où elle poussait ses salariés à acquérir des actions en Bourse de l’entreprise. Le parquet national financier a ouvert avant l’été une enquête préliminaire, à la suite d’une plainte déposée fin 2015 par des syndicats de salariés du groupe pour « délit de fausse information et tromperie ». La CFE-CGC, à l’origine de la plainte, soupçonne la direction d’Areva d’avoir « embelli les comptes de l’entreprise en 2013 » afin d’assurer le succès du fonds commun de placement maison lancé à ce moment-là. Et ce alors même que la situation catastrophique de l’entreprise était connue en haut lieu bien avant.
Des salariés ruinés
À l’époque, près de 15 000 personnes (un peu moins d’un tiers des effectifs) avaient investi au total 29 millions d’euros, dans l’espoir de réaliser une plus-value financière mais aussi d’accompagner le développement de leur société. Acquises 11,77 € en juin 2013, les actions Areva s’étaient effondrées peu après. Après avoir atteint les 3 euros début 2016, elles ne valent plus que la moitié du prix de vente (6,50 € environ), aujourd’hui. Selon l’avocat Cyril Cambon, qui centralise les plaintes, près de 300 salariés, anciens salariés ou retraités d’Areva se seraient joints à la procédure pour savoir si la direction a agi sciemment et les a, en conséquence, roulés dans la farine.
La direction a fait savoir que « face à la situation actuelle d’Areva, qui impacte le cours de l’action du groupe, nous comprenons que certains salariés actionnaires expriment leur déception. Néanmoins, Areva s’est toujours conformé aux obligations légales en termes de communication financière. Par ailleurs, lors de la période de souscription au plan d’actionnariat salarié en 2013, les salariés ont été informés qu’il existait un risque de perte en capital inhérent à tout achat et à la détention d’actions. » Le parquet financier doit statuer dans les prochains jours pour déterminer s’il renvoie l’affaire en correctionnelle ou classe le dossier sans suite.