A première vue, les pédiatres n’ont pas de raisons particulières de s’intéresser au nucléaire !
Ils ne sont pas plus écolos que d’autres ! On comprend qu’ils s’intéressent aux vaccins, aux accidents domestiques, à l’obésité, au développement psychomoteur des enfants. Mais le nucléaire ? Existerait-il une relation entre le nucléaire et les enfants ? A première vue, non ! Blog Mediapart PAR PHILIPS MICHEL 04 SEPTEMBRE 2014
Le pédiatre ne suit pas son patient durant toute la vie. Il ne l’accompagne que durant la toute première étape de son existence. Au bout d’un temps, souvent assez court, très court même (5-6 ans), son petit client lui échappe ! L’enfant poursuit sa route sans lui !
Alors, ce qui motive le pédiatre, c’est de faire en sorte que, au terme de ce délai très court, l’enfant dispose des meilleurs atouts pour devenir un adulte en bonne santé, un adulte bien dans sa tête. Un adulte heureux.
Or il se fait que, aujourd’hui, de plus en plus souvent, les pédiatres reçoivent des informations comme quoi, dans le monde, non seulement la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour les jeunes patients mais, au delà, des enfants arrivent au monde porteurs d’un handicap. Ou, dans certaines circonstances, des enfants qui allaient bien, deviennent malades. Parfois gravement : cancer de la thyroïde, troubles hormonaux, etc.
Des enfants, dans certains lieux, naissent prématurément. Ou malformés. Parfois il s’agit d’anomalies génétiques mais souvent ces enfants ne se sont pas développés normalement dans le ventre de leur mère.
D’autres développent des maladies que l’on ne rencontrait que très rarement auparavant.
Certains développent des pathologies habituellement rencontrées chez des adultes. De la cataracte, par exemple.
Parfois, leurs moyens de défense (immunité) sont diminués, ils sont fragiles, trop souvent malades.
Alors, des pédiatres se posent des questions.
Des parents se posent également des questions. Des mères s’interrogent : « Après ce que nous avons connu, oserai-je encourager ma fille à devenir mère ? ».
En cherchant un peu, des pédiatres constatent l’existence d’une relation entre le nucléaire et certains troubles sanitaires de l’enfant. Et chaque année, de plus en plus.
Des pédiatres constatent : santé des enfants, environnement et nucléaire sont liés.
Parfois il s’agit des effets d’un nuage radioactif venu de très loin. Les cas d’hypothyroïdie chez les nouveaux-nés de Californie ont augmenté après Fukushima.
Parfois des enfants sont les victimes, avec leurs parents, d’un accident nucléaire. Ils survivent… mais ne sont plus « comme avant ».
Devant ces problèmes, que l’on est bien en mal de soigner ou de guérir, des pédiatres se posent la question de « que faire ? ».
Comment faire en sorte que les enfants arrivent à l’âge adulte sans rencontrer ces troubles de santé ? A défaut de soigner, ne pourrait-on pas au moins prévenir ?
La prévention, c’est la meilleure des armes pour assurer une bonne santé, la meilleure des façons pour assurer le meilleur avenir possible aux enfants.
Alors, faute de pouvoir agir sur la santé de ceux qui ont subi ces accidents, ces médecins choisissent de se battre sur ce terrain de la prévention.
Ils s’engagent et se battent pour « les générations futures », les générations des plus sensibles, les enfants à naitre, les femmes qui les portent, les petites filles qui deviendront un jour des femmes et qui voudront, peut-être, devenir mères à leur tour.
C’est ainsi que, de pédiatre, des médecins deviennent des partisans d’un abandon du nucléaire.
Ces pédiatres considèrent que Radioactivité et Enfance ne font pas bon ménage. Pour eux, la radioactivité comporte des risques que les humains ne savent pas suffisamment maitriser pour continuer à en défendre l’usage.
Pour eux, les désavantages du nucléaire ne justifient pas que l’on continue à s’en servir.
On le voit, la prise de position de certains pédiatres contre le nucléaire est le résultat d’une réflexion. Le résultat d’un questionnement, pas le résultat d’un choix écologique de simple citoyen. Une manière de mettre en accord une éthique professionnelle et une réflexion scientifique.
4 Pédiatres au moins, au niveau mondial, se battent pour dénoncer les risques que le nucléaire fait courir à la santé des enfants.
La plus connue est sans doute Helen Caldicott.
La seconde est aussi une femme, pédiatre et cardiologue. Elle se nomme Galina Bandajevsky. Elle est ukrainienne.
Le troisième pédiatre est un américain. Il se nomme Wladimir Wertelecki.
Le dernier est allemand. Il se nomme Alex Rosen.
Un mot à leur sujet.
Des médecins veulent obtenir une baisse de la radioactivité
Article par Véronique Gallais PUBLIÉ LE MERCREDI 03 SEPTEMBRE 2014
Les essais de bombes nucléaires contaminent les sols tandis que les accidents nucléaires et les rayons X représentent une menace directe pour notre santé. A l’occasion d’un sommet mondial cette semaine, des médecins ont appelé à davantage de protection et de prise de conscience.
Article de Gero Rueter, publié le 29/08/2014 sur www.dw.de, traduit de l’anglais (V. Gallais), article original : Doctors want to see a drop in radioactivity
Un thème central lors du congrès mondial de l’organisation internationale des médecins pour la prévention contre la guerre nucléaire (IPPNW) : les conséquences des essais nucléaires.
Les participants se sont retrouvés au Kazakhstan pour constater sur place les conséquences à Semipalatinsk, un ancien site d’essais de l’ère soviétique, actif entre 1949 et 1989.
Sur 18 500 mètres carrés, ce sont 472 essais d’explosions nucléaires qui ont eu lieu à Semipalatinsk pendant ces quarante années, dont 129 essais à l’air libre.
Semipalatinsk a été fermé après la chute de l’Union soviétique et ses installations souterraines ont été détruites.
Et le Kazakhstan est devenu un État non nucléaire.
Des proportions mondiales
Depuis 1945, il a eu plus de 2000 essais nucléaires sur le globe.
L’Union soviétique a fait sauter 718 bombes au total, les États Unis 1039, la France 198, la Chine et la Grande Bretagne 45 chacune.
Et, chaque fois, des particules radioactives ont été projetées haut dans le ciel et dispersées sur de grandes distances.
« Tout autour du monde, on peut trouver des traces de césium 137 dans des échantillons de sol et dans l’alimentation », d’après le pédiatre Dr Alex Rosen.
Des scientifiques sur l’ancien site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, encore contaminé.
Rosen est vice président de la section allemande de l’IPPNW et était présent au Kazakhastan.
Il dit que les niveaux de cesium 137 sont inférieurs aux seuils autorisés par la Loi.
« Mais », selon Rosen, « il faut dire aussi que toute dose de radioactivité peut induire des risques élevés et que, statistiquement, des centaines de milliers de personnes sont mortes prématurément à cause de telles doses ».
L’extraction d’uranium est un risque sanitaire
L’IPPNW – qui a reçu le Prix Nobel pour ses travaux en 1985 – dit que le monde est de plus en plus contaminé. En plus de la contamination du fait des essais nucléaires, l’irradiation fait aussi partie de notre quotidien, dans la vie civile.
L’extraction d’uranium représente un risque sanitaire important.
Entre 1946 et 1990, les mines d’uranium dans l’ancienne Allemagne de l’est étaient les plus grandes dans le monde. D’’après l’Office fédéral de radioprotection, un mineur sur huit en est mort.
Il étaient 7000 au total, et nombreux sont ceux qui sont morts d’un cancer.
Dans les mines d’uranium entre 1946 et 1990, un mineur sur huit est mort.
Les accidents nucléaires sont aussi un risque sanitaire.
D’après l’IPPNW, des dizaines de milliers de personnes sont mortes de cancer après les accidents avec fusion de cœur de réacteur à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2011.
Il y a eu aussi les accidents dans des complexes nucléaires, comme Tomsk7 et Majak à l’ère soviétique ; il y a eu 38 accidents sur les deux sites, avec pour conséquence une contamination à grande échelle.
Mais on ne dispose d’aucun chiffre précis sur les effets sanitaires au niveau mondial.
Selon Rosen, « Le cancer ne porte pas de marque de fabrique et on n’a pas d’autre choix que de recourir à des estimations».
L’IPPNW publiera cette année une étude actualisée, suggérant que les morts dues au recours à la technologie atomique « se comptent par millions » au cours des décennies passées.
Une course contre le temps
La conscience des risques sanitaires liés à la technologie atomique est en train d’augmenter. Des études récentes ont permis d’étayer cette théorie.
Une de ces études, réalisée pour l’Office fédéral allemand de radioprotection, suggère que les enfants vivant près de centrales nucléaires risquent davantage de développer des cancers ou leucémies, même en l’absence d’accident.
Rosen estime que le démantèlement de ses centrales nucléaires par le Japon après Fukushima et l’arrêt programmé du nucléaire en Allemagne indiquent que le monde se détache lentement du nucléaire.
Le pédiatre Dr Alex Rosen souhaite la baisse des niveaux de radioactivité.
Il met cependant en garde sur le fait que « c’est une course contre le temps – à condition qu’il n’y ait pas de nouvel accident ».
Il poursuit : « Des hackers pourraient manipuler des centrales nucléaires et des généraux fous ou des terroristes pourraient s’emparer d’armes atomiques. »
Et c’est sans mentionner le problème des déchets nucléaires, qui doivent être stockés en sécurité pour des millions d’années.
L’IPPNW appelle à un désarmement rapide et à la poursuite de l’abandon du nucléaire.
Mais l’IPPNW déclare aussi qu’il faut absolument informer davantage le public.
Selon Rosen, « Il faut dire aux gens : Evitez les rayons X pour vos enfants sauf absolue nécessité, ne mangez pas tel produit de telle région et ne vous installez pas à proximité d’une centrale nucléaire. »
Informations liées à cet article
Site (en français) de l’Organisation internationale des médecins pour la prévention contre la guerre nucléaire (IPPNW)
Des pédiatres dénoncent le nucléaire : pourquoi ?, Philips Michel, 04/09/2014
A première vue, les pédiatres n’ont pas de raisons particulières de s’intéresser au nucléaire !
Ils ne sont pas plus écolos que d’autres ! On comprend qu’ils s’intéressent aux vaccins, aux accidents domestiques, à l’obésité, au développement psychomoteur des enfants. Mais le nucléaire ? Existerait-il une relation entre le nucléaire et les enfants ? A première vue, non ! (…)
Ces 4 pédiatres ont en commun la passion de leur métier. Ils aiment les enfants.
Pour eux, s’opposer au nucléaire est la meilleure façon de défendre les enfants, une autre manière de se battre en faveur de l’avenir de nos enfants, en faveur de notre propre avenir.
Tant il est indéniable que le nucléaire, dans ses utilisations énergétiques et/ou guerrières, est incompatible avec un avenir humanitaire de qualité.
Voir aussi:
http://leblogdejeudi.fr/leucemies-de-la-hague-retour-letude-du-pr-viel-1995/